Par la voix de Willy Demeyer et Christine Defraigne, la majorité PS-MR a annoncé pour le mois de septembre un nouveau plan de gestion pour la Ville de Liège... selon lequel ce sont les travailleurs liégeois qui devront payer.
Sophie Lecron, cheffe de groupe PTB, est intervenue contre ce plan au conseil communal de ce lundi 25 mai 2020. Voici son intervention.
Les mesures d'austérité fédérales passées touchent de plein fouet notre commune. C’est encore plus vrai dans cette période de crise sanitaire. Les conséquences catastrophique des mesures libérales pèsent lourd sur... le porte feuille des ménages, évidemment. Bien que la plupart des mesures prises pendant cette période de (dé)confinement sont des mesures fédérales, cette crise sanitaire met en évidence l’importance des pouvoirs locaux, de ce qui est mis en place dans la vie concrète et quotidienne des travailleurs.
Or, l’état financier des communes (c’est aussi le cas de Liège) est vraiment difficile, pour le dire de manière mesurée. Il est clair que des mesures structurelles importantes et fortes doivent être prises au niveau fédéral, sans quoi nous ne nous en sortirons pas. Mais au niveau communal, nous avons aussi des responsabilités et des devoirs envers les Liégeois(e)s.
Pendant cette période de confinement, nous pointons plusieurs points noirs sur la gestion de la crise dans notre commune.
Quelle gestion des personnes sans-abris ?
Je vais commencer par la problématique des sans-abris à Liège.
Le camp installé au parc Astrid n’est une « solution » que pour 10 % des sans-abris de Liège. Nous savons que plus de 500 personnes touchent le RIS de rue. Il faut encore compter tous les sans-abris qui ne reçoivent pas ce RIS, et dont le nombre est évalué à plusieurs centaines sur Liège-ville.
La majorité PS-MR a décidé de stopper l’hébergement dans les abris de nuit, parce que ceux-ci ne permettaient pas de garantir la distanciation nécessaire à la sécurité de tous. Rien d'autre n’a été proposé par la majorité pour compenser cette perte, si ce n’est une distribution de tentes et de matelas – largement insuffisante – afin que les gens dorment dehors. Un camp de fortune de 75 tentes a été organisé dans le parc Astrid et s’est trouvé complet en quelques jours.
Dès le 20 mars (au début du confinement), le PTB avait pourtant proposé de recourir à la réquisition d’hôtels pour y loger les sans-abri. Cette solution a déjà été mise en place à Liège par le passé et adoptée durant la crise actuelle par d’autres communes du pays, notamment à Bruxelles. La majorité communale a déclaré être favorable à cette idée et réfléchir à son application. Ensuite ? Plus rien, aucune réquisition pour les sans-abris, en dehors des trois qui ont été suspectés porteurs du covid-19, et ont été placés dans le Hall des Foires de Coronmeuse, et de ceux sortant de l'hôpital après avoir été testés positifs.
Notre ville et ses parcs se sont transformés en campings de fortune un peu partout, à l'image de l'abandon des autorité communales, créant une situation inhumaine et des tensions inutiles avec certains riverains. Malheureusement, un autre symbole de cette politique envers les plus démunis est venu attrister l'actualité liégeoise : la mort de Stéphanie, ce 21 mai, dans sa tente. Elle avait 45 ans. Qui mérite de mourir comme ça ? Dans ces conditions là ?
Quelle démocratie pendant le confinement ?
Nous regrettons le manque de démocratie. Nous regrettons qu’avant ce soir, il n’y ai eu aucune volonté de la part du collège de maintenir des conseils en digital ; ce que le PTB demande depuis le 21 mars par le PTB. Pourtant, l’opposition peut elle aussi avoir de bonnes idées, jouer son rôle de contrôle, et apporter des propositions positives. Je pense par exemple à la problématique du manque de sacs poubelles jaunes dans les quartiers de Liège en plein confinement. Le PTB a rapidement demandé au collège de trouver une solution, et deux communiqués de presse plus tard, vous nous avez entendus. Des points de retrait et des permanences ont été mis en place.
