Notre programme pour faire de Liège une ville plus sociale
Une ville moteur d’un développement urbain harmonieux
Habiter en ville est durable. Les citadins laissent une empreinte écologique plus petite, recourent moins à la voiture, utilisent davantage le vélo et les transports en commun pour leurs déplacements quotidiens. Du moins cela pourrait être le cas si les autorités pensaient sur le long terme, développaient toutes ces opportunités et limitaient l’étalement urbain.
Si, au niveau mondial, il y a plus d’habitants dans les villes, cela assure moins d’éparpillement, il reste davantage d’espace ouvert et cela réduit le flux de la circulation. Mais qui crée la ville ? La politique urbaine et l’aménagement du territoire sont une question de choix. Avec qui le développement urbain se fait-il ? Ou sans qui se fait-il ? Au profit de qui ? Qui décide ? Et qui ne décide pas ?
Un. Un schéma de développement communal ambitieux et global
- Ce schéma doit lutter contre la gentrification (c’est-à-dire chasser les habitants d’un quartier en y attirant les plus hauts revenus) et garantir que la ville soit vivable pour les Liégeois.
- Un tel schéma pose comme premiers enjeux et en guise de colonne vertébrale solide, le transport en commun gratuit, des zones vertes et des équipements publics en suffisance.
- Ce schéma constitue le cadre de plans de développement plus petits et de projets de rénovation urbaine, de sorte que la cohésion spatiale, les principes de planification et la qualité restent garantis.
- Le schéma de développement communal confère une structure et un cadre à ce qui est éphémère, imprévisible et nouveau.
- Des interventions doivent être prévues à court, moyen et long terme.
- Il doit rester de l’espace pour la co-création et la participation active des Liégeois.
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Au siècle précédent, la politique encourageait à aller habiter en dehors de la ville. On ne s’épargnait ni peine ni argent pour s’étaler partout en Wallonie. Jusque dans les confins les plus reculés, les pouvoirs publics ont installé des équipements d’utilité publique. Ceux qui pouvaient se le permettre sont allés habiter hors des villes, dans la verdure. Ceux qui n’avaient pas les moyens sont restés en ville. Les villes se sont délabrées parce qu’elles avaient trop peu de capacités financières et les campagnes ont disparu sous les constructions.
Aujourd’hui, la politique d’aménagement du territoire en Wallonie se scinde en plans de secteurs ou plans d’affectation du sol. Cette politique tient une « comptabilité » de l’espace. Des outils de planification territoriale ont émergé ces dernières années : CoDT ou Code de développement territorial en 2017 et SDT ou Schéma de développement du territoire en 2023. Mais ces tentatives d’apporter une structure au chaos géographique ne parlent que très peu des efforts nécessaires de tous afin de faire la transition vers une utilisation de l’espace qui soit durable et respectueuse du climat et qui soit sociale et solidaire. Ce qu’il nous faut, c’est un retour à la ville. L’heure de gloire des habitations isolées hors de la ville semble révolue : elles sont trop grandes, trop chères à l’entretien et en consommation d’énergie et exacerbent la ségrégation sociale.
Et la dépendance vis-à-vis de la voiture est bien trop grande : on considère que 48 % de l’espace urbain est dédié à la voiture (routes + parkings) tandis que la fonction résidentielle (logement) consomme en moyenne 18 % du territoire urbain. Mais maintenant aussi, il y a anguille sous roche. Le secteur immobilier redécouvre la ville et mise sur une nouvelle classe moyenne aisée qui veut revenir en ville. L’accent est mis sur la construction d’appartements chers, de constructions nouvelles ou sur des lots exclusifs en zone de rénovation. Le tout uniquement destiné à la vente. Les plans de développement urbain essaient surtout d’attirer de nouveau les habitants nantis. Et ceux qui n’ont jamais eu les moyens d’aller vivre dans un meilleur environnement sont désormais bernés eux aussi. Dans les parties de la ville où le secteur immobilier agit de la sorte, les prix d’achat et les loyers sont généralement à la hausse. C’est ce qu’on appelle la gentrification.
Ceux qui ne peuvent se permettre de tels prix doivent dégager et aller s’installer dans des quartiers bien moins attrayants de la ville. « Les efforts de tous » vers une utilisation durable de l’espace ? Ce n’est pas un « nous » général. Tous les habitants de la ville ne prennent pas le départ avec les mêmes chances. La planification de l’urbanisme est inévitablement confrontée aux problèmes de paupérisation, de cohésion sociale, du refoulement spatial et social, de la répartition de l’espace… Il s’agit donc de réussir le défi d’une urbanisation durable, résiliente mais aussi sociale et solidaire. C’est la raison pour laquelle nous plaidons notamment pour un encadrement des loyers en Wallonie : cela permettrait notamment de lutter contre ce processus de gentrification.
Construire n’est pas une question théorique, mais une question de penser et d’agir. D’un plan sur l’espace bâti, on peut attendre qu’il déclenche la discussion à la table de cuisine, qu’on puisse se le représenter de façon concrète, qu’on ait envie d’y participer. Un tel plan de développement urbain ne doit pas être un gros livre. Celui de Copenhague, par exemple, une ville dont la population augmente de 10 000 habitants par an, compte 25 pages. Il contient des principes clairs qui tiennent la route bien des années. Ces principes partent des besoins en logement et des attentes des habitants de Copenhague. Il n’est que logique que ce qui rend une ville vivable et agréable figure en tout premier lieu sur les cartes du plan. Ce ne sera pas une ville qui déborde de voitures, mais une ville avec un réseau à mailles fines de transports en commun ponctuels. Une ville dotée d’une infrastructure cyclable convenable et d’espaces verts bien répartis et faciles d’accès. C’est ce qui vient en premier lieu.
