Notre programme pour faire de Liège une ville plus sociale
Une ville sans pauvreté
Combattre la pauvreté doit être une priorité du prochain collège communal . La majorité PS-MR n’a que trop peu fait de la lutte contre la pauvreté une priorité. Elle n’a pas financé le CPAS à hauteur de ses besoins. Et tout le monde peut le constater sur le terrain. Pour vendre la ville aux investisseurs, le bourgmestre PS Willy Demeyer cherche à chasser les pauvres de l’hyper-centre, notamment en maintenant un règlement anti-mendicité, illégal en regard de la jurisprudence du Conseil d’Etat et de la Cour européenne des droits de l’homme en matière de mendicité, ou encore via des dispositifs anti-SDF comme on en retrouve sur certains bancs ou à l’entrée d’immeubles. Les autorités font aussi pâle figure quand il s’agit de soutenir les ASBL qui viennent en aide aux plus démunis.
De plus, les mesures d’austérité du gouvernement fédéral prévoient d’exclure des dizaines de milliers de personnes du chômage, et c’est un coût immense qui va se reporter sur les communes. Pour LIège, on parle de 20 à 70 millions d’euros. Nous devons entrer en résistance face à ces mesures.
La pauvreté ne touche plus uniquement les plus précaires de notre société. Elle touche également des travailleurs qui n’arrivent plus à payer leur facture d’énergie, à rembourser leur prêt hypothécaire ou encore à louer un logement décent pour leur famille. C’est d’autant plus vrai depuis la pandémie de COVID-19, les inondations de l’été 2021 et la crise énergétique. Ces crises à répétition ont fait basculer de nombreux foyers dans la précarité, au mieux temporaire, au pire de longue durée. C’est pour ces différentes raisons que nous proposons des mesures concrètes de lutte contre la pauvreté. Cela devra notamment passer par un refinancement adéquat du CPAS, qui doit être le garant des droits fondamentaux de tous, par des services communaux à l’écoute des citoyens et à la recherche de solutions pour les aider (plutôt que d’être avant tout dans une logique de contrôle), et par un soutien du monde associatif qui lutte contre la précarité et des différentes actions de solidarité. Nous voulons également offrir des repas chauds gratuits dans les écoles, favoriser l’accès automatique aux denrées alimentaires, en facilitant notamment l’accès aux divers services existants et en luttant contre le gaspillage alimentaire des grandes surfaces. Nous voulons créer des Maisons de la Solidarité dans chaque quartier. La lutte contre la pauvreté nécessite que les droits aux allocations sociales soient accordés automatiquement, que le droit au logement et à un emploi de qualité soient garantis pour chaque individu. Enfin, nous voulons garantir l’accès à l’eau et à l’énergie en tant que droit humain fondamental. En résumé, notre objectif est de détruire la pauvreté, pas de chasser ou de cacher les pauvres.
Un. Le CPAS, garant de la dignité de toutes et tous, doit être renforcé et refinancé
- La responsabilité ultime du CPAS est de garantir une vie conforme à la dignité humaine à tous ceux qui séjournent sur le territoire de la ville. Nous refinançons le CPAS afin qu’il puisse assurer, de manière adéquate, l’exécution de la politique sociale au niveau local, en partenariat avec la société civile.
- Nous refinançons le CPAS afin qu’il puisse, dans les meilleures conditions possibles, offrir un accompagnement de qualité à toute personne nécessitant une aide, basée sur la garantie des droits fondamentaux de chacun. Ce refinancement doit permettre de vérifier, pour chaque citoyen, quels sont les droits et allocations sociales auxquels il a droit.
- Le revenu d’intégration sociale (RIS) doit être garanti pour toute personne dont le revenu est inférieur au seuil européen de pauvreté.
- Nous voulons que la Ville relève, au travers d’une aide financière complémentaire, le revenu d’intégration sociale au-dessus du seuil européen de pauvreté.
- La Ville met en place un projet pilote d’augmentation inconditionnelle du revenu d’intégration sociale des familles monoparentales, et envoie ainsi un signal fort à l’intention du gouvernement fédéral.
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La pauvreté gagne du terrain à Liège. Notre ambition, l’éradiquer
Le nombre de Belges vivant sous le seuil de la pauvreté était en diminution depuis 2018. En 2022 et suite aux différentes crises, la tendance s’est inversée. A Liège, l’augmentation de la précarité d'une partie de la population saute aux yeux. Devant les centres commerciaux, sur les places publiques et aux terrasses des cafés, des personnes mendiantes abordent les chalands. Des personnes SDF vivent dans les tentes un peu partout au cœur et aux alentours de la ville. Mais la pauvreté aujourd'hui touche également de plus en plus de travailleurs liégeois actifs. Se payer aisément logement, nourriture, vêtements, frais scolaires, factures est difficile pour une partie toujours plus grande de Liégeois·es. Sur base des chiffres de la pauvreté pour l’année 2022, quelque 2.144.000 Belges, c’est-à-dire 18,7% de la population, courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (AROPE). Un pourcentage qui grimpe à 24,2% pour Liège. Le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) a également explosé ces dernières années. Un total de 10.830 habitants touchent le RIS à Liège, ce qui représente 5,5% de la population liégeoise, et une partie de plus en plus importante concerne les jeunes. Concernant les personnes âgées, 11,39% d’entre elles vivent avec la retraite minimale (GRAPA), contre 10,22% en 2018. À Liège, comme ailleurs, on observe également une augmentation du nombre de personnes sans-abris. En 2020, plus de 800 dossiers sans-abris étaient gérés par la cellule SDF du CPAS. Un chiffre que nous abordons avec prudence. Non seulement parce que toutes les personnes SDF ne sont pas suivies par le CPAS, mais on peut également supposer une forte augmentation de ce nombre suite aux crises à répétition ces dernières années. La pauvreté gagne clairement du terrain à Liège. Force est de constater que les politiques du bourgmestre PS, consistant à masquer (sans succès) la pauvreté plutôt qu’à l’éradiquer, se sont révélées inefficaces.
Or, statut socio-économique (SSE) et santé vont souvent de pair. Être pauvre rend malade et être malade rend pauvre. Les personnes ayant un SSE plus élevé vivent en général plus longtemps, mais également en meilleure santé. Plus encore que la santé physique, c’est la santé mentale, et plus précisément l’anxiété et la dépression, qui est impactée par les inégalités socio-économiques (SE). Plusieurs explications existent pour expliquer la prévalence de ces troubles chez les personnes à plus faible SSE. Vivre dans la pauvreté est souvent associé à beaucoup d'incertitudes, notamment dues à la non-régularité des revenus ou à l’anticipation des difficultés de fin de mois. Une exposition constante au stress pour gérer cette incertitude peut affecter la santé mentale. Un revenu plus faible est également lié de manière importante à la santé physique, mais également à un accès plus difficile aux soins de santé, ce qui peut également impacter la santé mentale. L’isolement social et le sentiment de solitude, souvent plus importants chez les personnes les plus pauvres, les rendent également particulièrement vulnérables face aux problèmes d’anxiété et de dépression.
Il est aussi important de rappeler qu'être pauvre peut tuer. Chaque année, des personnes meurent des suites de la vie dans la rue. Entre mars et avril 2024, la rue a fait sept victimes à Liège, sans que le bourgmestre ni la majorité ne s'en alarment. Les citoyens de la rue sont pourtant aussi des Liégeois et des Liégeoises.
