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Liège : le budget prévu pour 2022 ne résoudra pas les problèmes des Liégeois-es - PTB Liège

Rédigé par Admin | 8 mars 2022

Le budget 2022 de la majorité PS-MR n’aidera pas les Liégeoises et les Liégeois, c’est un budget construit sur du sable et sans ambition sociale. Explications par Sophie Lecron, cheffe de groupe du PTB à Liège.

Je tiens tout d’abord à faire remarquer que nous allons débattons ici d’un budget « à l’équilibre » basé sur du sable mouvant. Un équilibre vous admettrez plus qu’éphémère.

- D’abord parce que les prévisions ne sont pas établies par rapport à la réalité des comptes de 2020, mais par rapport aux prévisions qui avaient été établies pour 2021… Une méthode que même le directeur financier de la ville a qualifiée de « chaotique », au point de considérer le budget comme un véritable « trompe-l’œil ».
- De plus, vous nous annoncez que le fameux plan de gestion sanglant du CRAC dont on entend parler depuis des années devra arriver an juin en contrepartie du plan Oxygène, et qu'il se traduira par de fortes fortes mesures d’austérité et antisociales. Nous ne connaissons pas encore ces mesures sur les bancs de l’opposition mais les axes principaux ont été avancés en commission budget et nos oreilles grinces déjà. Nous avons pu entendre “Identifier service à la population et réduire charge”, “Se soumettre à un screaning du CRAC SPW”, “Examen de la dotation du CPAS”,... On sent venir l’austérité pour les travailleurs, les services publics, les Liégeoises et les Liéegeois. Tout le contraire de ce dont nous avons besoin dans la crise que nous connaissons.

La situation dans laquelle nous évoluons à Liège est grave. Pire encore que l’an dernier. En plus de la crise covid, les Liégeois-es ont vécu de terribles inondations. La crise du logement s’empire, et les témoignages sont très durs. Une maman seule m'a récemment interpellée car elle doit doit déménager et ne trouve pas de loyer accessible qui lui permette d’assurer le minimum vital pour son enfant. Elle doit retourner vivre chez ses parents à près de 40 ans... En plus de cela, s'ajoute depuis l'été la crise énergétique qui fait exploser les factures, et le chantier du tram qui tue à petit peu le centre-ville et les commerces qui s’y trouvent.

Le modèle capitaliste et du laisser-faire au marché est en faillite. Face à cela, les politiques publiques actuelles ne permettent pas de répondre avec ambition à tous ces problèmes. Nous sommes, vous êtes face à un choix : décider de rester dans le cadre et de subir tant bien que mal, ou bien de développer une politique de rupture avec l’austérité libérale, en engageant de lourds investissements dans le social et le public. Prendre des mesures radicales, vous battre avec vos partis au pouvoir dans les niveaux de pouvoirs supérieurs. Le monde évolue très vite, les crises s’enchaînent, le cadre ne cesse de se resserrer pour les Liégeois-es. Malheureusement, dans le budget que vous nous proposez de voter, je ne vois pas de trace de rupture ou de grandes mesures ambitieuses.

Le plan Oxygène de la Région wallonne va aider à limiter les dégâts dans un cadre très difficile. Sans celui-là, ce serait la catastrophe. Malheureusement, pour les années prochaines, la Région continue de conditionner cette aide à un renforcement du plan de gestion, qui s’annonce vraiment très compliqué. C’est un cadeau empoisonné, un pas en avant pour trois pas en arrière, qui va encore aggraver la situation pour les Liégeoises et les Liégeois, et les caisses communales à terme.

C’est pourquoi nous proposons que la Ville de Liège entre en résistance par rapport à la logique d’austérité imposée par la région. Profiter de ces crises pour taper du point sur la table avec le gouvernement wallon afin de renégocier la dette de la ville de Liège, qui augmente d’année en année. Obtenir une augmentation structurelle et conséquence de la dotation régionale au fonds des communes. De se battre pour créer une nouvelle taxe pour mettre à contribution les grandes entreprises bénéficiaires installées dans notre commune. De trouver des solutions structurelles pour résoudre la problématique des pensions.

Ceci étant dit, passons à quelques dossiers en particulier.

Nous voulons du logement public !

