Non au doublement du nombre de places de parking payantes à Liège

Non au doublement du nombre de places de parking payantes à Liège

23 juin 2022

En plus des prix du carburant, des énergies et du coût de la vie en général qui explosent, c'est maintenant au parking payant que la majorité liégeoise PS-MR s'attaque. Elle prévoit de doubler le nombre de places payantes (de 4500 à 9000) dans les années à venir, pour récupérer 3 millions €. Un comble quand on sait que les échevins et le bourgmestre eux-mêmes ont tous droit à une place réservée dans un parking couvert et sécurisé du centre-ville tout au long de l'année, payée avec l'argent des Liégeois. Ils n'ont évidemment pas prévu de se retirer ce privilège. Quel culot. 

La majorité veut faire payer la crise aux Liégeois-es

Avec cette mesure, la majorité compte aller chercher 3 millions d'euros directement dans la poche des travailleurs, via les paiements des horodateurs, l'augmentation des amendes qui seront contrôlées avec les scan cars, et enfin les nouveaux abonnements (l'abonnement annuel est à 600€ à Liège, c'est l'un des plus cher de Wallonie). 

Cette mesure punitive qui va frapper durement les Liégeois, dont la situation est déjà difficilement supportable actuellement pour eux. Inès, aide-soignante, raconte : « Je dois me déplacer chaque jour en voiture en ville pour aller voir mes bénéficiaires, comme toutes mes collègues je n’ai pas le choix. Je cherche des places gratuites ce qui me met souvent en retard et diminue le temps que je peux passer avec chaque bénéficiaire. Je ne saurais pas payer pour me garer tous les jours. Je ne sais pas comment je ferais sans places gratuites. Et l’abonnement annuel à 600€ est tout simplement impayable. »

Judith, enseignante dans une école de la ville de Liège, témoigne également : « J'habite loin et je ne saurais pas faire autrement que de venir en voiture. Malheureusement, je suis obligée de me garer en ville tous les jours, et je paie déjà 40€ de parking par mois juste pour venir travailler. C'est d'autant plus difficile que les coûts du carburant et de la vie en général ne cessent pas d'augmenter ». 

Que dire encore des chauffagistes, plombiers, travailleuses des titres services ou infirmières à domicile qui se déplacent chez les gens pour leur travail ? Cette mesure touchera aussi les petits commerçants et le monde de la culture, qui souffrent déjà des années de crise et des travaux du tram, parce que soyons clair : qui viendra encore faire ses courses ou profiter de loisirs en ville s'il doit payer une fortune pour se garer ?  

Pour le PTB la majorité doit montrer l'exemple: commencer par s'appliquer l'austérité à elle-même,  et arrêter de s'octroyer des privilèges. C'est le béa-bas de l'exemplarité en politique. Ensuite, plutôt que de punir les citoyens, il faut développer de vraies alternatives. 

Développer des alternatives concrètes

Même si cette mesure est une décision prise dans le cadre du plan de gestion financier et qu'elle est destinée à faire entrer de l'argent dans les caisses, la majorité justifie ce choix par des arguments écologiques de type « c'est ainsi que nous allons décongestionner le centre-ville ». Qu'en est-il vraiment ? 

En réalité, l'exemple de Dunkerque en France montre que pour modifier efficacement un changement de mobilité, cela commence par le développement d'alternatives sérieuses à la voiture, et pas par une politique punitive. Cette ville française a appliqué la gratuité totale des transports en commun, ce qui a considérablement réduit l'usage de la voiture. Une mesure que l'on pourrait totalement appliquer à Liège, et qui ne coûterait en réalité pas très cher.

Quant au futur tram en construction, il pourrait bien entendu lui aussi être gratuit. Les Liégeois ont suffisamment payé le prix des travaux ces dernières années, et ils vont encore les subir quelques années. La gratuité serait un incitant financier positif très fort pour transformer la mobilité et aider les portefeuilles des Liégeois (sans compter l'économie faite sur le contrôle des tickets et l'installation de bornes de paiement prévues à chaque station). 

Nous proposons aussi de développer dès maintenant en périphérie de la ville un véritable réseau de parking P+R avec navettes gratuites vers le centre. Cela existe dans plusieurs villes belges, comme Gand ou Anvers. Pourquoi pas à Liège ? Par exemple, la ville de Gand, qui compte à peu près le même nombre d'habitants que Liège, propose près de 2 700 places de parking en P+R, dont plus de deux tiers sont entièrement gratuites. A Liège, on totalise aujourd'hui seulement 435 places en P+R (150 à Angleur, et 285 à Vottem). Sans compter que le P+R de Vottem est en passe de redevenir payant, tout comme la navette, malgré l'expérience positive de gratuité pendant les périodes de fête. Autant dire que les autorités marchent à reculons. Dans le cadre des travaux du tram, la ville prévoit bien deux parkings P+R à Sclessin et Bressoux (les extrémités de la ligne de tram), mais nous n'avons actuellement aucune garantie quant à leur gratuité. Cela doit être une priorité.  

Enfin, nous plaidons depuis des années ouvrir à nouveau la gare de Vivegnis qui permettrait de desservir efficacement tout le quartier Saint-Léonard. Ainsi que pour un réseau sérieux de pistes cyclables, établi en concertation avec les Liégeois et les associations qui ont développé une expertise sur le sujet (et non un plan décidé unilatéralement et qui crée beaucoup de tensions). 

Et si, au lieu de faire payer les Liégeois, la majorité mettait toute son énergie dans le développement de ces alternatives ?