À la fin du Moyen Âge, les couches les plus élevées de la population donnaient une explication morale aux problèmes sociaux de la ville, autrement dit ceux qui en étaient victimes étaient « responsables » de ce qui leur arrivait. Noblesse et clergé faisaient croire aux gens que chacun était responsable de son bonheur ou de son malheur et que la pauvreté était un péché, la conséquence d’un mode de vie oisif ou inapproprié. Cette approche moralisatrice refait surface aujourd’hui. Les discours de « responsabilisation » des bénéficiaires d’allocations de remplacement (chômage, RIS, GRAPA…) ne visent qu’une chose : dédouaner les partis traditionnels et leurs politiques libérales d’austérité et faire porter la culpabilité sur les victimes de cette pauvreté galopante. À l’échelle communale, la majorité PS-MR actuelle porte également une responsabilité certaine. En 2009, le bourgmestre PS annonçait en grandes pompes 250 mesures pour combattre la pauvreté en concertation avec le monde associatif. Résultat, peu de ces mesures ont été mises en œuvre. Pire, les autorités ont plusieurs fois démontré leur volonté de chasser les pauvres du centre-ville, en maintenant un règlement anti-mendicité illégal (cf. la jurisprudence du Conseil d’État et de la Cour européenne des droits de l’homme en matière de mendicité), ainsi qu’avec des dispositifs anti-SDF placés à différents endroits de la ville (par exemple, des accoudoirs sur les bancs).
Un CPAS financé de manière adéquate, des services communaux à l’écoute des citoyens et séparés de toute fonction de contrôle pour favoriser une relation de confiance doivent faire partie des priorités politiques. Prioritaire aussi, le soutien au monde associatif qui fournit un travail de terrain important dans cette lutte contre la précarité. De plus, lutter contre la précarité et offrir à chacun les possibilités d’un avenir digne passent également par la possibilité de se nourrir, de se loger, de se chauffer et d’obtenir un emploi qui permet de garantir une certaine sécurité. Nous voulons également que chacun obtienne les allocations auxquelles il a droit. Cela implique bien entendu de prendre des mesures structurelles. Cette responsabilité ne relève pas seulement du gouvernement wallon et du gouvernement fédéral, mais aussi de la Ville, puisqu’elle est la mieux placée pour lutter contre la pauvreté. Sa force, en effet, est qu’elle est plus proche des gens, ou du moins devrait et pourrait l’être. Logement, emploi, santé, enseignement et épanouissement sont des droits humains fondamentaux. Tous ces droits sont repris séparément dans ce programme. Ici, nous nous intéressons principalement aux personnes qui se trouvent dans une situation sociale précaire, et plus spécifiquement aux différentes solutions possibles.
Les anciennes Commissions d’Assistance publique avaient pour mission de venir en aide aux « indigents ». L’aide octroyée était une faveur et non un droit. Ce n’est qu’en 1976, avec l’arrivée de la loi sur les CPAS que cette aide devient un droit. La loi confirme le droit de chacun de bénéficier de l’aide sociale « qui doit permettre au demandeur de vivre une vie conforme à la dignité humaine ». Cette loi charge donc le CPAS d’assurer ce service. Le passage de l’aide aux indigents à l’aide sociale est un pas important dans notre développement démocratique. On reconnaît par là qu’avec ses aléas, le libre marché n’est pas en mesure de garantir une sécurité d’existence pour tous.
En 2002, sous le gouvernement arc-en-ciel de Verhofsdadt (coalition PS-MR-Ecolo), la loi de 1974 sur le minimum de moyens d’existence est remplacée par la loi concernant le droit à l’intégration sociale. Les mots ont leur importance. Le revenu d'intégration est plus difficilement octroyé. C’est l’état dit « social actif » où il faut activer les bénéficiaires du CPAS, c’est-à-dire conditionner l’octroi du minimex pour pouvoir sanctionner et exclure les plus fragiles. En 2016, le gouvernement fédéral MR-NVA a imposé à tous les CPAS la mise en place obligatoire avec les bénéficiaires du RIS d’un dit « Projet Individualisé d’Intégration Sociale » (PIIS en abrégé). Ce PIIS a complètement modifié la relation de confiance entre le travailleur social et la personne aidée. Désormais, un plan avec plusieurs étapes est à respecter et à co-signer dans un contrat. Le non-respect de ce contrat peut engendrer des sanctions pour l’usager du CPAS pouvant aller jusqu’à la suspension d’un mois de revenu. Cette contractualisation de la relation entre le CPAS et son bénéficiaire est néfaste puisqu’elle met à mal la nécessaire confiance à établir entre les deux parties. Elle conditionne également l’octroi du revenu d’intégration sociale, pourtant dernier filet de sécurité pour les travailleurs sans ressources et sans emploi. Comme pour les politiques dites d’activation des chômeurs, cette politique veut mettre l’accent sur la responsabilité individuelle, loin d’une responsabilité collective et solidaire. Dans un pays qui compte 292 000 chômeurs, n’est-ce pas absurde de faire porter la responsabilité à chaque chômeur pris individuellement ? La nouvelle politique communale des CPAS vise surtout à modifier le comportement des gens en les invitant à chercher un meilleur emploi (oui, mais où ?), à chercher un logement meilleur marché (oui, mais où ?).
Il est nécessaire de mettre en place un filet de sécurité ultime pour les gens confrontés à des difficultés sociales, de manière à ce que toute personne qui en a besoin puisse recevoir une aide appropriée. Les assistants sociaux du CPAS doivent faire face à une certaine « marchandisation ». Ils ont de moins en moins de temps à consacrer aux contacts humains et au suivi et doivent de plus en plus s’investir dans les tâches administratives, l’autonomie et les contrôles. Alors que le travail social c’est avant tout un travail axé sur les relations avec l’humain et non avec un ordinateur. À Liège, les assistants sociaux (AS) traitent chacun une centaine de dossiers, alors que le nombre de 90 dossiers est considéré comme un maximum à ne pas dépasser pour continuer à fournir un suivi de qualité dans de bonnes conditions. Ces conditions de travail engendrent un turnover important parmi les agents du CPAS, rendant difficile le développement d'une relation de confiance entre agent et citoyen. Il est donc urgent d’embaucher au moins 10% d’assistants sociaux supplémentaires si l’on veut effectivement offrir l’accompagnement individualisé correct d’un référent unique à chaque usager du CPAS.
Avec l’explosion du nombre de bénéficiaires du CPAS, la Ville n’a pas pris la mesure de cet enjeu d’urgence sociale. Malgré le fait que la loi prévoit une augmentation de la dotation du CPAS de 2,5% par an, celle-ci a stagné alors même que le nombre de dossiers n’a cessé d’augmenter. Les synergies CPAS-Ville imposées par le CRAC, notre FMI régional, et ses plans de gestion ne sont que des plans d’économies déguisés. On contracte les frais de fonctionnement et le travail social s’en trouve grandement touché. Nous avons interpellé la majorité PS-MR chaque année depuis 2019 pour alerter sur le manque de budget.
Cela est d’autant plus urgent que l’Inspection du Service public fédéral de programmation, SPP Intégration Sociale, a épinglé en 2017 le CPAS de Liège pour les délais anormalement longs pour examiner les demandes de revenu d'intégration. Parfois six semaines pour un premier rendez-vous, alors que, selon la loi, une décision doit être prise endéans un mois maximum. Nous voulons que chaque dépassement du délai légal pour une demande d’aide urgente donne droit à une avance sur paiement. Nous voulons aussi que cessent les suspensions de paiement sans notification aux bénéficiaires. Le même rapport d’inspection a en effet dénoncé à juste titre les suspensions sans décision du Conseil ni notification au bénéficiaire.