C’est un des problèmes principaux des Liégeois-es. Il devient de plus en plus difficile de trouver un logement de qualité et à un loyer raisonnable. Combiné à l’augmentation générale du coût de la vie et à la crise énergétique, la part du logement dans le budget des ménages a un rôle de plus en plus conséquent. Près de 3 000 familles habitants à Liège sont sur liste d’attente pour un logement public, et on ne vit pas sur liste d’attente. Liège a plus que jamais besoin d’une politique sérieuse de logement public.

C’était d’ailleurs l’une des grandes mesures de votre Déclaration de Politique Communale en 2019 : créer 4000 logements publics d’ici 2024 pour atteindre les 10 % de logements publics imposés par la région wallonne. Trois ans plus tard, nous en sommes encore très loin. Les derniers chiffres nous apprennent qu’il en manque encore au moins 3 610. Nous devrions donc évoluer pour les trois dernières années de la mandature au rythme de 1 200 nouveaux logements par an. Si l’on combine les programmes de la Régie foncière, de la Maison liégeoise et du Logis social, nous pouvons compter au maximum 250 à 300 logements publics en 2022 dont certains en cours de construction. Et à ce rythme, si on continue à laisser les promoteurs immobiliers continuer à construire à tout va, l’écart va se creuser et la pression du privé se renforcer sur le marché. Monsieur Demeyer, vous avez encore répété en septembre votre volonté d’aller vers la construction de 4 500 logements publics pour atteindre les 15 à 20 % du parc immobilier total. C’était une très belle annonce. Mais je vous le demande une nouvelle fois aujourd’hui : où sont les actes ? Le plan de construction pour les années à venir ? Les batailles pour obtenir un financement ? Les mesures concrètes ? 

Nous pouvons envisager différents moyens pour créer du logement public.

Tout d’abord, la lutte contre le logement vide. C’est un des fléaux de notre ville. C’est inacceptable que notre société laisse des logements inhabités pendant que des milliers de personnes attendent de pouvoir se loger. En 2018, nous avons passé la barre des 2000 logements vides à Liège. Au début de cette année, une jeune liégeoise publiait son étude nous indiquant que la présence de logement vide pouvait être facilement repérée à partir des factures d’eau et d’électricité. Ces données devraient nous arriver en septembre, mais nous pouvons déjà prendre les devants et anticiper un véritable plan d’action pour tous ces logements. Les possibilités à cet égard sont nombreuses, par exemple l'impliquer des citoyens dans le repérage des logements vides en leur proposant un outil pour les signaler, ou encore travailler à la réquisition douce des bâtiments inoccupés pendant plus de 3 ans.

Un autre moyen qui ne coûterait pas grand-chose à la ville, et qui a déjà été employé dans d’autres villes : dans les grands projets de logements proposés par le privé, imposer aux promoteurs privés un un minimum de 30 % de logements publics. Madame Yerna nous avait déclaré y être favorable lors des négociations, mais force est de constater une certaine frilosité quand il s'agit de l’appliquer. Il va pourtant falloir être ambitieux et sortir des sentiers battus si on veut pouvoir répondre à cette crise du logement à liège. Nous vous l’avons déjà proposé pour le grand écoquartier de Coronmeuse qui va accueillir 1 325 logements de haut standing, ainsi que pour les 240 logements construits par Matexi dans l’ancienne clinique CHC Saint-Joseph. Mais jamais vous n’avez mis le pied dans la porte, alors que cette mesure coûterait peu à la ville de Liège.

Un autre axe d’une politique ambitieuse serait de racheter des immeubles inoccupés pour les transformer en logements. La politique de la ville de Paris menée par le communiste Ian Brossat est très intéressante à cet égard : ils créent du logement à partir d’anciennes maisons de maître, d’anciens hôtels, parkings… En faisant du logement la première priorité, ils parviennent à créer plus de 4 000 logements sociaux par an et sont en bonne voie pour atteindre 30 % de logements publics. Nous pourrions par exemple mettre sur pied une véritable coopérative de construction et rénovation qui se chargerait de transformer des bâtiments inutilisés en logements publics. Cela permettrait de créer de l’emploi et d’avancer concrètement dans la rénovation du bâti à Liège. Un investissement important pour l’avenir.

