Le projet « Odyssée Théâtre » entre en eaux troubles : des contrats sont menacés

Le projet « Odyssée Théâtre » entre en eaux troubles : des contrats sont menacés

19 novembre 2020

Ce jeudi 19 novembre, Rafik Rassaa, chef de groupe PTB au conseil provincial a interrogé le collège sur les menaces qui pèsent sur le projet « Odyssée Théâtre ». Depuis 18 ans, ce projet permet au théâtre amateur de proposer des créations nouvelles qui rencontrent un public toujours plus grand et toujours plus fidèle. Grâce notamment aux subsides de la Province, l'opération met en vente des Pass de 10€ pour 5 ou 6 spectacles. Luc Gillard, député-président en charge de la Culture, s'est voulu rassurant sur la pérennité de cette opération mais l'a été beaucoup moins quant aux contrats subsidiés par la Province qui participent au financement des différents spectacles participants. L'« Odyssée Théâtre » entre en eaux troubles. Explications.

Question d'actualité posée par Rafik Rassaa, conseiller provincial PTB

Le Pass « Odyssée Théâtre » est un pass qui permet de voir 5 ou 6 spectacles de théâtre par semestre pour la modique somme de 10€. Avec l’aide des subsides provinciaux, il favorise l’émergence d’un nouveau public. Et ça marche. De nombreuses compagnies de théâtre amateur (théâtre action, improvisations, théâtre d’auteurs, projets collectifs, … ) produisent chaque année des spectacles de qualité qui rencontrent un public de plus en plus grand et de plus en plus fidèle.

Aujourd’hui, il se murmure que l’opération est menacée par une réduction des subsides provinciaux, avec bien sûr le nouveau financement des zones de secours comme raison invoquée. La Province finance aujourd’hui pour chaque projet retenu des subsides directs, des aides matérielles en nature mais aussi l’embauche d’un certain nombre de vacataires en fonction de l’ampleur du projet : un metteur en scène, un créateur éclairage ou encore une costumière. Ce sont ce genre de contrats qui sont – semble-t-il - menacés demain. Je tiens à rappeler l’importance de ce genre de contrats dans un secteur en crise et où la signature d’un tel contrat peut conditionner l’obtention ou le maintien du statut d’artiste pour un certain nombre de métiers de la création qui vivent une précarité toujours plus grande.
Ma question, monsieur le député-président, est donc double :

  1. Pouvez-vous rassurer le secteur du théâtre-amateur et garantir que l’opération « Odyssée-Théâtre » sera bel et bien maintenue pour les prochaines années avec le même financement ?
  2. Pouvez-vous infirmer ou confirmer la volonté de la Province de ne plus subsidier des contrats de vacataires dans le secteur théâtral mais aussi dans d’autres secteurs de la Jeunesse et de la Culture ?

Rafik Rassaa
Conseiller provincial PTB

Réponse de Luc Gillard, député-président en charge de la culture et réplique

Luc Gillard a commencé par rappeler l'importance de cette opération, ses réussites et le soutien dont elle a bénéficié depuis 2002 : entre 1200 et 1800 pass chaque année et des salles qui ne désemplissent pas, parfois même sans campagne d'affichage. Il a ensuite cité le chiffre précis de 58.674€ pour les délégations de collaborateurs occasionnels : ce qui fait 31 contrats par opération (2 par an).

Pour arriver enfin sur les questions qui fâchent : l'opération sera-t-elle maintenue ? La réponse est clairement oui, fort heureusement. Avec le même financement ? La réponse est ici "non" même si cela n'a pas été dit de façon aussi claire. "Nous allons réinventer les dispositifs d’aide à cause de la réforme des zones de secours et faire preuve de créativité comme la Province a pu en témoigner à chaque fois."

La réforme des provinces et les 45 millions qu'il faut trouver d'ici 2024 sont alors invoqués pour justifier des efforts à consentir et la concentration de la Province sur des services "exclusifs" (qui ne bénéficient pas d'autres soutiens). Invoquant la problématique des travailleurs occasionnels, Luc Gillard a défendu qu'au lieu de "mal subsidier", il fallait plutôt maintenir des subsides qualitatifs et inviter les troupes à faire appel à leurs propres ressources, leurs propres richesses. Il a également prétendu que ces contrats bénéficiaient à des artistes déjà installés et qui travaillent déjà dans le secteur. Enfin, sur la question générale des vacataires, il n'a pas pris d'engagement clair tout en avouant qu'il y en aura globalement moins.

Dans sa réplique, Rafik Rassaa (PTB) a insisté sur l'importante de ces contrats pour nombre de jeunes artistes. "C'est parfois le contrat signé avec la Province qui permet à des travailleurs de la culture de maintenir leurs droits au statut d'artiste. La Province est là pour la Culture, pour le Théâtre et elle doit le rester." Il a appelé Luc Gillard à aller à la rencontre du secteur et à ne pas hâter ses décisions. Le PTB continue à défendre une autre réforme des zones de secours qui ne fasse pas peser leur financement exclusivement ou majoritairement sur la Province, mais qui va chercher les 50% toujours théoriques que l'état fédéral est censé verser.

Une zone de turbulence est annoncée dans les divers secteurs habituellement subsidiés par la Province. Il s'agira dans les prochains mois de (se) mobiliser pour empêcher la Province de se désengager sans solution structurelle de financement alternatif.