In memoriam : Hubert Hedebouw, un homme d’acier avec un coeur en or
29 avril 2024
Hubert, dit Berten, Hedebouw n’est plus. Il s’est éteint le sourire aux lèvres, entouré des des siens, le mardi 23 avril 2024, à l’âge de 77 ans. L’engagement de ce pionnier du PTB, sa soif d’apprendre et de partage, son grand sourire et ses actions auront marqué toutes celles et ceux qui auront croisé son chemin.
Hubert est né en 1946 à Ruddervoort. Aîné d’une famille de six enfants. Dans une famille modeste, son père était secrétaire communale et sa mère femme au foyer.
Des bancs de l’université aux bancs de production de Ferblatil
En 1964, Hubert commence des études de psychologie à l’université de Louvain. Le monde d’alors est en pleine ébullition. L’esprit de Mai 68 est présent à l'université. Que ce soit dans la lutte pour des universités démocratiques, dans la solidarité envers la lutte de libération du Vietnam,… Hubert s’y engage à fond.
Poussé par l’envie de comprendre le monde qui les entoure, il participe avec d’autres d’étudiants à un groupe d’étude sur le marxisme sous la direction de Ludo Martens, camarade de classe d’Hubert au collège de Tielt, et plus tard premier président du PTB.
Ils en comprennent la nécessité d’un changement de système et l’importance fondamentale de la classe travailleuse dans ce changement. La fin de leurs études approchait et une question se posait : qu’allaient-ils faire de leur vie ? Construire un nouveau parti révolutionnaire ? Sauraient-ils être conséquents et aller vers les ouvriers, cette classe qui a le plus d’intérêt et la force de lutter pour une société socialiste?
Des hésitations commençaient à s’installer et Hubert a fait comme il fera toute sa vie : une fois qu’il était convaincu, il agissait en conséquence. C’est le premier du groupe qui est allé travailler à l’usine. A Leuven d’abord à Bruxelles ensuite, notamment chez Citroën à Forest.
En 1976, avec d’autres camarades venus de Flandre, ils décident de s’installer en Wallonie pour y développer le PTB comme parti national. Ce n’était ni évident, ni facile mais c’était stratégique pour faire du PTB un véritable parti national. Là encore, une fois convaincu, Hubert joignait les actes à la parole. Il s’installe avec Paula à Herstal et finit par se faire engager dans la sidérurgie, à Ferblatil où il travaillera et militera politiquement et syndicalement jusqu’à sa pension.
Partager, partager, partager
Hubert était d’une curiosité insatiable : économie, sidérurgie, urbanisme, histoire sociale. Cette curiosité le poussait à faire de nombreuses recherches, dont il partageait les résultats avec enthousiasme comme lors de ses nombreuses balades guidées.
Combien de Wallons et de Flamands n’ont pas découvert Liège grâce à lui. On était suspendu à ses lèvres quand il illustrait vingt siècles d'histoire liégeoise, d'architecture, d'art, d'évolution technique. “Une véritable encyclopédie” répètent tous ceux qui l’ont connu. Ses connaissances étaient si profondes, mais toujours instructives et orientées vers la lutte et la pratique.
Tous ont retenu de lui sa volonté de partager ce qu’il avait appris et vécu, sans arrogance et toujours avec un sourire aux lèvres. “Ça se voyait qu’il avait du plaisir à partager tout ça avec nous”, témoigne un jeune étudiant de Leuven qui a visité Liège avec lui.
Un engagement multifacette
Son engagement pour une autre société se traduisait de multiples façons et dépassait largement les réseaux de son parti. En témoigne les nombreuses associations, projets et initiatives auxquelles il a participé ou initié une fois pensionné : les balades-santé de Médecine pour le Peuple Herstal, la section locale de la CSC, la Maison intergénérationnelle, le comité de quartier de La Préalle, les compagnons de Charlemagne, le centre culturel d’Herstal, les amis du Musée de Herstal, l’opéra de Liège et bien d’autres encore. S’investir et défendre sa commune et son quartier, c'était important pour lui.
Hubert, c’était aussi un défenseur de la nature et des espaces verts. Comme la défense des Monts à Herstal ou encore lorsque le multimillionnaire François Fornieri avait privatisé et clôturé de vieux chemins publics pour y mettre sa propriété privée. Pas avec Hubert !
Hubert était un militant au grand cœur et il était toujours là pour donner un coup de main. Il était toujours au service du collectif lors des fêtes de la maison médicale, à la Braise, à Manifiesta. Il suffisait de l’appeler et le voilà, portant les chaises et les tables, derrière le bar et le barbecue, dans la cuisine à peler les patates lors des camps de jeunes, en maçon, plombier et électricien à la maison médicale. Toujours prêt à se retrousser les manches.
C’était un camarade d’une grande ouverture et d’une grande chaleur humaine. Chez Hubert et Paula, la porte de la maison est littéralement toujours ouverte. Tu y entres pour boire un café, une demi-heure après Hubert te proposait un petit verre de vin blanc et une heure plus tard, il t’invitait à rester manger. Il disparaissait alors dans son magnifique jardin et un quart d’heure plus tard, on était à table.
Hubert était un homme d’acier, de l’acier qui adorait le compositeur Chostakovitch et l’architecte Niemeyer. Il avait son style. Il allait travailler à vélo, à Ferblatil, à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup. Il avait des avis tranchés, mais il n’imposait jamais ses vues. Le grand jardinier Hubert, qui avait étudié tant les jardins anglais que français, parlait aux fleurs et aux plantes, et faisait fleurir les jardins de ses enfants, de ses amis. Là aussi, encore le partage.
Hubert a vécu sept vies. Mais cela aurait pu durer encore un peu. Il est parti le sourire aux lèvres, entouré de celles et ceux qui lui étaient le plus cher. Et avec le sentiment du devoir accompli. Son parti est maintenant bien établi dans tout le pays. Il était fier et avait confiance dans la nouvelle génération. Comme toujours et jusqu’au bout : optimiste, enthousiaste et tourné vers l’avenir.
Nous remettons nos condoléances à sa famille, sa femme Paula, ses enfants Raoul et Line, ses petits-enfants Inès, Nessim, Esteban et Pablo.