Combinée à la faible part du plan pour une Politique intégrée de la ville (PIV) investie dans le logement, l’enveloppe de la ville vers la Régie foncière (1,5 millions €) est maintenue et c’est bien la moindre des choses pour les projets de construction-rénovation qui sont en cours ou prévus pour 2022. Mais l’ambition manque très sérieusement. Je ne vois pas comment nous allons résoudre la crise du logement avec la politique que vous nous proposez. 

Et comment s’en étonner puisque vous continuez à limiter votre balise d’investissement à 125€/habitant/an, alors-même que la région wallonne vous autorise à aller jusqu’à 160€ / habitant / an.

Madame Defraigne, vous dites en commission être une convaincue de l'économie keynésienne selon laquelle chaque euro investi est rentable sur le moyen terme, alors pourquoi vous arrêter là et ne pas renforcer les investissements de manière massive ? 

Bien sûr que l’investissement dans le logement coûte, mais sur le long terme il est bénéfique. D'une part, parce que plus on construit du logement public, plus le contrôle public sur le logement augmente, et plus la ville va pouvoir générer des rentrées régulières en loyers. N'oublions pas également que plus l'offre est large, plus elle peut s'étendre à des Liégeois-es avec des salaires plus élevés. D'autre part, l'augmentation de l'offre de logements publics accessibles financièrement exercera une pression à la baisse sur le marché locatif privé. Ce qui permettra de maintenir, voire d'augmenter la population liégeoise. Il faut aussi bien sûr ajouter que le contrôle du logement public permet aussi d'assurer son contrôle en matière énergétique et de rénovation des bâtiments. 

Madame Defraigne, c’est bien dans cette crise du logement que vous trouverez en partie les explications concernant la diminution qui se poursuit du nombre d’habitants à Liège : nous perdons encore 921 habitants en 2021, c’est 8x plus que l’année précédente. Votre ambition d’attirer les gens vers la ville pour atteindre 220 000 habitants d’ici 2030 semble bien loin désormais.

Une autre mesure nécessaire : instaurer une grille contraignante des loyers pour limiter les prix est une autre solution que la ville pourrait tout à fait en place sans attendre les avancées du gouvernement wallon en la matière.

La pauvreté augmente

Malheureusement, la pauvreté touche de plus en plus de Liégeois, y compris avec un emploi. De plus en plus de travailleurs et travailleuses dont le salaire ne suffit plus pour payer leur loyer, leurs factures d’énergie, se nourrir, se soigner, se déplacer...

Le travail des agents de la ville et du CPAS, ainsi que de tous les travailleurs sociaux de Liège est admirable. Eux qui doivent œuvrer avec des besoins qui augmentent et des moyens qui manquent.

Nous voyons toutes et tous cette réalité effroyable du nombre de personnes sans-abris qui ne cesse d’augmenter au centre-ville. De plus en plus de famille ont recourt à l’aide alimentaire, aux aides énergies,... Les appels à l’aide des associations qui veulent les aider et des travailleurs sociaux. « Alors que le nombre de bénéficiaires du Revenu d’Intégration Sociale (RIS) est en baisse depuis deux ans dans la majorité des communes wallonnes, celui de Liège a encore augmenté l’an dernier » lisait-on il y a quelques jours dans la Meuse. Depuis 10 ans, 4x plus de personnes SDF et 2x plus de jeunes ont besoin de l’aide du CPAS. Cette évolution est très inquiétante. Elle en dit long sur l’échec total de notre système et des politiques publiques actuelles. Les prévisions RIS dans le budget CPAS 2022 sont d’ailleurs tout à fait insuffisantes et à côté de la réalité de terrain.

Heureusement, la dotation au CPAS augmente davantage que les années précédentes, +7% - soit 2,3 millions € en plus pour atteindre 34,4 millions €. La ville a décidé aussi de prendre en charge les pensions des travailleurs du CPAS à hauteur de 9,5 millions €. Ce sont deux bonnes nouvelles, mais ça ne couvre que la triple indexation des travailleurs et la prise en charge des pensions, c’est déjà bien mais au vus de la situation qui va continuer à s’aggraver, permettez-moi d’être très inquiète. C’est clair et net que cela ne suffira pas. D'autant plus quand vous prévoyez déjà "d'examiner la dotation", comme je l'expliquais plus haut. 