Enfin, les atteintes à la vie privée se multiplient au CPAS de Liège. Nous y mettons fin. C’est aussi une question de respect de la dignité humaine. Fournir des extraits de compte bancaire pendant trois mois, subir des visites domiciliaires dégradantes à l’improviste au nom de la lutte contre la fraude sociale, c’est inconcevable, alors que la majorité des informations sont disponibles d’une manière autrement plus respectueuse des personnes. Nous mènerons des campagnes de sensibilisation sur les droits de chaque usager du CPAS dans sa relation avec l’institution, en particulier le droit d’être entendu par le Conseil de l’Aide Sociale. La violence institutionnelle du CPAS nous est insupportable comme elle l’est à ses nombreux usagers qui restent souvent impuissants à faire valoir leur droit. Nous ferons en sorte que le CPAS renoue avec la confiance et la sollicitude qu’il doit témoigner envers ses usagers. Nous sommes très fiers d’avoir contribué au fait qu’en 2017, le CPAS de la Ville de Liège s’est déclaré « ville hors service communautaire » grâce au dépôt d’une motion du groupe PTB au conseil communal. La Cour constitutionnelle a par ailleurs confirmé notre position en annulant le service communautaire en 2018. Nous poursuivrons cet engagement contre le travail forcé et gratuit qui se cache derrière le service dit « communautaire ».
Nous voulons que la Ville et le CPAS assument à nouveau leur responsabilité ultime et garantissent une vie digne à chaque habitant, en reprenant le contrôle de la politique sociale locale, et en impliquant la société civile en tant que partenaire à part entière et non dans un rôle de « sous-traitant » ou « d’extincteur ». Mettre en place un « filet de sécurité ultime » implique également la garantie pour chaque Liégeois d’avoir un revenu lui permettant de mener une vie conforme à la dignité humaine. Aujourd’hui, le revenu d’intégration sociale se situe pour certaines catégories bien en dessous du seuil de pauvreté. Le revenu d’intégration sociale d’une personne isolée, par exemple, était fixé début 2023 à 1214,14 euros, alors que le seuil de pauvreté pour un isolé est fixé à 1366 euros. Pour une personne ayant au moins une ou plusieurs personnes à charge, ce montant est de 1640,83 euros, alors que le seuil de pauvreté pour un ménage de 2 adultes et 2 enfants est fixé à 2 868 euros (chiffres 2022). La différence ici est de plus de 1000 euros. C’est le gouvernement fédéral qui fixe le montant du revenu d’intégration. Malgré les nombreuses promesses du ministre de l’augmenter au-dessus du seuil de pauvreté, on en est encore très loin.
Si nous continuons à lutter pour l’individualisation des droits au niveau fédéral, nous voulons qu’aujourd’hui la colocation et la cohabitation soient possibles sans que cela ampute le revenu d’intégration. À l’heure actuelle, le CPAS assimile la colocation au statut de cohabitant, même si les personnes n’entretiennent pas de relations familiales entre elles. La conséquence, c’est que le revenu d’intégration passe alors de 1651,22 euros à 825,61 euros (en 2023). Nous serons également attentifs aux traitements des dossiers jeunes et aux recours systématiques aux « débiteurs alimentaires » pour justifier les refus d’aides sociales.
Enfin, nous voulons que le CPAS saisisse avec ambition toutes les opportunités qui se présentent à lui. L’inverse de ce qu’a fait son président Jean-Paul Bonjean (PS) en 2022: celui-ci a en effet gâché 2,5 millions € d’aides octroyées par le fédéral suite à la dure période du COVID. L’argent n’ayant pas été dépensé dans les temps, il est retourné au gouvernement fédéral. C’est une aberration de n’avoir pas utilisé ce fonds jusqu’au moindre centime, vu les besoins qui explosent. On pourrait presque qualifier cela de non-assistance à personne en situation de grande précarité. Antonio Gomez Garcia, conseiller communal PTB, a interpellé le collège communal à ce sujet en 2022, pour éviter que cette faute ne se reproduise avec le fonds « Énergie ».
Deux. Des services communaux accessibles, à l’écoute des citoyens et un accompagnement individualisé séparé de toute fonction de contrôle.
- Nous voulons des services communaux accessibles et à la portée de tous les citoyens. L’objectif est d’éliminer toutes les barrières potentielles d’accès à ces services.
- Nous permettons aux services de faire passer l’écoute et l’aide avant le contrôle. L’objectif premier des fonctionnaires et employés au guichet ne doit pas être la réglementation, mais la manière dont ils vont pouvoir répondre à la demande d’aide du citoyen. Des services à l’écoute permettent un travail sur mesure, adapté aux besoins spécifiques de chacun.
- Les Plans Individualisés d’Insertion Socioprofessionnelle (PIIS) ont mis à mal la relation de confiance nécessaire entre assistant social et bénéficiaire du CPAS. Nous insistons sur le fait que l’accompagnement doit être séparé de toute fonction de contrôle, pour favoriser le développement de cette relation de confiance.
- La continuité de l’accompagnement doit être garantie. En effet, une bonne relation de confiance est indispensable lorsqu’un accompagnement social est nécessaire.
- Nous embauchons plus d’assistants sociaux dans les services communaux, et notamment au CPAS. Ils doivent avoir le temps nécessaire pour assurer un accompagnement individualisé dans de bonnes conditions.
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Aujourd’hui, beaucoup de gens se retrouvent complètement perdus dans les méandres des services administratifs et du CPAS. Nous voulons des services accessibles, à la portée de tous et à l’écoute des citoyens.
- Nous voulons des services accessibles en termes de distance. Il doit être également possible de se présenter pour prendre un rendez-vous : la prise de rendez-vous ne doit pas uniquement se faire en ligne et donc nécessiter un ordinateur. Les listes d’attente sont longues pour obtenir un rendez-vous auprès des services de guidance budgétaire et de médiation de dettes. Il importe donc de développer ces services et de les rendre plus accessibles en multipliant les bureaux.
- Nous voulons des services à la portée de tous : pas de termes compliqués, pas de jargon, pas de méandres informatiques, mais une assistance sur mesure, avec l’intervention d’un interprète le cas échéant.
- Nous voulons des services à l’écoute : le point de départ des fonctionnaires et employés au guichet ne doit pas être la réglementation, mais la manière dont ils vont pouvoir répondre à la demande d’aide. Il s’agit donc d’un travail sur mesure. La première chose que doit faire l’agent au guichet est de vérifier avec le demandeur s’il a bien été fait appel à toutes les aides auxquelles il a droit, et de voir comment on va pouvoir assurer la garantie de ses droits sociaux fondamentaux.
Lorsqu’un accompagnement social est nécessaire, une relation de confiance doit être développée avec le conseiller et la continuité de l’accompagnement doit être garantie de manière à éviter aux demandeurs de devoir répéter leur histoire à chaque fois qu’ils se présentent. Nous voulons offrir aux gens un accompagnement sur mesure et suivant leur propre rythme, c’est-à-dire plus long si cela s’avère nécessaire, et avec un conseiller attitré.
Trois. Un soutien aux associations et à toutes les actions de solidarité qui luttent contre la précarité.
- Nous écoutons activement et aidons les associations de lutte contre la pauvreté.
- Nous stoppons la vente de bâtiments communaux et établissons un plan pour qu’une partie d’entre eux puissent accueillir le siège d’associations qui en ont besoin. Ces associations locales doivent pouvoir travailler dans les meilleures conditions possibles, ce qui inclut notamment de réduire au maximum les contraintes matérielles auxquelles elles font face.
- Nous soutenons et encourageons les actions de solidarité et de soutien envers les populations les plus précarisées, et ce également dans l’espace public.
