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Le PTB pour une politique sociale ambitieuse à Liège. Intervention au conseil communal conjoint Ville-CPAS

Le PTB pour une politique sociale ambitieuse à Liège. Intervention au conseil communal conjoint Ville-CPAS

Voici l'intervention du conseiller PTB au CPAS, François Ferrara, prononcée au conseil communal conjoint Ville-CPAS (14 décembre 2020). 

Mesdames et messieurs les membres du conseil communal,

La gravité de la crise sanitaire et économique que nous traversons aujourd'hui, et l'augmentation de la précarité qui en découle, nous pousse à intervenir aujourd'hui devant vous concernant la politique sociale locale liégeoise.

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Avec la situation de crise sanitaire et économique, le nombre de RIS a augmenté très fortement cette année, et est passé au-dessus de la barre des 11 000 à Liège avec 530 cas supplémentaires (selon les chiffres d’août). Cela donne évidemment lieu a des dépenses supplémentaires très importantes, qui représentent 7 millions € pour notre CPAS en dépense de transfert. C’est énorme. Et cela ne risque pas de s’arranger : au niveau national, on parle de 30 000 RIS en plus d’ici fin 2021.

Et c’est sans compter que le taux du RIS (958,01€ pour un isolé et 1295,91€ pour un ménage) reste encore bien en-deça du seuil de pauvreté (en 2020 : 1 115€ pour un isolé et 2.341€ pour un ménage de deux adultes et deux enfants). C’est évidemment largement insuffisant pour avoir une existence correspondant à la dignité humaine (comme le demandait la loi organique de 1976 révisée en 2003).

Vous le savez, les besoins du CPAS augmentent fortement. Et malheureusement, cette augmentation n’est compensée

- ni pas une dotation communale adaptée (puisque celle-ci reste inchangée alors que la loi prévoit une augmentation annuelle de 2,5%)

- ni par le fonds spécial de l’aide sociale[1], qui diminue de plus de 9%

- ni par une intervention accrue des autorités fédérales.

Ces manquements sont inquiétants pour l’avenir. Au PTB, on s’inquiète : le CPAS devra t’il en arriver à faire comme à Anvers, où l’on refuse des droits en attendant que les gens aillent au tribunal ?

La responsabilité politique locale doit tout faire pour éviter d’en arriver là.

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Concernant les personnes sans-abri, cela reste encore une problématique d’importance à Liège. Le seul chiffre sûr à l’heure actuelle est celui du nombre de personnes bénéficiant du RIS de rue : 550. En plus de ces personnes, il y en a évidemment beaucoup qui n’ont pas accès à ce RIS et sont en une situation tout aussi difficile.

Pour le PTB, le nombre de lits disponibles est dans tous les cas insuffisant. Nous saluons les efforts des travailleurs qui ont assuré une capacité d’accueil de nuit semblable à celle des années précédentes, ainsi que l’acquisition de l’abrit de nuit, mais cela n’en reste pas moins insuffisant. La ville doit davantage assumer son rôle et explorer plus largement les autres pistes et l’utilisation des bâtiments vides actuellement, pour qu’aucun sans-abri ne dorme à la rue. C’est un des éléments de synergie entre la ville et le CPAS sur lesquels il faut davantage insister vu l’importance de la crise actuelle.

Un autre de ces éléments, c’est la question des colis alimentaires, autre problème qui s’aggrave. Alors que les grandes chaînes alimentaires augmentent leurs bénéfices (8 à 10%), les besoins de colis alimentaires explosent. Une solution doit être trouvée rapidement pour pallier à ce problème.

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Au chapitre de l'emploi, les autorités du CPAS ont engagé 6 agents gradués (à coût nul puisque c’est un financement DIS[2]), mais cela reste nettement insuffisant. A l’inverse, nos employés arrivant à la pension ne sont pas tous remplacés. Cela qui représente une charge de travail supplémentaire pour les agents. Nous sommes curieux de savoir comment a évolué le nombre de dossier par agent.

Les nominations d’agents sont toujours insuffisantes. Sachant qu’il y en a eu 5 cette année, combien de temps faudra-t-il pour nommer tous nos agents ? Les nominations doivent être accélérées en accord avec les organisations syndicales.

De plus, comment résoudre les problèmes sociaux qui s'accroissent si la charge et les conditions de travail des agents se détériorent ? La politique sociale locale liégeoise passe aussi par la prise en compte de cet élément.

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Je souligne tout de même l’augmentation – positive – du fonds Energie, de 1,40%. Attention toutefois à bien utiliser ce fond entièrement au 31 décembre, ce qui a parfois pêché par le passé. De plus, l’élargissement du nombre de personne bénéficiant du tarif social pour 2021 est évidemment positive également, mais devra assurément être reconduite vu la part grandissante de l’énergie dans le budget des ménages.

J’en viens au sujet des pensions, déjà épineux, qui est aggravé par la pénalité de 1 746 000€ (!) reçue parce que le CPAS n’a pas de fonds de pension propre. C’est scandaleux quand on sait que ces fonds de pension nourrissent les banques ! Cette pénalité doit être supprimée.

Enfin, je terminerai sur l’indispensable fonds de réserve du CPAS, qui est à sec. Nous devons trouver un moyen de renflouer ce fonds pour les situations d’urgence auxquelles on risque de faire face.

Pour toutes ces raisons, le PTB ne peut accepter la situation actuelle, et on vous annonce déjà que le PTB se positionnera contre ce budget au sein du CPAS et lors des débats de la semaine prochaine.

 

Merci pour votre écoute.

 

 

[1] Enveloppe fermée de la Région wallonne. Elle a diminué cette année car on met en concurrence les CPAS. Ceux qui ont des meilleurs résultats en terme de réemploi etc. reçoivent plus que ceux qui ont des moins bons résultats.

[2] Financement fédéral. DIS = Droit à l’intégration sociale : concerne les personnes qui n’ont pas droit au RIS suivant certaines conditions (par exemple des étudiants).