Nous vous rejoignons quand vous dites le fédéral devrait prendre une plus grande part dans le financement des CPAS et l’augmentation du Revenu d’intrégration sociale (RIS), totalement insuffisant lui-aussi. Le fédéral et le régional ont d’ailleurs évidemment une grande part de responsabilité dans l’augmentation des besoins du CPAS (je pense bien sûr aux grandes vagues d’exclusion du chômage sous monsieur Di Rupo). L’austérité appliquée aux communes n’est pas normale, nous sommes sans doute d’accord sur ce point. Du moins en paroles. Mais vous n’arrêtez pas de parler comme si ce n’était pas vos propres partis qui étaient au pouvoir à la région et au fédéral, or ce sont bien le PS et le MR qui dirigent.

Plus généralement, le désinvestissement dans les structures publiques ne va clairement pas aider à résoudre le problème de la pauvreté. Où sont les aides à l’émancipation de la jeunesse par le sport et la culture dans les quartiers 
Emploi et pensions

 

L'emploi communal

J’en viens à l’emploi communal. La part d’emplois statutaires continue de baisser, passant de 45% en 2020 à 35% en 2022, laissant de plus en plus de place au contractuel. Pourtant vous aviez conclu dans les accord syndicaux devoir aller vers 50% contractuel et 50% statutaires, on en est loin.

Et la politique de statutarisation demeure nulle, pas de nomination depuis 2018. Or la part de statutaires devrait au contraire être augmentée, avec une attention particulière pour les bas salaires (ouvriers, femmes de service). La Ville doit montrer l’exemple en transformant les emplois précaires en contrats statutaires avec transparence sur le système de nomination. De plus, en ce qui concerne les pensions, c’est le serpent qui se mort la queue, moins il y a de statutaires, moins il y a de cotisations et plus les caisses communales en pâtissent.

Cette politique de statutarisation aurait donc aussi un impact positif sur la problématique des pensions, puisque en ne nommant pas ou pas suffisamment, la base financière des pensions de ces fonctionnaires à la retraite se vide naturellement. Ce montant de la responsabilisation va tripler voire quadrupler entre 2017 (20 millions €) et 2023 (75 millions €). Nommer davantage de fonctionnaires avec un statut bien établi est la meilleure garantie non seulement pour résoudre le problème des pensions du personnel communal, mais aussi pour leur sécurité d’emploi. Et cet aspect est de votre compétence communale.

 

Lutte contre les violences envers les femmes

En ce 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, et je salue ma camarade Céline Fassotte qui va nous rejoindre dans quelques minutes et qui revient des actions qui ont eu lieu aujourd’hui dans notre ville.

J’aimerais revenir rapidement sur un problème qui augmente grandement à Liège : la violence, et particulièrement envers les femmes. Vous avez soutenu notre proposition d’une application de lutte contre le harcèlement de rue, mais où en est-on ? Qu’allez-vous faire concrètement ? Je n’ai vu aucune ligne budgétaire à ce sujet alors que l’urgence est là. C’est une mesure utile à mettre en place urgemment, pendant ce temps, les agressions continuent.
Nous sommes très heureuses et heureux que notre interpellation Safer cities for girls de hier soir ai accueilli de enthousiasme de votre part, et que vous soyez disposé à poser la candidature de notre ville de Liège.

 

Fiscalité

Ensuite, à propos de la fiscalité, vous prévoyez de doubler les recettes sur les sacs poubelles. Vous dites que les Liégeois ont consommé plus de sacs (ce qui était surtout vrai en période covid). Pourquoi ne pas aider les Liégeois-es en diminuant le prix des sacs, si tel est le cas, plutôt que de simplement vous satisfaire de cette augmentation ?

Autre chose, pour 2022 vous prévoyez un budget pour aider les famille qui ont des enfants en dessous de 5 ans, pour contrebalancer le surcoût de sac poubelle jaune supplémentaires vu la mesure d’Intradel d’interdire les couches dans le conteneur ou sacs verts. Si évidement cette mesure d’Intradel ne doit pas peser sur les Liégeoises et Liégeois, elle ne doit pas non plus peser sur les caisses communale. Et surtout quelle garantie que votre mesure ne soit pas un one shot en 2022 puis rien les années suivantes? Je vous rappelle que les déchet sont valorisés, et qu’aucun bénéfice ne doit se faire sur le dos des travailleurs et travailleuses.