Depuis 1947, Copenhague applique les mêmes principes de planification et elle figure très haut dans le top 10 des villes les plus agréables du monde. Un « slow urbanism » permet des mesures structurelles bien pensées. Cela se passe à partir d’une vision qui s’appuie sur une trajectoire, dans laquelle la ville et ses habitants se mettent ensemble en quête d’un milieu de vie agréable. Un milieu de vie qui soit bien enraciné aussi dans la situation existante. Cette vision s’appuie sur une connaissance sociale en développement, sur une mise sur pied continue des idées et de la conscientisation. De la sorte, nous éviterons les interventions trop hâtives motivées par la conjoncture et les croyances du jour. Mais le slow urbanism ne peut être un prétexte pour reporter certaines questions à plus tard. Au contraire, il rend à court terme toutes sortes de choses possibles. Ainsi, un immeuble de bureaux ou un bâtiment d’entreprise non occupé dans un quartier peut avoir temporairement une autre mission quand, à certains moments, le voisinage en a besoin. Et, entre-temps, ce quartier poursuit le plan de développement en y participant.
Deux. La ville elle-même comme principal acteur du développement territorial
- La ville mène une politique foncière active. Elle conforte sa position en acquérant systématiquement des terrains elle-même et en devient ainsi l’actrice principale. C’est à la Régie Foncière qu’incombe cette tâche au sein de l’Union pour le Logement que nous souhaitons fonder (cf. chapitre « Une ville où chacun est bien logé »).
- Développer de nouvelles parties de la ville commence par la mise en place de l’espace communautaire et la connexion aux transports en commun. Investir dans des aménités urbaines attrayantes comme l’infrastructure (transports en commun, pistes cyclables…), la verdure et les services communaux, assure une valeur plus élevée des terrains. Les rentrées qui en découlent reviennent à la ville même et non à des promoteurs privés.
- La plus-value des projets privés de construction doit retourner à la Ville sous forme d’une taxe sur cette plus-value. Avec cet argent, la Ville peut investir elle-même. Nous devons rejeter le troc entre services à la population (parcs, crèche, marché, salle de sport, services publics…) et droits de construction. C’est la Ville qui doit avoir une vision qu’elle impose au privé, pas l’inverse.
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Les ventes aux enchères de toutes sortes de terrains publics non utilisés affaiblissent l’emprise de la ville sur son propre développement urbain. Les réserves de terrains de la SNCB, les domaines militaires, le patrimoine du ministère de la Justice, les terrains non utilisés des sociétés de construction de logements sociaux, la vente des terrains du CPAS… tout cela est transformé en argent pour des raisons budgétaires, mais, en fait, il s’agit d’une liquidation au rabais des richesses publiques. La Ville de Liège a ainsi vendu pour 7,2 millions d’euros de bâtiments communaux entre 2018 et 2022.
Des villes comme Amsterdam montrent qu’il peut en être autrement. La ville y mène une politique foncière active et elle rachète des terrains systématiquement. Ainsi, elle est propriétaire d’au moins 80 % de son territoire et détient ainsi les clefs de son développement urbain. Pas besoin de faire un dessin : à Amsterdam, la proportion entre la ville et les promoteurs immobiliers privés est tout autre qu’à Liège. Le promoteur privé entend réaliser le remplissage maximal des droits de construction sur une parcelle. Mais si cela se heurte à ce qui serait souhaitable pour l’environnement, les projets se retrouvent dans l’impasse et la ville est ainsi freinée dans son développement. Parfois, des quartiers entiers sont pris en otage dans l’attente de la bataille décisive. C’est par exemple le cas avec le projet de Thomas et Piron au Bois d’Avroy à Cointe. Si nous voulons remettre la Ville aux commandes, nous devons favoriser la propriété publique des terrains et non pas la détricoter.
Nous avons également besoin d’une autre vision de l’espace que nous utilisons en communauté. Pour l’instant, nous connaissons surtout un modèle de propriété privée délimitée qui est servie par des équipements publics et des espaces publics. Si nous nous éloignons de cette « logique de fonctionnement » et partons d’un concept inversé, bien davantage de choses sont possibles. Développer de nouvelles parties de la ville commence alors par l’installation de l’espace communautaire et en prévoyant une connectivité aux transports en commun. Quand les plans d’un nouveau quartier résidentiel sont réalisés, il ne suffit pas de prévoir de la verdure entre les habitations et de planter quelques arbres dans les rues. Dans le planning, il s’agit surtout d’envisager le nouveau quartier à partir du cadre élargi de la ville. Comment les nouveaux habitants y accéderont-ils ? Le réseau de transport existant ne sera-t-il pas saturé ? Les nouveaux habitants sont-ils de nouveau renvoyés à leurs voitures ? La ville qui, à partir de cette vision, investit d’abord dans des qualités urbaines attrayantes, comme l’infrastructure (transport en commun, pistes cyclables…) et les espaces verts, réalise ainsi une plus-value qui, par la suite, pourra retourner à la ville.
Comment nous y prendre ? En abandonnant le système actuel des coûts de développement urbain et en passant à une taxe sur la plus-value des projets privés de développement. L’argent peut alors alimenter un fonds urbain de développement à l’aide duquel la ville pourra investir elle-même. Nous devons d’urgence abandonner l’actuel troc des services et espaces communautaires contre des droits de construction. Le projet d’éco-quartier à Coronmeuse est encore un exemple parfait de ce troc avec un projet final de 1350 logements de standing et haut standing ne répondant pas aux besoins de logement des Liégeois.
La majorité PS-MR se vante des 52 millions d’euros qui seront investis par le consortium privé NeoLegia pour des équipements publics. Mais il n’y a que le soleil qui brille gratuitement. Les bénéfices pour ce consortium vont se chiffrer en millions d’euros pour un complexe de logements où il faudra débourser au minimum 300 000 euros pour un appartement. L’emprise de la Ville sur ces constructions sera nulle. Pas de logements publics et encore moins de logements sociaux.
