Il y a deux mois, à cette tribune, j’intervenais pour rappeler l'importance de l'exemplarité en politique pour redonner aux gens la confiance qu’ils ont perdu dans la politique. Le scandale #PubliFin n’avait pas encore véritablement éclaté. Mais le kazakhgate et le libéral Armand De Deker comme le voyage à Dubaï du capitaliste liégois et bourgmestre PS, Stéphane Moreau, donnaient déjà un spectacle affligeant de la politique des petits arrangements – arrangements en faveur des plus nantis ou en faveur de son propre portefeuille. Il y a deux mois, vous ne vous êtes pas gênés de me traiter de populiste !
Mais, dites-moi, les apparatchiks de PubliFin et de Nethys, vous n’êtes pas gênés franchement ?
Monsieur Pire, comment vont vos 12 mandats rémunérés ? Vous devriez le rappeler à Pierre-Yves Jeholet. Il semble qu’il n’a pas vu que vous étiez dans la galaxie Publfin/Nethys depuis le début de l’aventure et que vous êtes le champion hors-catégorie du cumul. A moins que, lui aussi, il n’ait pas voulu savoir.
Et vous, monsieur Drion, comment vont vos 9 mandats rémunérés ? Bon, le cdh devra se priver de votre expertise en déontologie après cette démission fracassante de votre unique mandat bénévole. Quel dommage !
Enfin, monsieur Gilles. Monsieur Gilles, comment faites-vous pour continuer à assumer ce système ? Comment ? Ce système dont vous êtes probablement le principal architecte avec votre ami Moreau, le goldenboy du socialisme caviar et capitaliste en chef de Nethys.
Vous êtes à vous trois parmi les meilleurs terreaux qui nourrissent tous les populismes. Alors, s’il vous plaît, évitez-moi dorénavant vos leçons de démocratie. Vous l’avez salie de vos combines et des sommes folles que vous vous êtes distribuées entre amis. C’est une honte !
Alors que fait-on ? Est-ce que les mains sales d’hier peuvent laver plus blanc que blanc aujourd’hui ? Est-ce que ceux qui ont construit le système, chéri, servi et entretenu ce système peuvent aujourd’hui le réinitialiser ? Il est permis d’en douter !
La Province de Liège est actionnaire à plus de 60 % dans le montage #Publfin et dans d’autres intercommunales. Elle reçoit des dividendes annuels de 6 812 463 €. Le collège provincial, s’il est droit dans ses bottes, devrait donc se battre pour une commission d’enquête parlementaire, pour exiger lui-même que toute la transparence soit faite sur le fonctionnement de tout le montage Publifin/Nethys. A moins que vous n’ayez un autre agenda politique, et je m’adresse particulièrement au MR, celui de la privatisation encore plus grande de certaines activités de PubliFin. J’y reviendrai.
Mais avant de parler de l’avenir économique de l’intercommunale, je voudrais avancer un certain nombre de propositions en termes d’éthique politique et de bonne gouvernance. Elles sont au nombre de neuf.
Nous revendiquons avec le PTB :
- la publicité totale des mandats publics et privés (dérivés du public) ainsi que de leurs rémunérations.
- la publicité du patrimoine individuel de chaque mandataire politique. Les citoyens ont le droit de savoir ce que possèdent leurs représentants politiques.
- Un plafond de rémunérations globales – tout compris – qui ne dépasse pas trois fois le salaire moyen d’un travailleur en Belgique
- la fin des émoluments récurrents et l’unique usage des jetons de présence dans les conseils d’administration. Ces jetons doivent correspondre à un calcul de défraiement et non servir à rémunérer la participation à ces conseils. Et bien sûr, comme leur nom l’indique, ces jetons sont bien sûr liés à une présence.
- l’interdiction totale – sans exception – de tout cumul de deux fonctions exécutives, en ce compris dans les intercommunales ou les sociétés anonymes.
- La publicité des réunions de tous les conseils d’administration, en plus de celle déjà prévue par le code de démocratie locale, des assemblées générales.
- Le renforcement du contrôle démocratique des intercommunales en donnant un droit de contrôle aux organisations syndicales comme aux associations de consommateurs sur les comités de direction et les bureaux exécutifs.
- Et enfin, et même si cela demandera des modifications légales plus importantes, l’élection directe des présidents et administrateurs des intercommunales par les habitants concernés par ces sociétés, ces élus devant être également révocables.
La neuvième proposition est surtout un rappel des missions économiques et sociales d’une intercommunale. Avec le rachat du groupe « Vers l’Avenir », nous avions eu un débat à ce conseil sur l’avenir de Tecteo. Avec mon groupe PTB+, nous avions déjà dénoncé la coquille vide qui était déjà en train de se former et qu’allait devenir l’intercommunale PubliFin. Une intercommunale privée de toute décision directe puisque l’ensemble des activités est confié à une société anonyme de droit privé, la SA Nethys. Aujourd’hui, nous pouvons constater ce qu’est devenu cette tentaculaire entreprise qui a absorbée des dizaines de sociétés anonymes. L’objectif de Nethys n’est plus de rendre service à la collectivité mais bien de faire du profit et certains choix posent question. Quel est l’intérêt du rachat des journaux de Benard Tapie dans le sud de la France ? Quelle en est l’utilité pour les liégeois et les liégeoises que sont censées servir nos intercommunales ? Aucune.
Nous sommes pour l’initiative industrielle publique mais pas avec les politiques managériales du privé. Pas avec le musellement des organisations syndicales. Pas avec le choix de priver les pensionnés de l’ex-Tecteo de 1000€ annuels. Pas avec la décision de mettre à l’arrêt les centrales TGV de Seraing et d’Angleur. Pas avec le choix non-concerté de raboter les dividendes versés aux communes. Publifin peut devenir un projet industriel 100 % public s’il recentre sur les missions premières d’une intercommunale : défendre et servir les intérêts des communes et de ses habitants en toute transparence et en dialogue avec elles. L’enrichissement personnel auquel on continue d’assister et la privatisation de plusieurs secteurs sont en totale contradiction avec ce principe.
J’espère donc que vous ne dilapiderez pas cette intercommunale : elle a été construite grâce à l’argent des contribuables et au travail de ses 3000 employés.
Et si aujourd'hui je vais voter contre le point soumis par la majorité, c'est parce que je crains qu'aucune remise en question n'est à attendre de ceux-là même qui ont construit ce système et qui seront encore demain à la manoeuvre. Faire sauter quelques fusibles protège de la surtension mais ne répare pas le système (électrique) défectueux.
Je vous remercie.
Rafik RASSAA, Pour le groupe PTB+