Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les membres du Collège,
Je voudrais commencer par remercier les travailleuses et travailleurs des services qui ont préparé ce budget. C’est un gros travail, merci à eux.
Le groupe PTB votera contre le budget 2026 de la majorité PS-MR-Engagés liégeoise. Pas par posture. Mais parce que ce budget fait des choix clairs et pour nous, ce sont de mauvais choix. Le budget que vous nous présentez aujourd’hui est un budget qui :
• Fait payer les travailleuses et les travailleurs ;
• Diminue les services aux familles ; • met sous pression les travailleurs de la Ville et le service public ;
• Et affaiblit gravement le tissu associatif, culturel et social liégeois.
À travers les documents administratifs, la hausse des coûts représente 1 million d’euros supplémentaires, directement payés par les habitants. Pour une carte d’identité, les liégeois doivent maintenant débourser 39.7 euros contre 25.20 euros avant, la partie communale du prix de cette carte passe de 5.5 euros à 20 euros, vous avez décidé de presque quadrupler les rentrées aux frais des citoyens.
Également à travers la taxe poubelles :
• augmentation de la taxe fixe de 10 et 6 euros → on passe de 165 à 175 € pour les ménages
• diminution du nombre de sacs gris ;
• augmentation du prix des sacs à l’achat via la taxe variable. Résultat : 1,2 million d’euros en plus pris chez les citoyens.
Vous avez aussi prévu d’aller chercher de l’argent dans la poche des Liégeois à travers le stationnement. La Ville va chercher près de 4 millions d’euros supplémentaires, soit une augmentation d’environ 30 %, via l’extension des zones payantes, le stationnement de longue durée et l’intensification des contrôles, qui rapporteront encore 1,5 million d’euros.
Et tout cela, ce sont des taxes sur le quotidien, sur celles et ceux qui travaillent, qui se déplacent, qui vivent à Liège, dans notre ville où l’alternative à la voiture n’est toujours pas effective. Notre mobilité en transports en commun souffre : dans la presse ce matin, on fait état de 700 suppressions de bus par jour, soit près de 15 %, d’après l’étude du collectif COMBALI. Les parkings de délestage restent payants et chers…
Pourtant le MR, un des partenaires de majorité, promettait de ne pas augmenter de taxe pendant la législature.
Et Les Engagés, autre partenaire de majorité, se présentaient comme le parti des familles. Je cite votre programme : « Famille : être aux côtés des familles et simplifier leur quotidien ». Mais à Liège, vous allez rendre la vie des familles encore plus compliquée et plus chère. Cette majorité communale a décidé de rendre les garderies payantes dès la rentrée scolaire 2026. Ce qui a été confirmé par l’échevine et le directeur financier : 400 000 euros dès le premier trimestre, et pour certains parents, plus de 100 euros par an.
Bref, les Liégeoises et les Liégeois passent à la caisse.
On pourrait se dire : si on paie plus, c’est pour avoir de meilleurs services. Mais c’est l’inverse qui se produit.
Votre budget coupe dans la propreté de notre ville, alors que monsieur l’échevin Foret avait promis de rendre notre ville plus propre pendant la campagne électorale. Pourtant, vous prévoyez :
• la suppression de 1 000 poubelles de rue sur 4 200 ;
• la fin de la collecte des encombrants, la dernière tournée étant en cours dans nos quartiers et on voit à quel point ce service est utile aux habitantes et aux habitants.
Donc oui, on augmente ce que l’on prend dans le portefeuille des gens, mais on diminue ce qu’on leur rend comme services.
Ce budget met très clairement les travailleurs de la Ville sous pression.
Avant d’aborder ce point, je voudrais remercier le personnel communal, ouvrier et employé, pour les services qu’il rend à la population, dans des conditions de plus en plus difficiles, et pour la défense de notre service public. Et pourtant, ce budget attaque le cœur du service public communal.
Dans le cadre du plan de gestion imposé par le CRAC, il était demandé de ne remplacer qu’un travailleur sur deux. La Ville va encore plus loin : un remplacement sur quatre pour l’année 2026. Concrètement :
• 126 ETP en départs ;
• Pour seulement 32 ETP en recrutements.
Cela signifie des équipes sous-dotées, des services à flux tendu, une pression accrue sur les travailleurs communaux. Lors des trois jours de grève, de nombreux travailleurs l’ont dit clairement : le manque de personnel est déjà une réalité dans plusieurs services. Avec ce budget, la situation va encore empirer.