Nous essayons également de diversifier l’apport privé : nous préférons travailler avec un consortium varié de grands et petits financiers, crowdfunders y compris, qu’avec un seul grand promoteur ou financier.
Trois. Principes de planification pour une ville vivable, vivante, diversifiée et cohérente
- Nous créons des quartiers intégrés. Des quartiers nouvellement développés avec systématiquement toute une diversité de services pour les habitants.
- Nous voulons de courtes distances de transport pour lesquelles l’accent est mis sur le transport en commun et le vélo.
- Nous optons pour un développement urbain concentré.
- Nous voulons une utilisation multiple et large d’espaces et bâtiments communautaires plus vastes.
- Les entreprises et les commerces ont également une place dans le centre de la ville.
- Nous ne privatisons plus les terrains publics.
- Nous utilisons les terrains et immeubles inoccupés ou en projet pour des services à la population.
- Nous optons pour un choix varié de logements abordables publics dans chaque quartier.
- Nous assurons toujours de l’espace vert, avec des bancs pour s’asseoir et des équipements de jeux, à 300 mètres maximum de votre logement. Nous organisons le maillage vert et bleu du territoire: des espaces verts et des zones humides, que nous relions entre eux par des chemins cyclo-pédestres.
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Liège grandit. Faire en sorte que la ville reste vivable est un grand défi. Chaque mètre carré d’espace vaut de l’or. La meilleure façon de le rentabiliser, c’est de faire en sorte que le plus grand nombre puisse en profiter de toutes les façons possibles. Les quartiers les plus animés et les plus agréables sont ceux où le mélange des fonctions est le plus complet possible. C’est ce que nous entendons par « quartiers intégrés », que nous décrivons également dans l’introduction de ce programme. Les quartiers à développer à neuf doivent prévoir dès la préparation du plan : logements, travail, magasins, détente, écoles, soins de santé, culture, crèches, verdure…
La proximité de toutes les fonctions de base a également un impact sur notre manière de nous déplacer. La voiture est la façon de se déplacer qui dévore le plus d’espace. Nous ne pouvons plus continuer à aménager nos villes de cette façon, même si, demain, nous nous mettions tous à rouler à l’électricité. Nous souhaitons faire en sorte qu’en 2030, les transports en commun puissent être tellement développés, et la place du vélo si centrale, que la voiture sera beaucoup moins nécessaire.
Un développement urbain concentré se focalise d’abord de façon ciblée sur la multiplication maximale des fonctions ou leur remise en œuvre là où elles avaient disparu, et sur l’optimisation des zones ou quartiers existants qui ne satisfont pas à tous les principes du plan.
Nous prévoyons une utilisation multiple et élargie des grands espaces et bâtiments communautaires : écoles, halls omnisports, bibliothèques, centres culturels, etc. de sorte qu’ils puissent être utilisés durant un plus grand nombre d’heures par jour et qu’ils restent donc moins inoccupés. Une importante utilisation assure un espace urbain animé en raison des allées et venues des divers usagers à divers moments de la journée.
Les entreprises et les commerces ont leur place dans le centre de la ville. De courtes distances entre le domicile et le travail agissent contre la congestion de la circulation. Mais la place de grands projets de bureaux (plus de 1 500 m²) ou des fonctions à important effet attractif sur les visiteurs, c’est dans le voisinage d’une gare (bus, tram, métro ou train).
Construire en hauteur est envisageable, si la chose est abordée sur le plan qualitatif. Construire de façon plus compacte, sur des parcelles plus petites, dans le tissu existant, présente des avantages. Nous réduisons ainsi l’espace occupé et, par conséquent, le durcissement des sols, mais aussi le besoin de déplacement et la consommation d’énergie. Mais, pour des raisons de viabilité des alentours, nous recourrons avec parcimonie à la construction en hauteur. Les lieux doivent convenir. Le rendement financier au m² ne sera pas un critère, mais bien la création d’espaces publics. Nous cessons la privatisation des terrains publics non utilisés, et les destinons plutôt à devenir des espaces à usage communautaire.
Nous sommes partisans de l’utilisation communautaire temporaire des terrains et bâtiments publics privés qui restent inoccupés. Ainsi, nous gardons de l’animation dans la ville et ouvrons des parties de la ville auxquelles, autrement, les gens ne pourraient pas accéder.
La diversité croissante des formes de ménage requiert un choix de logements plus varié dans chaque zone, chaque district et chaque quartier. Nous prévoyons dans chaque quartier un éventail de toutes sortes d’habitations à des niveaux de prix variés. Cet éventail fonctionne comme base de la diversité dans toute la ville et a un effet modérateur sur le prix des logements.
Aucune habitation ne peut être située à plus de 300 mètres d’un espace vert doté de bancs et de jeux. Nous développons des aires de repos dans la ville jusque dans des mini-parcs. Nous fusionnons les jardins intérieurs d’un bloc d’appartements pour en faire un petit parc communautaire destiné aux habitants du bloc, en tant qu’espace vert privé à utilisation publique. Nous organisons le maillage vert et bleu du territoire en développant notamment des micro forêts urbaines.
Quatre. Créer une ville ensemble. Pas de développement sans participation citoyenne
- Lors du lancement de nouveaux projets, la Ville doit organiser une véritable participation démocratique et travailler à l’implication des habitants. Contre les pratiques actuelles d’envoyer un toutes-boîtes sans rien faire pour susciter la démocratie.
- Les autorités politiques doivent respecter l’avis des services compétents.
- Inverser l’ordre des opérations : d’abord la concertation avec le voisinage, ensuite un projet et un planning.
- « Bottom-up » : une démocratie qui part des gens (et pas des autorités) est une caractéristique importante de notre développement urbain.
