De l'Intention à l'Action, c’est ce que les Liégeoises et les Liégeois attendent des autorités communales, et c’est urgent

De l'Intention à l'Action, c’est ce que les Liégeoises et les Liégeois attendent des autorités communales, et c’est urgent

8 février 2025

Mardi 4 février, la Déclaration de Politique Communale de la majorité PS-MR-Engagés à la Ville de Liège était soumise au débat au conseil communal. Sophie Lecron, cheffe de groupe PTB, a pris a parole pour exprimer les attentes, les critiques et les craintes du PTB quant à l'avenir de la cité ardente. Voici le texte de son intervention.

Chères Liégeoises, chers Liégeois, Monsieur le bourgmestre et membres du collège,

Une déclaration de politique communale, c'est avant tout une feuille de route, un engagement que vous prenez envers les citoyens. 
Avec notre groupe, nous avons bien lu votre déclaration d’intentions, et nous nous réjouissons de constater que plusieurs des priorités portées par notre groupe PTB se retrouvent inscrites dans cette déclaration: logement, propreté, mobilité sécurité. Des sujets importants, non pas simplement à nos yeux, mais bien aux yeux des citoyens liégeois qui se sont exprimés par en 2024 à travers notre grande enquête, mais également sur le terrain pendant cette année politiquement dense, et à travers les urnes. Et pour lesquels nous voudrions proposer des pistes pour améliorer leur prise en mains. 

Là où nous restons sur notre faim, c’est concernant deux choses: la protection du pouvoir d’achat des liégeois et des liégeoises ainsi que la défense de l’emploi et l’emploi public. J’y reviendrai.

Enfin, j’insisterai en conclusion sur la question des moyens nécessaires pour appliquer cette politique.  

Logement, propreté, mobilité et sécurité

Logement

Nous vous rejoignons, un logement abordable et de qualité pour tous est essentiel. Nous avons reçu des dizaines de témoignages de jeunes incapables de trouver un loyer abordable alors qu’ils travaillent. Un deux chambre à moins de 900 euros c’est presque devenu mission impossible. Les familles avec enfants n’arrivent plus à louer et à offrir un confort minimal à leurs petits.

La crise du logement est un fait à Liège, nous vous rejoignons sur ce constat et sur la nécessité de prendre en main le développement du logement abordable et de qualité à travers plusieurs mesures.

Parmi celles-ci, le logement public est un axe important et vous capitulez trop vite à notre goût sur ce levier, alors que dans le même temps, notre ville atteint péniblement 7% de logement public.

Monsieur le bourgmestre, vous aviez d'ailleurs vous-même souligné l’importance du logement public lors de la précédente déclaration. C’est pourtant bien de mesures fortes comme celles-là dont nous avons besoin. Laisser tomber aussi vite le développement du logement public comme un levier stratégique comme le fait la déclaration pour résoudre la question du logement à Liège est une mauvaise idée. Vous aviez annoncé la création de 4500 logements publics d’ici 2025 dans la précédente déclaration de politique communale, et on en est actuellement très loin. On n’ose à peine imaginer combien de logements auront été véritablement créés d’ici la fin de la mandature.

Notre deuxième remarque sur le logement concerne les charges d’urbanisme. Selon nous il est possible d’être plus ambitieux en matière de charges d’urbanisme et de réclamer 30% de logements publics dans les grands projets immobiliers. Les charges d’urbanisme c’est une mesure qui ne coûte rien à la Ville et qui lui permet de d’imposer aux grands promoteurs la construction de logements qui devront impérativement proposer un loyer modéré pour les bas et moyens salaires.

Vous l’aurez compris  à nos yeux, la priorité est d’avoir partout à Liège du logement abordable et qualitatif pour les liégeois. Les pouvoirs publics doivent prendre leur responsabilités et oser intervenir, comme vous le proposez par exemple pour la lutte contre les logements inoccupés.  Il est primordial de ne pas laisser les promoteurs immobiliers faire la pluie et le beau temps. On voit ce que cela donne quand on laisse des besoins aussi essentiels dans les mains du privé. Regardez ce qu’il se passe avec le consortium NeoLégia : plus de 1300 logements annoncés, de standing et haut standing en très grande majorité. Et là on voit que les travaux ne sont même pas encore terminés et déjà des dizaines d’habitants dénoncent des problèmes de fuites, de chauffage, et de malfaçons en tout genre.

Attirer de nouveaux investisseurs n’est pas suffisant pour résoudre la crise du logement profonde que les habitants connaissent. Les pouvoirs publics doivent prendre leur place.

Propreté

La question de la propreté est un thème qui nécessite de travailler sur différents axes ici aussi. Pour rendre notre ville plus propre nous avons besoin de plus de moyens, de sanctions face aux incivilités et de prévention. Seule une action coordonnée pourra prendre en mains ce problème.

1/ A ce sujet, nous nous étonnons qu’au niveau des attributions du collège, une séparation a été opérée entre la prévention et le zéro déchet chez madame Clotuche d’un côté et la répression ainsi que la propreté chez monsieur Foret de l’autre. Il n’y a pas de recettes miracles pour régler les problèmes de propreté dans les grandes villes, mais un point commun constaté dans d’autres grandes villes belges et européennes, c’est qu’une politique ambitieuse de propreté qui montre des résultats encourageants est toujours liée au rassemblement des compétences de la propreté entre les mains du même échevin ou du même adjoint.

Je me permets d’ajouter que rassembler les attributions liées à la propreté entre les mains d’un seul échevin, ça ne coute rien, mais ça fait toute la différence, comme en témoignent d’autres villes européennes comme Amsterdam ou Zurich.

