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Dispositifs anti-SDF : couvrez cette pauvreté que je ne saurais voir

Au début des vacances, des particuliers ont pris l’initiative d’installer, à côté de la voie publique, devant leur immeuble de la rue Lebeau, près des Terrasses, une espèce de sculpture faite de blocs en pierre. Derrière un aspect anodin, l’usage de cet assemblage est clairement assumé : il ne vise ni plus ni moins qu’à chasser les sans-abris, qui tenteraient d’y passer la nuit.

Depuis des années, les habitants de Liège se sont maintenant habitués à constater que, une fois la nuit tombée, beaucoup de rues du centre-ville se chargent de sans-domicile fixe, à la recherche d’un espace suffisament large devant des immeubles ou d’une allée de garage pour y dormir au sec sur des cartons et couvertures de fortune. C’est un phénomène relativement nouveau que nous ne connaissions pas auparavant, et que la Ville de Liège, embêtée, semble vouloir esquiver, sans prendre réellement ses responsabilités.

En effet, le groupe PTB n’a pas oublié le scandale, l’année passée, du mur place des Carmes, ni le détachement avec lequel le Collège a dû interrompre puis détruire ce « mur de la honte ».  Toutefois, Liège ne semble pas avoir beaucoup progressé depuis lors en matière d’action sociale envers ce public précarisé, si ce n’est en s’assurant que ces sans-abris puissent être le moins possible visibles des touristes. Nous ne saurions nous en tenir à feindre une fausse empathie envers les sans-logis, si rien n’est fait dans la réalité pour les aider. Pour détourner le Tartuffe de Molière, nous pourrions dire : « couvrez cette pauvreté que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées ».

Enfin, le groupe PTB craint que Liège ne continue à manquer de places d’accueil, actuellement de l’ordre de 69 si je ne m’abuse : nous n’avons pas oublié l’hiver 2013 où les abris de nuit ont été tellement saturés que la Ville dût payer jusqu’à 282 chambres d’hôtel au Campanile pour pouvoir pallier l’importante demande.

Mes questions iront donc dans deux sens :

  1. combien de places d’accueil  la Ville de Liège s’est-elle précisement dotée en 2016 ?
  2. la Ville peut-elle s’engager à l’avenir à exclure et empêcher toute tentative malheureuse d’installation de mobilier urbain anti-SDF, comme nous avons pu le déplorer récemment ? Liège n’est pas la seule ville à se doter de ce type d’installations ridicules : il y eut par exemple la mairie d’Augoulême qui avait engrillagé des bancs de son centre-ville.

Liège a toujours été terre d’accueil, ouverte et tolérante, nous sommes convaincus que la Ville saura se montrer humaine à l’écart de ses habitants les plus vulnérables. 

 

Sophie LECRON

Pour le groupe PTB+