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Nous voulons également inverser l’ordre des opérations : d’abord, concertation avec le quartier et, ensuite, le projet et le planning. Comment s’y prend-on pour l’instant ? Les autorités communales commencent par mettre à disposition des promoteurs immobiliers des lots « valorisables » de terrains à bâtir. Il s’agit pour elles d’aider les promoteurs à réussir leur projet, comme le déclarait par le passé l’échevin Firket à propos du projet de la Chartreuse. D’abord, on se tracasse de « rendre l’habitat plus attractif pour le promoteur », quitte à opérer des découpages en lots complètement défavorables à un quelconque projet d’ensemble cohérent. La nouvelle majorité PS-MR n’a évidemment pas dérogé à cette logique, et ce dans tous les projets des six dernières années.
Et, une fois que le promoteur a concocté son projet, il reste aux citoyens quelques jours pour le découvrir et le contester dare-dare avant qu’il ne soit trop tard. Quel gâchis d’énergie, de temps et d’argent.
Un bon projet de rénovation urbaine part d’un diagnostic financier des problèmes et besoins locaux. En compagnie des habitants, des autorités communales et des administrations concernées, on élabore alors le plan pour le quartier. Ainsi, on crée une base portante. Ce n’est qu’en apprenant à connaître le quartier de l’intérieur que les autorités communales peuvent savoir quelles sont les lignes de force de ce quartier. Ce n’est qu’ensuite que les auteurs et promoteurs de projets peuvent réellement élaborer une ébauche.
C’est tout à fait à l’opposé de ce qui se fait actuellement. Aujourd’hui, les habitants sont tenus dans l’ignorance complète. Même lorsque le projet est recalé grâce à une mobilisation citoyenne forte, comme celui du Ry-Ponet, les négociations continuent à se faire en coulisses. Et on arrive même à imposer ce projet dans un schéma de développement d’arrondissement où, comme par hasard, les mêmes bureaux d’étude apportent leur « expertise » aux pouvoirs publics pour l’élaboration du Schéma de développement d’arrondissement et aux promoteurs privés « Neufcour » pour l’élaboration d’une seconde ébauche au Ry-Ponet.
Nous voulons donc que le développement urbain liégeois fonctionne « bottom-up » (du bas vers le haut). Le temps des immanquables sessions d’information, en sens unique du haut vers le bas, est révolu. L’époque du citoyen éveillé et des initiatives et mouvements citoyens a débuté. On ne compte plus aujourd’hui les actions de protestation de la base contre des interventions urbaines décidées d’en haut, ou les initiatives de développement de quartier à petite échelle. De telles initiatives locales parties de la base font en sorte que les possibilités et besoins locaux non connus ou méconnus figurent à l’ordre du jour. Aborder de ses propres forces un problème local est également un exercice d’émancipation, une forme d’empowerment. La ville est un laboratoire. L’espace ouvert est utilisé de façon collective et, brusquement, on voit apparaître une autre vie sociale dans le quartier. Il en va de même avec les potagers communautaires et les bars d’été des environs des terrains en friche. De telles initiatives peuvent dépasser le local. Ainsi, l’ancien aéroport de Tempelhof, à Berlin, a-t-il reçu une nouvelle affectation en devenant un véritable espace récréatif.
Les nombreuses friches industrielles sur le territoire de la ville pourraient recevoir des affectations novatrices si on prenait la peine d’en débattre avec les riverains et les associations du quartier. Souvent, il y a plus de connaissances et d’apports parmi les citoyens que dans le chef des pouvoirs publics. Oui, beaucoup d’expertise et une grande créativité sont présents. Créez de l’espace pour ce genre d’initiatives, encouragez-les et laissez-les travailler de façon indépendante et critique, au lieu de les faire taire (souvenons-nous du destin réservé au projet de la Dentisterie à Bavière) ou de les enfermer dans la politique communale.
Une ville qui tient compte des femmes
Nous voulons établir une véritable égalité entre femmes et hommes, sans discrimination. Nous voulons que les femmes soient protégées du sexisme, du harcèlement et des violences. Les femmes ont droit à un accès équitable au marché du travail, sans différence de salaire ou de pension basée sur leur sexe. Nous voulons la suppression de la contrainte des rôles traditionnels, avec plus de temps et de place pour les femmes afin qu’elles s’épanouissent pleinement.
Si la majorité PS-MR fait mine de prendre en main ces inégalités, force est de constater que peu de mesures concrètes ont été prises ces dernières années. Il y a encore de la part du PS et du MR une sous-estimation et un manque d'ambition pour que la moitié de la population ait réellement sa place dans la ville, et y soit en sécurité. Un exemple : lors des différents points que nous avons amenés au conseil communal sur cette question (l’application App-elles, le harcèlement d’une travailleuse du personnel communal…), ce n’est pas Christine Defraigne (échevine de l’égalité Femmes-Hommes) qui nous a répondu sur ces dossiers, mais bien le bourgmestre lui-même. Symptomatique, sans doute, du peu d’importance accordé à cette compétence dans le collège. Il y a pourtant beaucoup à faire.
Supprimer l’inégalité de genre est une question de choix de société dans de multiples aspects de la vie communautaire. La Ville aussi doit faire ces choix. Nous voulons que Liège soit une ville qui tienne compte des femmes. Une ville qui s’attaque efficacement aux inégalités entre les femmes et les hommes.
Un. Investir dans la prévention des violences faites aux femmes
- Nous misons sur une éducation relationnelle à l'école, adaptée selon l'âge. À partir de l'enseignement secondaire, cela inclut l'éducation sexuelle.
- Nous développons une culture favorable aux femmes et à l’égalité. Stop au soutien à des projets sexistes.
- Nous luttons contre la publicité sexiste et stéréotypée dans le paysage urbain et dans les projets dont la ville est partenaire.
- Nous associons les Liégeoises à la résolution des problèmes dans les quartiers, par l’organisation de marches exploratoires. Nous entrons aussi en dialogue régulier avec les associations de terrain, et les impliquons lors des projets urbains pour anticiper les meilleures options pour la sécurité des femmes.