A l’inverse, vous envisagez moins de recettes sur cette fameuse taxe sur la force motrice, en comptant sur les faillites liées au covid, c’est cynique. C’est pourtant l’une des taxes sur le capital qui est nettement plus juste – car progressive en fonction des KW consommés – que la taxe poubelles. Pourquoi n’allez-vous pas, enfin, augmenter le taux à 26,45€/kw comme à Oupeye, pour aller chercher plus de recettes ? Et de permettre des exonération chez les petites et moyennes entreprise, pour aller chercher l’argent chez les plus gros .

D’autres taxes touchant les grandes entreprises auraient également pu être augmentées pour apporter davantage de recettes, comme la taxe sur les parkings à péage, la taxe sur les agences bancaires, les taxes sur la publicité. Vous avez prévu une augmentation dans la taxe sur les parking commerciaux gratuits (+ 232 000€), mais pourquoi pas sur celles-là ? C’est pourtant chez ces grosses entreprises concernées par ces taxes qu’il y a de l’argent à récupérer. Voilà un choix que la majorité liégeoise ne fait clairement pas. Pas non plus de nouvelle taxe pour aller chercher de l’argent chez ces grosses entreprises bénéficiaires implantées sur le sol de la commune et qui profitent de la crise pour faire du bénéfice sur le dos des Liégeois-es.



L'instruction publique s'écroule

En ce qui concerne l’instruction publique, c’est la banqueroute totale. On perd au total près de 3 400 élèves, tous niveaux confondus, entre 2019 et 2021. Le résultat d’une politique pire qu’inefficace. Avec un échevin qui a fait dire ce qu’il voulait aux chiffres à chaque rentrée scolaire, et un collège communal qui l’a complètement laissé faire, ce n’est pas si étonnant.

Il est très clair que l'enseignement communal a besoin d’investissements intenses. Or, l’examen des dépenses est très clair : l’enseignement ne coûte rien à la ville parce qu’on n’injecte que peu dedans. On est en droit de se demander si le collège compte à long terme pérenniser l’offre liégeoise dans sa diversité en lui octroyant les fonds nécessaires à hauteur de ses besoins et de ses ambitions.

Ceci est très visible pour tout un chacun rien qu’en regardant l’état des bâtiments. Et cette politique des très petit pas nous explose au visage aujourd’hui en plus avec des dépenses énergétique énormes. On remplace quelques châssis ici, on étudie une rénovation de façade là-bas, mais l’investissement majeur qui permettrait, sur le long terme, d’améliorer les performances énergétiques et le confort des utilisateurs, d’envisager des économies d’énergie et de répondre à des normes modernes pour la centaine d’implantations scolaires ne se fait pas. Un plan global de rénovation et de mise aux normes des bâtiments scolaires est absolument nécessaire.

Un autre grand sujet d'inquiétude, c’est la Haute École de la Ville de Liège (HEL). L’année passée, nous avions reçu dans nos boîtes mail tout le désarroi d’une institution abandonnée qui a besoin d’être prise au sérieux de la part du collège et de l’échevinat. Ma camarade Céline Fassotte vous avait également interpellé à ce sujet. Malheureusement, ces demandes ne se retrouvent absolument pas dans les lignes budgétaires... Aucun renfort financier n’est prévu pour la soutenir. Encore pire, les syndicats et les travailleurs craignent des coupes encore plus fortes que celles pré-senties précédemment. Alors même qu’il s’agit d’un fleuron de notre Ville qui a formé à des métiers d’avenir des milliers de jeunes. Alors même que nous avons perdu plus de 1000 élèves dans notre enseignement communal supérieur.

 

Mobilité et environnement

Au niveau mobilité, le chantier du tram handicape tous les modes de transport à Liège. Piéton, cyclistes, automobilistes… et il tue à petit feu le centre-ville. Il faut absolument trouver des solutions.
Ce chantier dépasse la seule responsabilité des autorité communales mais vos devez taper du poing pour faire avancer au maximum les choses.

Pour les automobiliste, que peu de solution pour dissuader d’utiliser la voiture en ville. Encore une fois, il faut des parking relais en nombre suffisant, gratuit, avec navettes gratuite. Pour l’instant ce n’est pas le cas, et l’échevin de la mobilité ne sait pas garantir qu’un jur ça le sera. Or les expériences internationales montrent que c’est une des conditions pour que ces parkings fonctionnent. Nous avons grand besoin de moins de voitures et d’embouteillages dans notre ville, mais ça ne tombera pas du ciel. Un budget de gratuité de la navette doit être inscrit pour la garantir, et pas que les semaines du marché de Noel.