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Les associations locales de lutte contre la précarité sont au cœur des problèmes de précarité sur le territoire, ce qui leur confère une expertise du terrain importante. Cette connaissance approfondie du contexte liégeois leur permet d’identifier les besoins spécifiques à ce contexte. De plus, ces associations peuvent souvent réagir aux situations d’urgence de manière rapide, notamment grâce à leur proximité avec les personnes en situation de précarité, mais également avec de nombreux autres acteurs œuvrant contre la précarité à Liège. Une assistance immédiate peut être vitale dans certaines situations. Pour 2024 et 2025, la Ville de Liège a reçu 5,4 millions d'euros de la Région wallonne dans le cadre du plan « territoire zéro sans abrisme ». Un souffle d'oxygène certes bienvenu, mais largement insuffisant au regard des besoins colossaux nécessaires pour traiter efficacement le problème du sans-abrisme. Lorsque des moyens sont limités, il faut utiliser chaque euro au mieux. Pour cela, l'octroi de ces moyens devrait s'accompagner d'une obligation pour la Ville de consulter les associations de terrain qui sont les plus à même d'orienter les budgets le plus judicieusement.
Au lieu de cela, la majorité de ces associations vont continuer de travailler avec des ressources limitées, tant en termes de financement, de personnel ou de matériel, que de locaux. Il est dès lors important que la Ville puisse soutenir ces associations, ainsi que toutes les actions de solidarité sur le territoire, pour leur permettre de travailler dans les meilleures conditions possibles.
Par exemple, ces associations de terrain et des bénévoles se sont relayés quasiment quotidiennement dans la gare des Guillemins pour rencontrer les personnes sans-abris qui y trouvent refuge la nuit, pour leur offrir les soins, l’écoute, les repas et couvertures nécessaires à leur survie. Ces associations et personnes de terrain connaissent les conditions de vie du parking des Guillemins et alertent depuis longtemps sur la situation délétère de ce « lieu de vie ». Elles connaissent bien non seulement les conditions de vie de ce parking, mais également la population qui y loge et ses besoins spécifiques. Durant cette mandature, les associations se sont mobilisées à de nombreuses reprises devant l’Hôtel de Ville de Liège pour interpeller les pouvoirs publics du problème d’hébergement qu’allait poser l’expulsion des sans-abris trouvant refuge dans la gare, comme c’était encore le cas en avril 2023. Ces associations et ces bénévoles manquent non seulement de moyens, mais également et surtout de l’écoute et du soutien des responsables communaux et des différents services de la Ville. Nous voulons que la Ville travaille en collaboration avec ces associations, et leur offre un soutien tant financier que matériel, à la hauteur de leurs besoins.
Il en va de même quant à la fourniture de locaux pour ces associations. À plusieurs reprises, certaines d’entre elles comme Benoît et Michel, Cœur sdf ou les Abeilles solidaires (centre de dons pour les sinistrés des inondations), ont demandé au bourgmestre de l’aide pour un local. A chaque fois la même réponse : « je vais voir ce que je peux faire ». Et puis plus rien. Pendant ce temps, la vente de bâtiments et de terrains communaux a continué. C’est pour nous incompréhensible. Le patrimoine public doit rester dans les mains publiques, si nous voulons pouvoir aider ces associations, mais aussi développer davantage les services publics.
Enfin, contrairement aux autorités actuelles, nous voulons encourager les initiatives solidaires envers les plus démunis. En 2019, les pompiers de Liège ont organisé une distribution de pains saucisses à l’occasion du réveillon du Nouvel an. Une action qui fait chaud au cœur. Et pourtant… les autorités ont interdit aux pompiers de faire cette distribution. L’argument de Willy Demeyer ? Il « souhaite que cela se fasse dans de bonnes conditions pour les personnes fragilisées. (...) Un contact est proposé aux pompiers désireux d’organiser une distribution de hot-dogs mardi 31 pour les mettre en relation avec ces services et ainsi organiser leur événement dans de meilleures conditions de dignité humaine». Ou comment encadrer et casser tout élan de solidarité chez les Liégeois.
Quatre. Des repas chauds, gratuits et sains dans les écoles
- Nous assurons à chaque élève, du début à la fin de sa scolarité, un repas chaud, gratuit et sain par jour à l’école. Fournir à chaque élève un repas chaud, sain et équilibré par jour contribue à la réduction des inégalités sociales.
- En attendant d’obtenir un repas gratuit pour tous, nous gelons les prix des repas scolaires, qui, fin de l’année académique 2021-2022, avaient déjà augmenté de plus de 8%.
- Nous faisons en sorte que les écoles obtiennent les aides financières et les infrastructures nécessaires pour pouvoir mettre cela en place facilement. Cela passe également par un personnel ouvrier en nombre suffisant, et donc des écoles financées à la hauteur de leurs besoins.
- Ces repas sont élaborés sur base de normes nutritionnelles élevées et tiennent compte des dernières avancées scientifiques concernant l’alimentation saine, ce qui nécessite de penser ces plans alimentaires avec des professionnels du métier et/ou en tenant compte des dernières recommandations de l’OMS. Ces recommandations doivent être adaptées au contexte des écoles, ce qui signifie qu’elles doivent pouvoir être facilement mises en place, donc sans nécessiter d’importantes ressources matérielles et/ou financières.
- Nous permettons aux écoles de participer aux programmes de lutte contre le gaspillage alimentaire, en favorisant la mise en place de projets permettant l’utilisation des invendus alimentaires, par exemple des supermarchés, lorsque cette solution est considérée comme adaptée dans le contexte spécifique de chaque école.
- Ces repas sont également durables et favorisent autant que possible les circuits courts et la collaboration avec les producteurs locaux.
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La réduction des inégalités sociales passe également par l’accès à une alimentation de qualité. Actuellement, à Liège, un enfant sur quatre vit dans la pauvreté, chiffre qui risque d’augmenter au vu des crises qui se succèdent et rendent le coût de la vie quotidienne intenable pour de nombreuses familles. L’appel lancé par la Fédération Wallonie-Bruxelles aurait déjà dû permettre à tous les élèves de l’enseignement maternel et des deux premières années primaires d’obtenir des repas chauds, de qualité et gratuits pour la rentrée académique 2022. Occasion cependant manquée par l’échevin Jean-Pierre Hupkens (PS) qui n’a pas répondu à cet appel dans les délais imposés. La Ville est ainsi passée à côté de repas chauds gratuits pour les élèves de 26 écoles communales à Liège en 2022-2023. En cette période où tous les prix augmentent, notamment celui des repas chauds dans les écoles, indexés et passant à 4€ pour un enfant du primaire et à 3,70€ pour un enfant de maternelle, son manque de conviction est d’autant plus irresponsable. Pendant ce temps, les multinationales leaders de la distribution de repas scolaires, telles que Sodexo, Compass group ou Aramark, réalisent des profits records.
De plus en plus d’élèves vont à l’école le vendre vide ou sautent un repas en raison de l’augmentation des prix. En fournissant une alimentation équilibrée à l’école, on assure à chaque enfant l’accès à au moins un repas nutritif par jour. Cela contribue à une amélioration de la santé, mais également à une meilleure capacité de concentration, ce qui aide à réduire les inégalités de santé et scolaires liées au statut socio-économique. Cela permet d’alléger le coût pour les parents, tout en luttant contre l’inégalité dans les boîtes à tartines. L’école, par un tel dispositif, peut également participer à l’apprentissage de bonnes habitudes alimentaires et favoriser ainsi l’adoption de tels comportements sur le long terme.
Nous sommes intervenus plusieurs fois au conseil communal afin d’obtenir enfin ces repas chauds gratuits pour les enfants des écoles de la Ville. Cette bataille aura porté ses fruits pour l’année académique 2023-2024 : les élèves de maternelle, ainsi que de la 1ère et 2ème année primaire de 26 écoles de l’enseignement communal liégeois auront eu des repas chauds, de qualité et gratuits dès septembre 2023. Cette mesure a été reconduite, maintenant pour cinq ans, et dans 40 écoles. Nous voulons maintenant que cela soit élargi à l’ensemble des écoles, et pour tous les élèves, qu’importe l’année d’enseignement.