- Nous travaillons avec le milieu festif liégeois, et leur offrons aide et formation pour protéger les femmes du harcèlement et des violences sexistes.
- Nous formons et aidons le personnel enseignant et le personnel de la petite enfance, pour l’éducation à l’égalité filles-garçons dès le plus jeune âge.
- Dans les écoles et dans les crèches, nous encourageons les jeux en mixité, et portons une attention à ce que les enfants développent des relations autant avec des filles qu’avec des garçons.
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C’est par une prévention vaste et adéquate que nous prenons le problème à la racine. Car il faut un changement de mentalité. Parce que le problème est largement répandu dans la société, il faut l’aborder au niveau de la société au sens large. La prévention commence dès l’enfance, en donnant la priorité à une éducation relationnelle et affective, puis, dans le secondaire, sexuelle. Cette formation est inscrite dans les normes finales transversales, mais le manque de temps et de moyens rend parfois difficile la mise en œuvre effective par les écoles. La Ville doit s’engager à ce que ses écoles aient à leur disposition suffisamment de moyens pour mettre en œuvre des projets d’EVRAS à long terme et à l’échelle de toute l’école ainsi que dans ses maisons de jeunes. Des approches non-mixtes peuvent être un soutien dans ce genre de démarches comme l’ont expérimenté certaines maisons de jeunes de la région liégeoise. C’est dans ce sens que les conseillères PTB Léa Tuna, Céline Fassotte et Louise Ferida Defawes ont interpellé de manière constructive la majorité pour faire de l’EVRAS un point crucial de la politique liégeoise.
La prévention, c’est aussi se faire le promoteur d’une culture qui tienne compte des femmes. Les projets qui portent atteinte à l’intégrité des femmes, la Ville ne peut pas les soutenir. Nous voulons bannir de ses rues la publicité sexiste qui véhicule une image de « femme-objet » ; renforçant encore l'inégalité entre les sexes, ainsi que les stéréotypes sexistes. Stockholm, Paris, Londres et Genève se sont engagées à bannir de leurs rues la publicité sexiste. Liège peut suivre leur exemple. La ville peut se faire assister pour cela par le Jury d’éthique publicitaire, le JEP.
L’espace public est destiné aux femmes aussi. Afin de s’y sentir en sécurité, la Ville doit développer un plan d’aménagement du territoire qui tienne compte de la situation des femmes. Il faut améliorer l’éclairage de certains quartiers, des parkings souterrains, des parcs, etc.. Nous sommes de nombreuses fois intervenus pour alerter sur les problèmes d’éclairage dans le centre-ville, par exemple en novembre 2022 lorsque les dommages liés au chantier du tram ont plongé des quartiers entiers de la ville dans le noir… renforçant l’insécurité pour les femmes en particulier.
Pour prendre en mains cette problématique, il faut s’appuyer sur les femmes elles-mêmes en organisant des marches exploratoires avec les habitantes et les usagères des quartiers, comme celles organisées par la Commission Femmes et Ville, avec avis contraignant. C’est en ce sens que nous avions proposé que la Ville de Liège participe au programme international Safer Cities for Girls ; pour construire des villes sûres, responsables et inclusives avec et pour les adolescentes âgées de 13 à 18 ans. En juillet 2023, la Ville a annoncé son entrée dans le programme en tant que « Safer City ». Une très bonne nouvelle.
Nous souhaitons aussi faire un travail de sensibilisation et d’aide au milieu festif liégeois. Par exemple afin d’avoir des équipes de personnes formées pour intervenir en cas d’agressions ou de violences sexuelles ou sexistes et venir également en aide à la victime. Avec cette proposition, nous voulons prendre exemple sur des festivals qui le réalisent déjà comme Manifiesta (notre fête de la solidarité) avec la safe zone ou encore Esperanzah, festival pionnier en la matière, avec le plan SACHA (Safe Attitude Contre le Harcèlement et les Agressions).
Enfin, nous travaillons avec les écoles et le secteur de la petite enfance. L’enfance est le moment le plus important dans la vie d’un humain, c’est là que se fait l’apprentissage. Nous voulons donc éduquer dès l’enfance à l’égalité filles-garçons.
Deux. Prendre soin des femmes victimes de violences ou de sexisme
- La concertation avec les associations de terrains doit devenir la règle. Trop souvent, les associations ne sont pas considérées alors qu’elles possèdent une grande expertise dans ce domaine.
- Nous soutenons le Centre de prise en charge des violences sexuelles en aidant à développer une antenne au centre-ville et en veillant à organiser la collaboration avec les associations de terrain. Nous voulons également faire mieux connaître ce centre auprès du public en sensibilisant sur le terrain, notamment les étudiantes à l’Université et dans les hautes écoles.
- Nous développons toutes les opportunités que présente une application pour repérer et aider les victimes de violences, comme celle dont s’est dotée la Ville (App-elles) suite à notre proposition.
- Nous voulons des commissariats de police dans les quartiers, accessibles 24h/24 et sans rendez-vous.
- Nous formons le personnel policier à l’accueil des victimes de violences sexistes et aux violences intrafamiliales.
- Dans son approche, la Ville doit aussi tenir compte du travail à effectuer envers les agresseurs (collaboration avec Praxis p.ex.).
- Nous voulons libérer plus de fonds pour augmenter l’accueil des femmes victimes de violences (refuges). Malgré les fonds donnés par le gouvernement Fédéral (1 million d’euros pour 27 structures), les moyens ne sont clairement pas suffisants.
- Nous voulons réserver des logements sociaux aux femmes victimes de violences.
- Nous voulons que la Ville adopte un code de conduite, et qu’elle place dans tous les services communaux une personne de confiance formée pour accompagner les victimes de violences.
- Nous accordons une aide financière aux ASBL locales qui font un travail de fond avec les femmes.