Pour les cyclistes, nous avons par exemple discuté hier des « rues cyclables » dont aucune évaluation sérieuse n’a encore été réalisée par la ville, malgré les demandes répétées du GRACQ. Les infrastructures pour la mobilité cycliste à Liège sont insuffisantes et la concertation manque. Dans ce budget, un post pour le parking vélo en centre ville, ce qui est très bien, mais est-ce le faible montant attribué qui explique que la mise en service soit aussi longue ? Il faudra plusieurs exercices budgétaire pour couvrir ce premier parking vélo fermé de Liège ?

Pour les piétons, cette ville est devenue un parcourt de la mort. Ce chantier du tram et cette ouverture de voirie sur tout le territoire communal transforme notre ville en véritable parcourt du combattant. Pour des piétons classiques, je ne vous parle même pas des personnes PMR ou des parents avec poussettes. Pourtant, la signalisation, même dans le cadre du chantier du tram, est de votre compétence. Je me suis encore retrouvée à la fin de Féronstrée à vouloir traverser, à suivre la plaque piétons et à être confrontée à une barrière en plein milieu de la rue, ce n’est vraiment pas rassurant. Très clairement, il y a ici un manquement au niveau communal. Les investissements pour des aménagements piétons sont urgents, que ce soit pour palier au travaux du tram, ou pour amener plus de gens à se déplacer à pied.


Quant aux espaces verts, ils continuent de manquer cruellement en ville. 30% des Liégeois ont accès à un espace vert de qualité, c'est très peu. Et 8 m² par habitant alors que l'OMS en préconise 10, c'est peu aussi... Pas assez d’investissement, c’est sur. Le quartier de Bressoux-Droixhe est sans doute l’un des meilleurs exemples à cet égard.

Et ceux qui existent sont sans cesse menacés par des promoteurs immobiliers. Cette année ça a été le cas à Jupille avec le Poumon vert des Cabayes, et encore en ce moment même au Bois-l’évêque à Cointe. A chaque nouveau projet des promoteurs, les habitants se mobilisent en masse pour défendre leurs espaces. La ville va-t-elle enfin prendre des mesures sérieuses pour protéger l’ensemble de ses poumons verts, en en faisant des zones non-constructibles ?

Pareillement, la gestion des arbres à Liège reste calamiteuse. La majorité, qui semble croire qu’un arbre détruit peut être facilement remplacé par un nouveau plant, établit ses différents projets sans prendre en compte cette question. C’est chaque fois le même scénario : l’arbre n’est pas compatible avec les plans de tel ou tel projet ? Alors il est éliminé et, nous dit-on, « les Liégeois-es seront gagnants car on en replantera davantage ». En réalité,  de très nombreux arbres plantés récemment sont morts ou en train de mourir car le service plantations de la ville manque de moyens humains et financiers pour les entretenir correctement. Ma camarade Céline Fassotte vous a déjà interpellé sur cette question des « arbres-kleenex » mais le problème n’est toujours pas réglé.

 

- Conclusion -

Le budget que vous nous proposez de voter n’aura pas notre approbation. Vous le présentez “à l’équilibre” alors qu’il est basé sur du sable et ce budget manque clairement d’ambition et de mesures concrètes positives pour les Liégeois. C’est particulièrement en matière de logement public et de lutte contre la pauvreté. Le budget proposé aujourd’hui n'est qu'un leurre si la majorité rentre dans le cadre de l’austérité et développe dans 3 mois des mesures qui attaquent le portefeuille des Liégeois. Il existe une autre solution, radicale : se mettre en rupture avec les exigences d’austérité et organiser une fronde municipaliste avec d’autres villes pour taper du poing sur la table à la région.

Quelques projets d’investissement auront sans doute nos votes positifs lorsqu’ils seront soumis individuellement au conseil. Mais ce budget est globalement insuffisant. C’est très loin d’être un budget qui permettra de résoudre la crise. Pour le PTB, ce sera donc un vote négatif sur l’ensemble de ce budget 2022.