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Sept raisons pour continuer à refuser le plan d’économies

Sept raisons pour continuer à refuser le plan d’économies

7 raisons pour continuer à refuser le plan d'austérité

La direction de l’hôpital a déposé la dernière version de son plan d’économie le 28 février. Elle dit qu’elle ne changera plus d’avis. Mais la résistance du personnel depuis deux mois l’a déjà fait reculer. Alors, faut-il limiter la casse ou continuer à ne rien lâcher ? Le personnel a la possibilité de voter jusqu’au 12 mars. Et les raisons de refuser les économies n’ont pas changé.

Par Alice Bernard 

Faire le même travail pour moins d’argent

Beaucoup ont fait leurs comptes, et le constat est là. Tout le monde perdra de l’argent. Ce sont les gens ayant les plus bas revenus ou des contrats précaires qui sont le plus touchés. Quand on calcule les effets du plan sur l’année, même dans la dernière version, certain-e-s perdront près de 1.000 euros. Mais le travail restera le même. Marie-Pierre, infirmière : « Je n’ai pas arrêté aujourd’hui, je suis crevée. J’ai à peine eu 15 min de pause sur ma journée. Nos journées sont lourdes, physiquement et mentalement. Et on voudrait que j’accepte de gagner moins ? »

La charge de travail empêche de bien soigner les patients

« Je n’ai pas choisi ce métier pour faire subir de telles conditions aux patients. On nous met la pression pour faire de la quantité, mais moi je veux pouvoir faire un travail de qualité ! » explique Sabine. On ne remplace pas tous les départs à la pension, dans certains services on fonctionne en permanence avec les normes minimum, le personnel est à bout. Et le bien-être des patients est en danger.

Il y a des réserves

La Belgique compte 91 hôpitaux généraux, qui réalisent ensemble un chiffre d’affaires de 14 milliards d’euros. Un réel problème est que ces hôpitaux sont sous-financés. Il ressort des derniers chiffres de Belfius qu’en 2015, un hôpital sur trois était financièrement dans le rouge. Ce n’est pas le cas de la Citadelle. Les derniers comptes annuels publiés l’indiquent : les réserves se montent à 65 millions d’euros.

La direction ne fait pas d’effort

Christophe, maintenance bâtiment : « La nuit nous avons 7 ouvriers de garde (chauffagiste, plombier, électricien, menuisier,...) qui doivent pouvoir intervenir en cas d’incident, sur les différents sites. Mais il n’y a que trois camionnettes disponibles. Par contre, à la direction, il y a des voitures de fonction à 40.000 euros pour chacun. » Les directeurs affirment céder la partie variable de la prime de fin d’année. Mais avec ce qu’ils gagnent (1 074 818 € pour 8 équivalent temps plein), ils ne verront pas la différence.

Les médecins ne sont presque pas mis à contribution

Dans le plan de la direction, les patients devront payer plus cher les suppléments d’honoraire pour les hospitalisations en chambre particulière. Ce supplément sera versé directement dans la caisse de l’hôpital et pas dans la poche des médecins. Mais au final, les médecins ne perdent rien.

Le monde politique n’écoute pas

Les travailleurs du CHR présents au conseil communal de Liège le 26 février n’en ont pas cru leurs oreilles. La majorité PS-CDH dans laquelle siège Marie-Claire Lambert (PS) présidente du CHR Citadelle, a refusé la motion de soutien aux travailleurs présentée par Sophie Lecron (PTB). « Madame vous devez comprendre que nous devons rentrer dans nos chiffres" ont dit Benoît Drèze (CdH) et Julie Fernandez (PS), conseillers communaux et administrateurs à la Citadelle. « Et moi, comment je rentre dans les miens si vous me faites perdre 1000 euros par an ? » Les interpellations au conseil provincial et au conseil d’administration ont subi le même sort. Les politiques, qui sont quand même très embarrassés par la présence du personnel, n’écoutent pas et valident le plan d’économies.

Mais pourquoi tous ces politiques refusent-ils d’entendre ce que disent les 3.000 travailleurs du CHR ?

Parce qu’ils ont accepté la logique de rentabilité et de rationalisation des hôpitaux voulue par la libérale Maggie de Block (et avant elle la socialiste Laurette Onkelinx). Maggie De Block veut faire collaborer les hôpitaux dans le cadre de 25 grands réseaux. Comme le budget pour tous les hôpitaux est dans une enveloppe fermée, chaque hôpital est sous pression et entre en concurrence avec les autres pour augmenter le nombre de prestations. Car l'hôpital qui a le plus d'hospitalisations et effectue le plus d'examens obtient la plus grosse part du gâteau. Au CHR, on entend dire que certains services passeraient sous la bannière du CHU, mais sans savoir si les conditions de salaires et de travail seront meilleures pour le personnel.

Notre santé, notre bien le plus précieux.

En soi, la collaboration est bien sûr positive, mais il faudrait l’organiser en fonction des besoins de la population et pas en fonction d’une logique d’économies.

Le gouvernement devrait identifier ce qui est nécessaire pour que la population ait la meilleure santé possible : combien de personnel, combien de lits, quels services à domicile. Et ensuite déterminer combien d’argent il faut pour tout ça. Mais pour ce gouvernement, la sécurité sociale et nos soins de santé sont un ennuyeux poste de dépenses dans lequel on peut tailler pour obtenir l’équilibre budgétaire. Pas d’accord. La santé c’est notre bien le plus précieux. La santé de la population mérite d’autres choix politiques.

Il y a moyen de trouver des marges dans la sécurité sociale tout en maintenant la qualité des soins et sans mettre la pression sur le personnel. La généralisation du modèle kiwi (qui organise des appels publics d’offre à l’échelle nationale pour l’achat de médicaments, de matériel médical, d’appareils d’imagerie médicale et de laboratoire) rapporterait au moins 2 milliards d’euros. On peut également économiser près de 2 milliards d’euros sur les rémunérations faramineuses des spécialistes, en généralisant le système de paiement des hôpitaux universitaires. Enfin, éviter les examens superflus dans les hôpitaux en supprimant le « paiement à la prestation » rapporterait 0,8 milliard d’euros.

Le gouvernement pourrait aussi décider de rétablir la norme de croissance du budget de la santé, en prélevant par exemple une partie des profits des grandes entreprises pharmaceutiques. Mais ça, la ministre et les partis traditionnels refusent d’y toucher. Combien de temps pourront-ils encore persister dans cette voie et continuer à ignorer le mouvement de protestation ?

Ensemble, on peut gagner

Il n’y a pas qu’au CHR qu’on fait des plans d’économies. La suppression des 11 % est à replacer dans le cadre de la mise en réseaux des hôpitaux. Tous les sites seront touchés. L’expérience des travailleurs de la Citadelle pourra aider à élargir la résistance, et à tenir dans la durée. Maggie De Block et les responsables politiques qui appliquent son plan de mise en réseau des hôpitaux ne céderont pas du jour au lendemain. Après le vote du personnel, la direction devra revoir le conseil d’administration puis obtenir l’aval de la tutelle régionale. Ce n’est donc pas terminé. Un « non » massif est le meilleur signal à envoyer pour réaffirmer la détermination du personnel et amener la direction à revoir sa copie. Restons unis et solidaires.