- Nous rendons hommage aux victimes de féminicides, et travaillons dans l’espace public à éradiquer des expressions telles que « crime passionnel » qui tendent à expliquer ou à justifier partiellement ce qui n’est rien de moins que le meurtre d’une femme.
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En matière de violences sexuelles, notre ville a connu plusieurs féminicides ces dernières années. Entre 2017 et 2022, il y a eu neuf féminicides à Liège. Nous nous rappelons notamment du meurtre de Louise Lavergne, 22 ans, assassinée par un récidiviste. Ces meurtres de femmes, parce qu’elles sont femmes, nous rappellent que l’accueil des victimes dans les commissariats n’est toujours pas à la hauteur : pas de plainte, pas de P-V transmis au Parquet, pas d’information transmise aux instances surveillant la liberté conditionnelle, juste une note interne à la police. Chaque jour, ce sont neuf femmes qui se font violer en Belgique. Huit femmes sur dix ont déjà été victimes de harcèlement. Et un viol sur dix, seulement, fait l’objet d’une plainte dans notre pays.
Ces dernières années, nous avons organisé avec notre mouvement de femmes Marianne plusieurs rassemblements d’hommage à ces victimes de féminicides. Mais nous avons aussi fait des propositions à la Ville. Par exemple, nous avons relayé l’idée du mouvement de jeunes RedFox, que la Ville développe une application qui permette aux femmes victimes d’un acte sexiste de prévenir en direct leurs proches ainsi que la police. Notre proposition a été accueillie favorablement par la majorité PS-MR. Celle-ci a finalement opté pour une application déjà existante dans une trentaine de pays, « App-elles », qui permet aux femmes de désigner des contacts privilégiés qui seront immédiatement contactés. Un pas dans la bonne direction. Encore faudra-t-il développer davantage la promotion de l’application, dans toutes les écoles, dans tous les bus, à la radio, sur les panneaux publicitaires…
En 2004 est parue à Liège la circulaire « tolérance zéro » qui a permis une meilleure prise en compte par la police des plaintes concernant les violences faites aux femmes. D’ailleurs en 2006, cette circulaire a été étendue au niveau fédéral. Or, actuellement, les associations de terrain constatent que nous en sommes revenus à la situation d’avant 2004, où ces problématiques ne sont plus autant prises au sérieux. La plupart des femmes victimes de violences ne les dénoncent pas à la police. Elles hésitent souvent par crainte de ne pas être prise en considération. Le personnel de l’accueil des victimes doit donc recevoir une formation spécifique. La proximité d’un poste de police joue aussi un rôle. C’est pourquoi nous voulons des commissariats de police accessibles dans chaque quartier, avec la possibilité de déposer plainte sans rendez-vous, et 24h/24. Nous voulons également repenser l’aménagement des bâtiments pour éviter des situations comme au commissariat de Natalis par exemple où les personnes annoncent la raison de leur venue dans un hall devant les personnes qui font la file.
Nous pouvons nous inspirer de la cellule de police EVA (Emergency Victim Assistance) de Bruxelles, qui a été créée en juillet 2020. Cette cellule de police est composée de quatre inspecteurs et d'un inspecteur en chef. Ces cinq inspecteurs sont spécialement formés pour les faits de mœurs. Ils travaillent en étroite collaboration avec le Centre de prise en charge des violences sexuelles et d'autres organismes d'aide. Ils prennent les dépositions, écoutent les victimes et donnent des formations internes et externes sur les violences intrafamiliales et sexuelles.
Les victimes de violences et de sexisme doivent également avoir droit à une aide de qualité et gratuite. Après les témoignages de #MeToo, le gouvernement a décidé d’ouvrir plusieurs centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles (Leuven, Anvers, Charleroi, Namur et Genk), auxquels les victimes peuvent s’adresser pour un secours médical et psychologique, une enquête médico-légale, le dépôt d’une plainte et son suivi. Une bonne initiative, mais celui de Liège reste encore méconnu des Liégeoises et n’est pas facilement accessible. Les autorités communales devraient y octroyer plus de moyens afin de le faire connaître et développer une antenne locale au centre-ville pour faciliter son accessibilité. Nous voulons également encourager la collaboration entre ce centre et les associations
Le taux élevé des violences familiales reste préoccupant et doit être pour la police une priorité. Les refuges sont un besoin vital pour les femmes qui veulent échapper à une situation de violence. Il ne peut pas y avoir de manque de place à ce moment-là. Les autorités doivent libérer plus de moyens pour l’accueil des femmes, engager plus de personnel et prévoir plus de places d’accueil.
Nous voulons libérer plus de fonds pour augmenter l’accueil des femmes (refuges). Malgré les fonds versés par le gouvernement Fédéral (1 million d’euros pour 27 structures), les moyens ne sont clairement pas suffisants. Les refuges pour les femmes victimes de violence sont souvent saturés et les places d’accueil affichent fréquemment complet. Il faut ainsi augmenter les moyens pour l’accompagnement des victimes de violences conjugales avec un plan ambitieux de lutte contre les violences à l’égard des femmes avec des mesures concrètes. Cela permettrait d’engager du personnel supplémentaire et de dégager des places supplémentaires. Ces moyens permettraient également d’être investis dans la prévention et dans des campagnes de communication pour faire connaître la ligne d'écoute pour les violences conjugales 0800 300 30 (pour les victimes, témoins et professionnels).
La Ville doit aussi prendre en main et soutenir, en collaboration avec les associations de terrain (par exemple, l’asbl Praxis), le travail à faire envers les agresseurs afin de sortir de ce réflexe de considérer la victime responsable des violences.
Trois. L’égalité sur le marché du travail
- Nous éliminons complètement l’écart salarial dans les entreprises et services de la ville. Nous créons une commission chargée de la surveillance de l’égalité salariale.