Cela nécessitera bien entendu que les écoles soient financées à la hauteur de leurs besoins. Le projet de définancement de 30 millions d’euros des écoles du réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) est en ce sens totalement contre-productif. Le personnel ouvrier, qui sera directement impacté par cette mesure, joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement des établissements scolaires, et notamment au niveau de la restauration scolaire. La préparation de repas nutritifs pour chaque élève exige plus de moyens matériels et des moyens humains adéquats. Des repas gratuits c’est important, et il faut des gens pour les préparer. En attendant l’obtention d’un repas gratuit pour tous les élèves, le PTB a déposé à la Région wallonne une motion demandant de geler les prix des repas scolaires… Un texte rejeté par la majorité wallonne PS-MR-Ecolo.
Cinq. Nous favorisons l’accès automatique aux denrées alimentaires
- Nous améliorons l’accès automatique aux denrées alimentaires, notamment en facilitant l’accès aux divers services existants, comme les colis alimentaires, les restaurants sociaux et les associations d’aide alimentaire, ainsi qu’aux services liés.
- Nous rendons l’accès inconditionnel à ces aides et à ces services liés.
- Nous diminuons le gaspillage alimentaire. Pour ce faire, nous amplifions les projets existants qui permettent le don des invendus de supermarchés. À terme, nous généralisons la reprise et la redistribution des invendus de supermarchés.
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Liège compte de plus en plus de personnes dans le besoin. Précarité qui impacte également le besoin fondamental de s’alimenter. Le nombre de familles faisant appel aux associations dépendant de la banque alimentaire ne cesse d’augmenter. De plus en plus d’enfants se rendent à l’école le ventre vide ou sautent un repas, à cause de l’augmentation du prix dans les cantines scolaires. Dans l’attente de mesures structurelles concrètes pour lutter contre la pauvreté, nous avons la responsabilité d’apporter une réponse aux citoyens dans le besoin avec des mesures d’urgence sociale. Nous voulons garantir à tous le droit de s’alimenter en suffisance et correctement, en facilitant l’accès aux divers services existants comme les restaurants sociaux et les associations d’aide alimentaire. Comme nous l’avons expliqué plus haut, de nombreuses personnes ne demandent pas les aides auxquelles elles pourraient prétendre par sentiment de honte, par méconnaissance ou toute autre raison. Nous entendons donc faciliter l’accès à ces aides et aux services liés de manière automatique et inconditionnelle, en nous basant aussi sur l’expertise et la vision des associations de première ligne.
On ne peut admettre que, d’un côté, des personnes aient des difficultés pour se nourrir et que, de l’autre, il y ait un gaspillage de denrées alimentaires. Plusieurs supermarchés liégeois donnent déjà leurs invendus grâce au projet de la « Table alimentaire liégeoise ». Nous voulons systématiser ce projet et avancer vers une généralisation de la reprise et la redistribution des invendus des supermarchés. Nous renforcerons aussi les équipes de la collecte quotidienne des denrées alimentaires et du matériel frigorifique sera acquis pour respecter la chaîne du froid.
Six. Une Maison de la Solidarité dans chaque quartier
- Nous créons des Maisons de la Solidarité dans chaque quartier, avec un maximum de 10 000 habitants par Maison de la Solidarité. La Maison de la Solidarité a pour tâche d’assurer un large éventail de services facilement accessibles.
- La Maison de la Solidarité apporte son aide aux citoyens qui sont confrontés à des problèmes d’ordre administratif selon le concept « café et papiers ». Autrement dit, c’est autour d’une tasse de café ou de thé que les citoyens seront aidés pour régler et remplir leurs papiers et documents officiels, pour éplucher leur facture d’énergie et pour résoudre d’autres problèmes de cet ordre.
- La Maison de la Solidarité propose une guidance budgétaire, une guidance professionnelle et un accompagnement en matière de logement. Elle offre également un encadrement pour la résolution de problèmes liés aux dettes d’énergie et d'eau et une assistance en matière d’enseignement, d’éducation et de formation.
- Des visites à domicile et un travail de proximité sont organisés afin d’informer les habitants et de les inviter à se tourner vers la Maison de la Solidarité.
- Des activités et moments de convivialité sont organisés pour permettre aux habitants du quartier de se rencontrer. Avec l’aide des animateurs et des assistants sociaux, nos Maisons de la Solidarité construiront ainsi des quartiers forts, chaleureux et solidaires.
- Nos Maisons de la Solidarité sont élaborées avec le monde associatif de terrain, en valorisant leur expertise dans l’accompagnement social.
- Des locaux communaux sont mis à disposition de ces Maisons de la Solidarité. Elles doivent être financées par la ville, de manière adéquate et pérenne.
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Aujourd'hui, malgré les efforts des travailleurs sociaux sur le terrain, l’aide est devenue plus difficile d’accès. Suite aux crises à répétition, comme la pandémie de COVID-19, la crise énergétique ou encore les inondations de l’été 2021, de plus en plus de citoyens ont du mal à s’en sortir financièrement et accumulent les dettes. De nombreuses personnes ne savent pas vers où se tourner pour obtenir de l’aide, et n’ont souvent pas connaissance des aides auxquelles elles ont droit, offrant ainsi peu de moyens pour sortir de cette situation de précarité. Prévenir vaut mieux que guérir, et offrir des services et une aide accessibles aux citoyens doit faire partie de la solution.
Une ville se distingue au travers des services qu’elle propose. C’est pourquoi nous voulons que la ville offre à ses citoyens un vaste éventail de services facilement accessibles. Nous voulons des Maisons de la Solidarité dans chaque quartier, avec un maximum de 10 000 habitants par Maison de la Solidarité. Ces Maisons de la Solidarité jouent également le rôle de centre communautaire et veillent à ce que les droits sociaux fondamentaux de tous les habitants du quartier soient concrétisés. Elles se construisent avec l’expertise du tissu associatif liégeois et avec les habitants du quartier. La Maison de la Solidarité apporte son aide aux citoyens en cas de problèmes administratifs selon le concept « café et papiers ». Autrement dit, c’est autour d’une tasse de café ou de thé que les citoyens sont aidés à remplir leurs papiers et documents officiels, à éplucher leur facture d’énergie et à résoudre d’autres problèmes de cet ordre. La Maison de la Solidarité aide également les habitants à vérifier s’ils reçoivent bien toutes les aides sociales auxquelles ils ont droit, car, la plupart du temps, les gens ne les réclament pas. La Maison de la Solidarité offre une guidance budgétaire, une guidance socioprofessionnelle, un accompagnement en matière de logement, un encadrement pour la résolution de problèmes liés à l’alimentation ou aux dettes d’énergie et eau, ainsi qu’une assistance en matière d’enseignement et d’éducation.
À Liège, il s’agit de repenser le modèle des régies de quartier actuelles et de l’étendre. Nous pensons qu’il faut faire de ces régies de quartier de véritables Maisons de la Solidarité, ouvertes sur l’ensemble du quartier, et hébergeant un maximum d’initiatives sociales locales (école de devoirs, guichet énergie, accompagnement logement…), allant au-delà de la dynamisation des quartiers et de l’insertion et la guidance socioprofessionnelle.