Le tissu associatif, culturel et social, qui fait la richesse et la chaleur de Liège, est lui aussi sacrifié. Nouvelle baisse de 10 % des subsides en 2026, après une baisse de 15 % en 2025. Cela fait 25 % de baisse en deux ans, avec en plus moins de soutien logistique à la vie culturelle et associative. Les conséquences sont très concrètes :
• Des structures culturelles comme le Festival de Liège fragilisées ;
• Des comités de quartier qui perdent plusieurs subsides et voient leurs possibilités d’impression restreintes ;
• Des associations sociales comme Thermos, alors même que la grande précarité et la mendicité augmentent à Liège ;
• Des structures jeunesse comme la Ferme des enfants mises en difficulté.
On parle ici de services essentiels, souvent assurés par des bénévoles et des travailleurs déjà sous pression, et qui pallient les manquements des politiques publiques.
Le problème vient d’en haut. Depuis un an, nous assistons à un déferlement de politiques d’austérité :
• au fédéral, avec le gouvernement Arizona De Wever–Bouchez ;
• à la Région, avec le gouvernement MR–Engagés ;
• et aujourd’hui, leurs conséquences se répercutent sur nos communes.
Avec des coupes dans les pensions, le chômage, les politiques de lutte contre la pauvreté, les subsides d’insertion, les fonds pour l’enfance, les plans grand froid, et le financement structurel des communes. À la Région, les emplois APE sont directement attaqués : après le gel et la non-indexation, c’est en plus une diminution du subside. Au total, c’est 4 % du financement pour Liège. Contrairement à la Province, la Ville ne compense pas, laissant planer une énorme incertitude sur des travailleuses et travailleurs indispensables.
Puis, quand la commune est prise à la gorge, on lui impose un contrat de gestion via le plan Oxygène. Et ce sont les communes qui doivent faire le sale boulot : aller chercher l’argent dans la poche des habitants, pendant que certains responsables politiques, comme monsieur Bouchez, continuent à dire — je cite — « Aucune nouvelle taxe jusqu’à la fin de la législature ». Pourtant, à Liège, les nouvelles taxes se multiplient.
Le PS avait justifié cette majorité PS–MR–Engagés en disant qu’elle permettrait d’avoir des relais aux niveaux de pouvoir supérieurs. Mais aujourd’hui, ce que l’on constate, ce sont surtout des relais de l’austérité dans notre ville. Cette majorité applique fidèlement l’austérité décidée ailleurs, au lieu de la combattre. C’était pourtant le fond même de la motion que le PTB avait défendue contre l’austérité imposée à notre ville par les niveaux supérieurs. Cette motion prenait une position forte et combative contre ces mesures qui attaquent les Liégeoises et les Liégeois, et pour un financement assumé par les niveaux de pouvoir concernés.
Madame Morreale et monsieur Demeyer avaient souhaité prendre le temps et préféré postposer le vote sur cette motion afin de « laisser toutes leurs chances d’aboutir aux discussions en cours avec ces niveaux de pouvoir ».
Nous sommes un an plus tard, et nous ne pouvons que constater que ces négociations ont peu abouti. Les Liégeois ne sont donc pas épargnés dans ce budget 2026, bien au contraire. Où sont les actes forts pour : défendre le pouvoir d’achat, protéger les services publics, soutenir la culture et le secteur associatif, garantir l’emploi communal ?
Pourquoi les Liégeois devraient-ils assumer seuls l’addition de choix politiques qu’ils n’ont pas faits ?
Au niveau fédéral, il faut aller chercher l’argent là où il est : • taxe sur les grandes fortunes ; • lutte contre la fraude fiscale ; • investir dans les pensions, le social et les services publics, pas dans des avions de chasse F-35. Au niveau régional, des choix ambitieux doivent aussi être faits : • refinancer et indexer le Fonds des communes ; • taxer les épaules les plus larges ; • garantir les emplois APE.
Et au niveau local, nous devons refuser de nous enfermer dans un cadre d’austérité qui ne fera qu’aggraver les inégalités.
Pour le PTB, ce budget est un budget de résignation. Un budget qui capitule face à l’austérité et envoie la facture aux habitantes et habitants de Liège.
Mais la population, elle, n’est pas résignée. On l’a vu le 14 octobre, lors des grèves de novembre, encore ce matin dans les secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et on le verra encore en 2026.
Les travailleuses et travailleurs se battent pour leurs salaires, leurs pensions, leurs services publics, leur tissu associatif et culturel. Et le PTB sera à leurs côtés.
C’est pourquoi nous voterons contre ce budget et continuerons à défendre une autre voie : celle de la justice sociale, de la solidarité et d’une ville qui protège ses habitants plutôt que de leur présenter l’addition.
Je vous remercie.