2/ Ensuite, nous vous rejoignons sur la nécessité de lutter contre les dépôts clandestins et autres incivilités. En ce qui concerne les sanctions votre déclaration pourrait mentionner la nécessité de plus de moyens pour la justice pour traiter les incivilités.

3/ Enfin, si nous voulons rendre notre ville plus propre, il faudra revenir sur la mesure prise par monsieur Forêt de supprimer 400 poubelles publiques lors de la mandature précédente. Car cela a simplement aggravé le problème de propreté et de nombreux habitants des quartiers de Liège nous ont fait le même retour.

Mobilité

L’amélioration de la mobilité est une priorité partagée. Nous saluons la mise en service du tram - enfin - et attendons de voir pour le projet de développement du réseau de busway. J’entends que vous comptez rester attentif au développement des projets pour ne pas avoir de nouvelles surprises comme ce qu'on a connu avec le tram. Je ne peux que vous rappeler que pour maitriser un chantier d’une telle ampleur et avec un potentiel aussi grand pour améliorer la mobilité, une solution simple existe : laisser le public piloter ce chantier ! Le PPP a montré ses défaillances et ses limites, nous avons le choix de fonctionner autrement pour la suite.

Notre proposition de shift mobile est toujours sur la table et toujours plus d’actualité, quand on voit l’engorgement quotidien de la circulation liégeoise : osons aller chercher la gratuité du tram et développons davantage les infrastructures cyclables et piétonnes. En attendant de proposer de vraies alternatives, il faut mettre fin à cette politique de harcèlement des automobilistes.

Sécurité

Assurer la sécurité de toutes et tous est un impératif. Nous constatons la nécessité d'une approche globale pour lutter contre l'insécurité. Nous devons renforcer la police de proximité avec plus d'agents dans les quartiers et des commissariats ouverts. Et la prise en main de la toxicomanie par la Ville aura un rôle énorme. Nous estimons qu’il faut absolument faire appel au fédéral pour qu’il débloque des moyens suffisants pour endiguer le problème de santé publique qu’est la toxicomanie. Nous sommes d’accord, plusieurs modèles de nos voisins européens montrent qu’il est possible d’inverser la tendance. Que ce soit aux Pays-Bas ou au Portugal, avoir une approche pluridisciplinaire de la question des assuétudes a prouvé son efficacité et trouverait toute sa place à Liège. Ce que montrent ces deux modèles, c’est que quand on met les moyens, ça marche. 

Deux absents de la DPC

1. la protection du pouvoir d’achat des liégeois

Je regrette que la protection du porte-feuille des liégeois.es ne soit pas reprise dans votre déclaration. C’est pourtant essentiel pour tous nos citoyens. On a bien vu pendant la dernière législature que la protection du pouvoir d’achat n’était pas une priorité. Il faut que ça le devienne ! Ces dernières années, on a vu la taxe poubelle augmenter et les frais liés aux documents administratifs littéralement exploser. Ça ne peut pas continuer, il faut protéger le portefeuille des liégeois et liégeoises.

On aurait aimé que vous envisagiez de trouver des alternatives pour ne pas que tous les frais pèsent sur les épaules des travailleurs. Vous ne prenez pas position en faveur l'allègement fiscal pour les citoyens, mais mettez en avant la nécessité d'une gestion financière prudente et la possibilité d'augmenter les recettes. Comment augmenteront-elles ? Dans les poches de qui comptez-vous aller chercher ces nouvelles recettes ?

Comment comptez-vous faire face aux conséquences de la politique fédérale, mais aussi de la politique régionale tout en diminuant la pression fiscale sur nos citoyens ? Il faut chercher des alternatives fiscales plus justes. La justice fiscale est fondamentale pour protéger le pouvoir d'achat de nos citoyens.

2. La défense de l’emploi public

Même remarque en ce qui concerne la protection de l’emploi public et subventionné (APE). Vu les menaces qui pèsent sur notre Ville, la déclaration telle que proposée n’est pas à la hauteur Pour le PTB, la majorité communale doit prendre une position claire de tout faire pour protéger l’emploi et les services à la population. 

Conclusion

Pour conclure, je voudrais m’adresser aux citoyens et aux travailleurs et travailleuses de Liège. Avec le PTB, nous serons toujours de votre côté pour défendre le droit de vivre dans une ville où l’on peut se loger correctement et à un prix abordable, une ville où l’on peut se déplacer, une ville qui protège le pouvoir d’achat de ses habitants, une ville qui garantit des services à sa population, une ville où il fait bon vivre et où l’on se sent en sécurité.

À ce titre, nous soutiendrons les axes de cette déclaration qui font des pas en avant sur ces thèmes.

Cela dit, nous prenons cette Déclaration pour ce qu’elle est: une Déclaration de politique communale, une déclaration d’intentions, formulée dans le contexte d’austérité budgétaire imposée par le MR et Les Engagés au niveau fédéral et par le MR et Les Engagés au niveau régional. Ces mêmes partis qui siègent aujourd’hui sur les bancs du Collège.
Nous serons dès lors très attentifs lors du débat sur le budget, à ce que ces intentions se traduisent bien en actes.

Mais sachez bien, que cette politique d’austérité avec le PTB nous comptons bien la combattre et ce, aux différents niveaux de pouvoirs concernés. Nous comptons bien continuer notre travail de terrain, continuer de mobiliser la population pour aller chercher cet argent dont nous avons besoin pour donner de l’oxygène à nos villes. Mais nous ne pouvons pas accepter d’aller le chercher chez les travailleurs. comme le proposent le MR et Les Engagés et les autres partis du gouvernement fédéral. Il faut prendre l’argent là où il est : chez les épaules les plus larges. 

Sophie Lecron, cheffe de groupe PTB au conseil communal de Liège