- Nous bannissons des entreprises et services de la Ville le travail à temps partiel obligatoire. En cas de nouveaux postes vacants, il faut d’abord veiller à augmenter le nombre d’heures des travailleuses qui sont déjà en poste et le souhaitent.
- Nous pratiquons, au niveau de la Ville et de manière proactive, des tests de pratique contre le sexisme.
- Nous instaurons un mécanisme d’éga-conditionnalité : pas d’argent public pour des structures qui ne sont pas en accord avec la loi et l’égalité salariale.
- Nous veillerons à ce que le port du foulard ne soit pas un motif de non embauche pour le personnel communal. « Ce qui importe c’est ce qu’il y a dans la tête, pas sur la tête ».
- La Ville doit soutenir les formations qualifiantes pour les femmes afin de les aider dans leur démarche d’insertion dans le marché du travail.
- Nous faisons une expérience pilote de réduction collective du temps de travail en testant la semaine des 30 heures (voir chapitre emploi).
- Nous travaillons à la reconnaissance de la pénibilité du travail des puéricultrices en crèche et travaillons à de meilleures conditions de travail (temps de travail, salaire, personnel en suffisance…).
- Nous travaillons en interne des structures communales à la déprécarisation des métiers féminisés et organisons la mixité des métiers.
- Nous encourageons et développons la possibilité de prendre des congés de paternité.
- Concernant les parcours d'insertion professionnelle, nous travaillons à la mise en place d’une discrimination positive pour les mères de famille monoparentales.
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La Ville est un employeur important et emploie beaucoup de femmes. C’est l’idéal pour lutter contre l’écart salarial et pour un engagement des femmes à temps plein. Les conditions de travail et le travail à temps partiel sont déterminants pour l’écart salarial.
Ce serait un grand pas en avant si la Ville supprimait la logique du travail à temps partiel dans les services et les entreprises autonomes de la Ville et si, lors de nouvelles places vacantes, les travailleurs qui désirent augmenter leur nombre d’heures avaient la priorité. Nous voulons également que le port du foulard ne puisse être invoqué afin de ne pas embaucher quelqu’un au sein de l’administration communale. Cette mesure discriminatoire limite le droit au travail des femmes.
La Ville doit éliminer complètement l’écart salarial dans tous ses services. Elle peut créer pour cela une commission de contrôle ou éventuellement s’appuyer sur la Commission Femmes et Ville en lui donnant certaines prérogatives. Des tests pratiques au niveau de la Ville peuvent également contrer une discrimination sexiste sur le marché de l’emploi.
En mettant sur pied une expérience pilote de réduction collective du temps de travail via la semaine des 30 heures, la Ville pourrait également prendre en main une revendication importante en ce qui concerne l’égalité homme-femme, en libérant plus de temps libre ou en créant les conditions objectives pour mieux répartir la charge de travail et les tâches domestiques.
Nous voulons aussi travailler à un mécanisme « d’égo-conditionnalité ». Comme l’explique Sylvie Pierre-Brosselette, présidente du Haut conseil de l’égalité entre les femmes et les hommes en France, sur Radio France : « Cela paraît un terme un peu barbare, mais c'est une idée très simple : il ne faut pas donner un euro d'argent public (…) sans contrepartie d'égalité hommes-femmes ». En échange de fonds publics, les entreprises et institutions devraient « au minimum se mettre en règle avec la loi et au mieux faire progresser la cause », poursuit-elle, citant par exemple le versement « de meilleurs salaires, de meilleurs promotions » ou la mise en place de mesures « de lutte contre le harcèlement sexuel ».
Quatre. Pas de discrimination envers les femmes, ni dans l’espace public, ni dans les institutions
- Nous éclairons les rues sombres et les parcs (par exemple avec des éclairages éco-responsables avec détecteurs de mouvement) de manière à renforcer la sécurité pour les femmes.
- Nous investissons dans des toilettes publiques gratuites fixes et durables ; notamment dans les bâtiments publics utilisables, pour y installer des toilettes (musées, bibliothèques…).
- Nous prévoyons des espaces de soins où changer et nourrir les bébés et nourrissons.
- Dans les transports publics, en particulier en soirée, nous travaillons à rendre possibles des arrêts à la demande pour que les femmes puissent être déposées le plus près possible de chez elles.
- Nous donnons plus de noms de femmes à nos rues et nos places, en particulier de féministes.
- Dans les marchés d’urbanisme, la prise en compte du genre dans la production d’espace public devient un critère obligatoire et éliminatoire.
- Nous instaurons une représentation de femmes et d’hommes qui tend à l’égalité, au moyen de quotas, dans les conseils d’administration et les entreprises communales.
- Nous mettons à disposition des étudiantes des protections menstruelles gratuites dans chaque école du pouvoir organisateur de la Ville de Liège (écoles secondaires et supérieures).
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Une ville qui tient compte des femmes favorise l’égalité et l’applique sur son propre terrain. Notamment par la représentation égale de femmes et d’hommes, au moyen de quotas, dans les conseils d’administration et les entreprises communales.
Les associations locales travaillent avec les femmes à la lutte contre les discriminations, à la prévention des violences et du sexisme, à l’accueil des victimes, etc. Elles ont un rôle important d’émancipation. La Ville doit mettre ce rôle en valeur. Ces associations aussi ont besoin de plus de moyens pour remplir leur rôle.
La plupart du temps, celles et ceux qui doivent se soulager d’urgence ne peuvent s’adresser qu’à l’horeca ou à des magasins. On doit alors payer pour aller aux toilettes. Il y a trop peu de toilettes publiques et uniquement des urinoirs. Cette situation impacte surtout les femmes. Avec le PTB, nous avons obtenu la mise sur pied de toilettes publiques gratuites dans plusieurs parcs en été, c’est un pas dans la bonne direction pour garantir un accès à ce besoin fondamental. Positivement, la ville a débloqué 60 000€ pour louer un local pour des toilettes publiques. Mais il n’y a toujours rien de concret derrière cela. Nous voulons que la Ville investisse dans des toilettes publiques gratuites fixes et durables ; notamment dans les bâtiments publics utilisables pour y installer des toilettes (musées, bibliothèques…).