Le PTB s’était battu en 2014 avec les habitants du quartier Saint-Léonard pour le maintien du service RELIEF à la régie de quartier. Ce n’est qu’en 2016 que la Ville, en collaboration avec le FOREM, rouvrira finalement un relais emploi dans le bâtiment de la régie. Nous voulons construire un projet global de quartier intégré autour de ces Maisons de la Solidarité dans tous les quartiers de Liège, en collaboration avec les associations actives sur le terrain. Des locaux sont mis à disposition par la commune, avec un financement pérenne à hauteur des besoins réels de ces Maisons de la Solidarité. Avec des animateurs et des assistants sociaux, ces Maisons de la Solidarité pratiquent la co-décision et la co-gestion avec l’ensemble des habitants du quartier. Nous voulons que cette participation citoyenne puisse faire naître des projets d’innovation sociale qui collent aux spécificités de chaque quartier et aux besoins de sa population, tout en favorisant la cohésion sociale et le bien-vivre ensemble. Ces projets peuvent prendre des formes très diverses, telles que la création d’épiceries sociales, de restaurants communautaires, de « donneries » ou « repair-cafés », de réseaux d’échanges de services ou accorderies, de tables de conversation, potagers collectifs ou groupes d’achats collectifs, pour ne citer que quelques exemples.
Les Maisons de la Solidarité organisent également des tournées dans les quartiers et un travail de proximité afin d’informer et d’inviter les habitants à se tourner vers leur Maison de la Solidarité. C’est l’occasion aussi de déceler d’éventuels besoins spécifiques au quartier, à approfondir par la suite. Avec l’aide des assistants et animateurs de quartier, ces Maisons de la Solidarité construisent des quartiers forts, chaleureux et solidaires. Des activités sont organisées pour donner aux habitants du quartier l'occasion de se rencontrer. Cela permet non seulement de lutter contre la solitude, mais aussi d’améliorer la sécurité et la solidarité. Une situation bénéfique pour tous.
Dans une ville de Liège où de nombreuses associations se donnent corps et âme pour organiser un accompagnement social digne pour les plus démunis et où les financements structurels manquent cruellement pour accomplir ce travail, nous pensons que les Maisons de la Solidarité doivent se construire sur de solides bases financières pour fédérer ce monde associatif, éviter la chasse épuisante aux subsides et aux appels à projet et garantir un fonctionnement pérenne.
Sept. Octroi automatique des droits
- Nous mettons en place une organisation qui assure l’octroi automatique des différentes allocations sociales auxquelles les citoyens ont droit. Cela peut facilement se faire par une procédure en ligne.
- Nous appliquons le principe de « demande unique ». Cela permet qu’une fois le document déposé à l’administration, il puisse être réutilisé de manière automatique par les administrations dans le cadre d’autres demandes. Cela permet de simplifier les procédures administratives non seulement pour le citoyen, mais également pour les administrations. Cela facilite l’octroi automatique des différents droits.
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Le manque de données et d’outils sur lesquels appuyer les analyses fait qu’il est à l’heure actuelle difficile de mesurer le nombre de personnes ne réclamant pas les allocations auxquelles elles ont droit, mais on les sait nombreuses. De nombreux facteurs peuvent expliquer ce phénomène de non-recours, dont le sentiment d’être perçu comme profiteur ou fraudeur lorsqu’on va frapper à la porte du CPAS, conséquence directe de la politique de culpabilisation prônée par les partis de droite et d’extrême droite.
Se méfier des exclus ou les enfoncer ne fait qu’appauvrir la société. Il est crucial d’offrir à ces personnes une aide leur permettant de dépasser ces barrières les empêchant de réclamer les allocations auxquelles elles ont droit. L’accueil du CPAS est perçu par beaucoup comme peu à l’écoute, sentiment accentué par le fait qu’il est demandé, à chaque fois, de prouver au moyen d’une multitude d’attestations, documents et extraits bancaires que l’on est réellement dans le besoin. À chaque fois, il faut subir les réprimandes de la politique de droite : avez-vous vraiment fait tout ce qu’il fallait pour trouver un emploi ? Votre famille ne peut-elle pas vous aider ? Votre demande est-elle honnête, n’essayez-vous pas de frauder ? Les moyens, tant humains que matériels, déployés par le CPAS pour traquer la fraude sociale sont disproportionnés. La fraude sociale est inférieure à 2,5 % des dossiers, alors que 40 % des personnes ayant droit à une allocation n’en font pas la demande. Il est manifeste que les autorités du CPAS choisissent mal leurs priorités.
Alors que l’application Tax-on-web remplit pratiquement toute la déclaration fiscale à notre place, il faut rassembler un nombre invraisemblable de documents prouvant qu’on a droit à telle ou telle allocation sociale. Les autorités disposent de toutes nos données notamment depuis la mise en place de la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale (BCSS) et, malgré tout, il faut chaque fois apporter les preuves. En plus d’être éprouvant et humiliant, c’est totalement illogique. Nous voulons que cela change et que ces droits soient attribués automatiquement. Nous pensons qu’il est juste de contacter les personnes qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté pour les informer qu’elles ont droit à une aide du CPAS.
Les documents et justificatifs à produire sont souvent les mêmes pour les différentes allocations sociales. Il serait tout à fait possible de faire en sorte qu’un document déposé une fois puisse être réutilisé dans le cadre d’une autre demande. C’est ce que nous appelons le principe de la demande unique. Les choses seraient ainsi beaucoup plus faciles, tant pour le demandeur que pour l’administration.
Huit. Garantir le droit au logement pour tous
- L’accompagnement social en matière de logement est nécessaire. Nous équipons nos Maisons de la Solidarité d’un service d’accompagnement en matière de logement afin de pouvoir garantir le droit à un logement décent pour tous les citoyens.
- Nous encourageons les propriétaires à informer les services sociaux dès qu’un locataire a deux mois de retard dans le paiement de son loyer. L’exclusion ne sera possible que dans le cas où un autre logement est disponible.
- Nous développons un service d’intervention dans le paiement du loyer et d’accompagnement préventif en matière de logement. Nous voulons pérenniser l’octroi par le CPAS de deux mois de garantie locative aux bénéficiaires de l’aide sociale.
- Nous organisons tout au long de l’année un accueil des sans-abris, accessible sans condition ni plafond, de jour comme de nuit.
- Nous mettons en place un service Housing First séparé, capable de fonctionner conformément aux règles internationales du Housing First. En vertu de ce principe, nous garantissons à la personne qui s’adresse au service d’accueil d’urgence l’accès à un logement dans les trois mois.
- Le droit au logement devra également passer par une augmentation considérable du nombre de logements disponibles (voir chapitre « Une ville où chacun est bien logé »).
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Nos solutions pour des logements abordables à Liège sont développées dans un autre chapitre. Ici, nous nous intéressons brièvement aux mesures nécessaires pour protéger la population de la pauvreté. Nous voulons donc développer des services de médiation de dettes et de guidance budgétaire aisément accessibles dans les Maisons de la Solidarité. Dans ces maisons de quartier, nous voulons également proposer un accompagnement en matière de logement afin de préserver le droit à un logement décent pour tous. Récemment, en avril 2023, Securail émettait la volonté d’empêcher l’accès au parking de la gare des Guillemins à une quarantaine de personnes sans-abris qui y dorment chaque nuit. De nombreuses associations se sont mobilisées à plusieurs reprises devant l’Hôtel de Ville de Liège, pour interpeller les pouvoirs publics sur le manque de solution d’hébergement alternative. Nous avons relayé leurs demandes à plusieurs reprises. En avril 2023, alors que notre conseiller communal David Ambrosio alertait sur la situation de plus de 40 personnes logeant à la gare des Guillemins, menacées d’être expulsées début mai sans solution, le bourgmestre n’a trouvé d’autre réponse que de rappeler ce que la majorité a déjà mis en place (autrement dit : rien d’efficace), avant de prendre de longues minutes pour accoler une étiquette à toutes ces personnes dans la misère (drogués, sans papiers, handicapés, malades psychiatriques…). Le tout évidemment sans proposer aucune solution. Tout bonnement inacceptable de la part d’un bourgmestre « socialiste ».
Notre démarche se veut également préventive. Ainsi, nous voulons inciter les propriétaires à informer les services sociaux dès qu’un locataire a deux mois de retard dans le paiement de son loyer, qu’il s’agisse d’un logement social ou d’un logement privé. Nous voulons confirmer que le CPAS accordera désormais d’office à tout le monde deux mois de garantie locative, et non plus un mois comme c’était le cas auparavant. Nous voulons en outre développer, soutenir et promouvoir un service d’intervention dans le paiement du loyer et d’accompagnement préventif en matière de logement. Les assistants sociaux attachés à ces services se rendront sur place afin d’apporter une aide active aux locataires confrontés à des arriérés de loyer. Ensemble, ils analyseront les différentes options et examineront quelles sont les aides auxquelles le locataire a droit. Ils entreprendront ensuite des négociations avec le propriétaire pour éviter l’expulsion, laquelle ne sera possible que si un autre logement est disponible.
Nous voulons que les sans-abri puissent bénéficier de l’accueil d’urgence tout au long de l’année, sans condition et sans plafond, de jour comme de nuit. Nous voulons une infrastructure correcte avec des chambres de maximum quatre personnes et des places d’accueil séparées pour les familles avec enfants, ce qui implique une augmentation de la capacité d’accueil actuelle. Malgré les gros investissements dans la rénovation de l’abri de nuit et bien que la ville et le CPAS aient entrepris une augmentation du nombre de lits pour les personnes sans-abris et des logements de transit, cela s’avère encore insuffisant à l’heure actuelle.
La personne qui frappe à la porte du centre d’accueil d’urgence doit pouvoir accéder à un logement dans les trois mois en vertu du principe du Housing First. L’idée de base du Housing First est d’offrir un logement dans un premier temps et ensuite mettre en place une guidance sur mesure. Les études réalisées au niveau international ont démontré que le Housing First est le moyen le plus efficace et le plus rentable pour lutter contre le sans-abrisme. Nous voulons agrandir le service Housing First pour qu’il collabore, entre autres, avec les autres associations qui aident au relogement, avec un personnel professionnel fonctionnant conformément aux règles internationales du Housing First, ce qui implique un accès à des logements décents et durables dans toute la ville. Actuellement, le Housing First n’est pas considéré comme une solution sérieuse et reste largement sous-utilisé : jusqu'en 2023 à peine une cinquantaine de personnes avaient pu en bénéficier.
Nous voulons également une offre de logements diversifiée et suffisante ; nous comprenons que certains peuvent ne pas avoir envie de vivre dans un appartement ou une maison ordinaire, c’est pourquoi, pour ces personnes les « skæve huse » ou habitats légers peuvent être une option. Des expériences inspirantes existent en Ecosse, au Danemark ou encore aux Pays-Bas. En Belgique, seul le CPAS de Bossu a mis en place la solution d’habitats légers, élaboré avec l’ASBL « Spirale ». Nous voulons que les habitats légers soient une option pour les personnes à qui cette solution convient le mieux. Travailler avec des associations ayant déjà travaillé sur ce type d’habitats légers, telles que « Sortir du Bois », permettrait de capitaliser sur leur expertise.
Neuf. Un emploi stable, y compris pour les personnes précarisées ou considérées à risque de précarité
- Le personnel communal doit être représentatif de la population de la ville, et doit par conséquent inclure des personnes peu qualifiées, des personnes porteuses de handicap, des jeunes, des personnes issues de l’immigration, etc.
- La mise à l’emploi selon l’article 60 ne sera appliquée que si cette solution s’avère la plus satisfaisante pour la personne au chômage. Nous travaillons ici en collaboration avec des associations à but non lucratif, à même d’offrir l’expertise nécessaire.
- Le CPAS doit garantir un service de guidance professionnelle de qualité et de proximité. Avoir un emploi reste un levier essentiel pour sortir de la pauvreté et de l’isolement social.
- Nous mettons en place une organisation telle que la ville elle-même puisse prévoir un nombre significatif d’emplois pour les personnes porteuses de handicap.
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Garantir le droit au travail est un moyen de lutter contre la pauvreté. Pour les personnes sans emploi, le risque de sombrer dans la pauvreté est de 38 % contre 3,8 % pour les personnes qui ont un emploi. L’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage ». Ce droit au travail est également repris dans la Constitution belge.
Garantir à tout citoyen l’accès à un travail qui le protège de la pauvreté est le principal défi. Ce travail doit assurer un salaire digne si l’on veut éviter le phénomène des « travailleurs pauvres ». Or, on dénombre dans notre pays un travailleur pauvre pour vingt emplois. Plus de la moitié (52 %) des nouveaux emplois créés sont des emplois à temps partiel et près de la moitié (47 %) sont des emplois très mal rémunérés. Jamais on ne s’en sortira comme ça.
La qualité du travail est également un défi. Surcharge de travail, flexibilité, contrats précaires et licenciements ont un impact dévastateur sur notre santé et notre bien-être. Il est important de répartir le travail de manière à ce que chacun contribue selon ses moyens. Il importe d’insister sur les termes « selon ses moyens », car les personnes précarisées ou souffrant d’un handicap ont souvent besoin d’un travail adapté et d’un encadrement plus important sur le plan professionnel.
Les solutions en matière d’emploi pour la ville de Liège sont reprises dans le chapitre qui s’y rapporte. Ici, nous nous intéressons à la situation sur le marché du travail des personnes précarisées, mais également aux personnes en situation de handicap (mental et/ou physique), souffrant d’une maladie chronique, ou encore sans diplôme ou peu qualifiées, ce qui les rend particulièrement vulnérables sur le marché du travail. La plupart des personnes sont disposées à travailler, mais ne savent pas toujours comment. Pour pouvoir garantir à tous le droit au travail, il est nécessaire d’avoir des mesures spécifiques, ce qui nécessite des moyens supplémentaires. En contrepartie, les retombées positives sur le plan humain et financier sont énormes.
Aujourd’hui, l’administration communale compte de plus en plus sur des bénévoles. Des emplois communaux autrefois rémunérés sont remplacés par du travail bénévole. Nous voulons supprimer ces emplois bénévoles et, de cette manière, libérer des emplois pour les personnes précarisées ou à risque de précarité qui, grâce à un emploi fixe, seront ainsi protégées du risque de pauvreté.
Nous voulons que la ville change sa politique en matière de personnel de manière à ce que celle-ci reflète la réalité sociale et accorde suffisamment d’attention aux personnes en difficulté sur le marché du travail. Aujourd’hui, de plus en plus de tâches et de services sont sous-traités à des entreprises où les conditions de travail et les salaires sont médiocres. Nous voulons que le personnel communal soit représentatif de la population. Il doit par conséquent inclure des personnes souffrant d’un handicap, des personnes peu qualifiées, des jeunes et des personnes issues de l’immigration. La ville pourrait en outre prendre ses distances par rapport au fétichisme du diplôme de manière à favoriser la mobilité sociale. Il faut davantage mettre l’accent sur les compétences acquises antérieurement (CAA), ce qui aura un impact positif non seulement sur les groupes cibles les plus vulnérables, mais améliorera également les chances de transition.
La mise à l’emploi selon l’article 60 ne sera appliquée que si cette solution s’avère la plus satisfaisante pour l’intéressé. Ces emplois sont en effet trop souvent des emplois temporaires et faiblement rémunérés. Nous travaillerons en collaboration avec des associations à but non lucratif, à même d’offrir l’expertise et l’encadrement nécessaires. Nous voulons en outre de réelles possibilités d’évolution pour éviter que la personne ne se retrouve par la suite une nouvelle fois sans emploi.