Celle qui se rend en ville avec un bébé ou un nourrisson n’a pas beaucoup de possibilités pour le changer ou le nourrir. Où réchauffer un biberon ou une panade ? Où donner le sein tranquillement ? Allaiter est un fait naturel qui doit être possible partout dans l’espace public. Mais, en plus, des espaces réservés à l’allaitement peuvent être utiles pour les mères qui veulent nourrir leur enfant en toute tranquillité.
Cinq. Renforcer la prise en charge des enfants par les services publics
- Nous élargissons l’offre publique de l’accueil de l’enfance. Plus de crèches publiques accessibles financièrement et plus de personnel dans chaque crèche pour un bon accueil des enfants, ainsi qu’une réserve en cas d’absences ou de manque de puéricultrices.
- Nous élargissons l’accueil public pendant les congés et en dehors des heures d’école.
- Nous envisageons la mise sur pied du projet Bébébus, une halte-accueil itinérante pour les enfants de 1 an à 3 ans avec soutien à la parentalité, dans les quartiers de Liège comme elle est pratiquée à Herstal, Saint-Nicolas et Villers-le-Bouillet.
- Nous remettons à disposition un service de garde-malade communal pour les enfants de moins de 3 ans.
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Les femmes continuent toujours à assumer la plupart des obligations de soins, le care. Des services publics forts et de qualité soulagent les familles et en particulier les femmes. Mais le coût des crèches et de l’accueil extrascolaire rendent ceux-ci inaccessibles pour beaucoup de parents. Il existe un lien direct entre de bonnes garderies abordables et la participation des femmes au marché du travail. C’est pourquoi nous voulons pour les enfants l’augmentation du nombre de places en crèche ainsi que l’offre d’activités extra-scolaires abordables et de qualité.
Ces dernières années, les puéricultrices des crèches publiques ont maintes fois alerté sur le manque criant de personnel. Il aura fallu plusieurs grèves, ainsi que des interventions au conseil communal, pour que l’échevin commence à prendre cette question en main. Mais elle est loin d’être résolue. Il faut engager du personnel pour combler les manques dans les équipes existantes et les aider en cas d’absences ponctuelles de puéricultrices. En 2022-2023, l’échevin a commencé à travailler à la mise sur pied d’une équipe tournante de puéricultrices pour aller aider ponctuellement là où il y a des besoins.
Nous voulons aussi développer de nouvelles crèches et ouvrir de nouvelles places. Celles et ceux qui ont des enfants ont fait l’expérience de ces carences : concilier le travail (ou la recherche d’emploi) et l’éducation, la garde ou l’accueil de ses enfants ne se fait pas sans difficulté. Les entreprises demandent de plus en plus de flexibilité avec des horaires de plus en plus variables. Et ceci, alors que les places d’accueil pour la petite enfance sont insuffisantes. Ce sont les femmes qui sont le plus souvent touchées par ce manque d’offre. La situation est d’autant plus préoccupante que Liège est une des villes de Wallonie qui connaît le plus haut taux de familles monoparentales. On se retrouve ainsi devant des pièges à l’emploi qui voient des jeunes femmes avec enfants dans l’impossibilité de chercher un emploi parce qu’elles doivent assumer la garde de leurs enfants et qu’elles sont dans l’impossibilité de trouver une place dans une crèche.
Nous avons également proposé d’envisager la mise sur pied du projet Bébébus dans notre commune. Il s’agit d’une halte-garderie itinérante permettant aux parents de faire garder leur enfant (0-3 ans) une journée. Une offre qui permet de se rendre à un entretien professionnel ou de souffler un peu. Les communes qui ont mis cela sur pied, mettent des locaux à disposition du Bébébus et les parents participent à hauteur de 5€. Nous pourrions commencer par les quartiers les plus éloignés du centre-ville, comme Wandre, Jupille, Grivegnée, Sclessin, Rocourt… Cette mesure pourrait soulager un grand nombre de parents, et encore plus les familles monoparentales où les femmes sont majoritaires.
Six. Le droit à l’avortement
- Nous donnons davantage d’aide financière pour les centres de planning familiaux pratiquant l’avortement.
- Nous créons un fonds de soutien aux femmes en situation financière précaire pour les soutenir financièrement face aux frais d’une telle intervention.
- Nous faisons mieux connaître les lieux où l’avortement est pratiqué à Liège, ainsi que le processus de demande pour une IVG. De la première prise de contact aux consultations de suivi avec l'aide de professionnels qualifiés, et ce, afin que l'ensemble de la démarche se déroule dans les meilleures conditions possibles (dans le respect des décisions des femmes et sans jugement).
- Nous voulons faire connaître à un plus grand nombre de femmes la pilule du lendemain (pilule contraceptive d’urgence) gratuite dans les centres de plannings familiaux et l’obtention d’informations sur les autres moyens de contraception (préservatif, implant…).
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Le choix de devenir mère ou non est un des droits d’autodétermination des femmes. Il appartient à chaque femme de déterminer ce qui arrivera à son corps. Ce droit est opprimé dans le monde entier. En Belgique également, ce droit n’est pas totalement acquis. L’avortement est encore et toujours présent dans le droit pénal. Cependant, l’avortement n’est pas un crime, mais un traitement médical. La Ville peut contribuer à ce droit d’autodétermination en soutenant des centres de plannings familiaux pratiquant l’avortement. Elle doit également faire mieux connaître les lieux où l’avortement est pratiqué à Liège afin que les femmes soient informées sur le processus de demande d'IVG. Elle peut aussi créer un fonds pour les femmes en situation précaire, pour avancer les frais d’une telle intervention.