Le CPAS doit garantir un service d’orientation professionnelle de qualité et de proximité. Avoir un emploi reste un levier essentiel pour sortir de la pauvreté et de l’isolement social. Le CPAS doit assurer un service de guidance professionnelle et garantir un accompagnement intensif le cas échéant.
Certaines personnes ne se sentent pas ou plus à leur place dans un emploi ordinaire ou un atelier protégé, et ce pour diverses raisons. Ces personnes ont pourtant, comme tout le monde, le droit de travailler pour pouvoir occuper utilement leurs journées, entretenir des contacts sociaux et garder leur dignité. Pour ces personnes, l’assistance par le travail peut être une solution. Les personnes souffrant d’un handicap physique ou mental pourraient ainsi travailler dans un atelier de réparation de vélos, un atelier de menuiserie ou une boulangerie.
Dix. L’accès à l’eau et à l’énergie est un droit humain fondamental
- Nous garantissons l’accès à l’eau courante et à l’énergie par la Commission consultative locale pour l’eau et l’énergie. Il n’y a donc plus de coupures ou de limiteurs de débit. L’accès est prioritaire par rapport au remboursement de la dette.
- Les frais de rappel pour les services de base comme l’énergie et l’eau sont supprimés.
- Nous misons davantage sur des solutions collectives, notamment au travers de l’octroi automatique des droits, plutôt que sur l’aide individuelle.
- Nous voulons que la Commission consultative locale puisse proposer aux personnes confrontées à des retards de paiement des solutions et des plans de remboursement réalisables.
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Notre Constitution prévoit que chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. Mais ce droit ne peut être garanti sans accès à l’eau et à l’énergie. L’eau et l’énergie ne sont pas des produits de luxe, mais des droits de première nécessité. Ils sont également indispensables pour notre santé. En priver les gens est donc particulièrement odieux. L’accès à l’eau et à l’énergie est un combat important pour le PTB. Nous avons mené une grande campagne et obtenu, en 2022, la diminution de la TVA sur l’énergie de 21 à 6%. En 2023, nous avons continué la lutte pour baisser et bloquer les prix de l’énergie, et récolté plus de 100 000 signatures en ce sens.
L’énergie est un besoin de première nécessité. Nous en avons tous besoin pour pouvoir nous chauffer, pour cuisiner et conserver les aliments, pour nous éclairer et pour un tas d’autres activités comme la communication, les études, l’information, les relations sociales, le travail et les loisirs. Pour beaucoup de gens, le poids de la facture d’énergie dans le budget du ménage est un réel problème, accentué depuis l’explosion récente des prix de l’énergie. Factures impayées, logements inadéquatement chauffés, cuisine malsaine et autres restrictions et contraintes en sont les conséquences. Les raisons qui expliquent les frais d’énergie élevés auxquels sont confrontées les personnes qui vivent dans la pauvreté sont nombreuses : pas d’accès aux tarifs les plus intéressants, mauvaise isolation de leur habitation, installations de chauffage défectueuses, etc.
En 2022, le CPAS de Liège élargit les conditions d’accès au tarif social. Toute personne isolée ou toute famille monoparentale dont la facture d’énergie dépasse 10% du salaire, et tout ménage dont la facture dépasse 15% du salaire, pourra faire la demande pour bénéficier du tarif social. Selon le président du CPAS, au moins un Liégeois sur deux devrait être concerné par cette mesure. Soit plus de 100 000 personnes. En réalité, l’élargissement des conditions a été pensé sur base du nombre peu important de personnes qui en feront effectivement la demande. Pour ces raisons, nous voulons que ce type de mesures soit mis en place de manière automatique pour toutes les personnes entrant dans les conditions, que ces mesures soient exceptionnelles ou non.
L’aide apportée par la ville et le CPAS aux personnes confrontées à la précarité énergétique est insuffisante. Le CPAS possède une cellule énergie ou Commission consultative locale pour l’énergie. Les personnes qui ont une dette envers leur fournisseur d’énergie sont redirigées vers un « fournisseur social » qui travaille directement avec la cellule énergie du CPAS. Avec le client, ils élaborent un plan de remboursement et l’obligent à installer chez lui un compteur à budget si la dette ne peut être remboursée directement. Ces compteurs à budget fonctionnent avec une carte rechargeable. Autrement dit, l’approvisionnement en gaz ou électricité n’est possible que si la carte a été rechargée. Cette mesure est pour nous insuffisante et contre-productive puisqu’elle aggrave le problème de précarité énergétique.
Les compteurs à budget coûtent énormément à la collectivité. Nous voulons mettre un terme à cette situation en donnant la priorité au droit à l’énergie plutôt qu’au remboursement de la dette, notamment en investissant davantage dans les solutions collectives. Le gouvernement Michel a cédé aux lobbies des fournisseurs et a autorisé en juillet 2017 ceux-ci à continuer à réclamer une facture jusqu'à 5 ans après son échéance alors que la jurisprudence limitait le délai de prescription du paiement d’une facture à un an (une facture qui est prescrite n’est plus due). Cela va aggraver la situation des plus précarisés.
La cellule énergie doit s’engager à garantir le droit à l’énergie pour tous. Elle doit donc élaborer avec le client un plan de remboursement réalisable qui assure un approvisionnement en énergie constant et suffisant. Notre souhait est également d’abolir les frais de rappel pour les services de base comme l’approvisionnement en eau et en énergie. L’octroi du tarif social et du statut de client protégé devrait se faire de manière beaucoup plus simplifiée. Au niveau wallon, nous voulons que l’octroi de ce statut soit également lié à un critère de revenus. Et nous militons pour garantir gratuitement une consommation de base permettant de rencontrer les besoins élémentaires.
L’eau est aussi un besoin de première nécessité. On en a besoin pour boire, cuisiner, se laver les dents, se doucher, pour les toilettes… Il est impossible de mener une vie conforme à la dignité humaine sans accès à l’eau courante. L’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu l’accès à l’eau potable et à des installations sanitaires comme un droit humain.
En dix ans, le prix de l’eau a plus que doublé en Wallonie. Ce n’est pas tant le prix de l’eau qui a augmenté, mais les taxes d’assainissement et de traitement des eaux usées. Autrefois, ces coûts étaient en grande partie couverts avec l’argent des impôts, ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est l’application du fameux « coût-vérité de l’assainissement ». Le PTB est opposé à ce principe contraire à la notion même de service public. « Les travailleurs paient 100% des coûts à l’assainissement depuis déjà 10 ans. Mais aujourd’hui, l’industrie n’en paie toujours que 20%, alors qu’ils sont de loin les premiers pollueurs. Cela pèse évidemment sur la facture des gens. C’est un choix politique. » C’est ce qu’a rappelé le député wallon PTB, Frédéric Gillot. Le PTB demande que l’industrie prenne en charge 100% des coûts liés à la dépollution de leurs eaux usées en suivant le principe de pollueur/payeur et exige un moratoire sur le prix de l’eau.
Résultat de cette envolée des prix, de plus en plus de gens ont du mal à payer leur facture d’eau. Ici aussi, l’aide proposée par le CPAS est insuffisante. Et, surtout la pratique de la CILE, intercommunale publique, d’imposer des limiteurs d’eau est indigne. Quelle famille sait vivre dignement avec un débit de 50l par heure ? Quelle famille sait vivre avec 18 secondes pour remplir un verre d’eau, 12 minutes pour remplir une chasse d’eau ou 2 heures pour remplir une baignoire ? Sans débit suffisant pour faire fonctionner un chauffe-eau à gaz ou une machine à laver ? Ils étaient 2100 familles à subir cette mesure en Wallonie en 2016. Il est urgent que cette pratique cesse. Le CPAS doit systématiquement faire appel au Fonds Social de l’Eau pour éviter ces mesures indécentes de limitation de débit. Nous ferons interdire cette pratique à la CILE.