Nos héros des services publics ont déjà trop payé
Cette période à malheureusement mis en lumière de grosses failles, au niveau global et au niveau local. Au vu des mesures annoncées, l’hémorragie n’est pas prête de s’arrêter. Que ce soit dans le secteur des soins, le secteur culturel en grande difficulté… Ou dans l’Horeca, avec toutes ces fermetures pour les restaurants, cafés, terrasses,… Et un secteur qui crie à l’aide, l’enseignement : cette crise met davantage encore en lumière l'état des bâtiments et des moyens de fonctionnement de nos écoles. L’état de notre hôpital La Citadelle démontre aussi le sous-financement structurel criant.
Cette crise a mis un autre aspect en lumière : nos héros sont pour beaucoup des travailleurs des services publics. Et on voit à quel point ils ont été mis à mal depuis le début de la crise. Les conditions de travail difficiles (manque de matériel pour travailler en sécurité, manque de personnel...) sont évidemment liées aux coupes importantes effectuées dans le passé, et au manque de financement structurel.
Il est clair que ça ne peut pas être encore aux travailleuses et travailleurs liégeois(e)s de payer cette crise économique. Ça a déjà été trop souvent le cas. Nous avons assez payé. Depuis des années, les différents secteurs tirent la sonnette d'alarme mais ne sont pas écoutés. Comme tout le monde a pu le constater, ils ne s'alarmaient pas pour rien. Ce sont eux qui connaissent le terrain, puisque c'est le leur. Depuis des années pourtant, les économies se font sur le dos des travailleurs. Pendant cette crise sanitaire et économique, tout le monde a pu s'en rendre compte. Les gens sont en colère, et à juste titre. Ce n'est pas encore à eux de payer la crise qui nous arrive.
On l’a beaucoup entendu : il devra y avoir et il y aura un après.
Que ce soit dans ces structures de première lignes : les hôpitaux, les structures de soin comme les maisons de repos, les maisons médicales liégeoises… il faut des investissements et des soutiens financiers structurels.
Je l’ai dit, il est hors de question de faire encore payer les travailleuses et travailleurs. On voit comment que cette politique libérale, exercée par les partis de droite à gauche, ont mené à des situations très difficiles. Nos héros sont restés sur le pont malgré les conditions, malgré le manque de prise aux sérieux de leurs signaux d'alarme depuis des années. Ils payent depuis des années, et ont encore payer pendant la crise covid-19, ce n'est pas une option qu'ils payent pour la crise économique à venir.
La majorité prévoit de faire payer les Liégeois(e)s : le PTB s’y oppose
En commission, madame Christine Defraigne (échevine des finances), et monsieur le bourgmestre Willy Demeyer, ont annoncé qu'un plan de gestion sanglant pour les Liégeois(e)s allait arriver pour le mois de septembre. Que les taxes allaient être augmentées. Que certaines structures culturelles ne seraient plus aidées par la ville, et devraient aller chercher cette aide à la province, tout en sachant que la province elle-même n'assumerait peut être pas financièrement.
L'ancien plan de gestion allait déjà loin pour aller chercher l’argent dans les poches des gens, et cette nouvelle version laisse entrevoir des conséquences plus dramatiques encore pour les travailleuses et travailleurs.
Le 23 avril, le PTB proposait une diminution de la taxe déchet pour aider les travailleurs les plus en difficulté et les plus touchés par la crise du covid-19. Nous demandions pour « tous les travailleurs concernés par une perte de revenus due à du chômage économique, mais aussi pour les indépendants en perte d'activité et pouvant prétendre au droit passerelle, les travailleurs du secteur artistique et culturel,...une réduction de 25% de la taxe déchets. Un quart de moins à payer pour un quart de l'année au moins en période de confinement ».
A cela: aucune réaction de la part du bourgmestre ou des bancs du collège. Et pourtant c'est bien de cela que l'on parle. Comment aider les Liégeoi(e)s ? Les travailleurs ont été pressés comme des citrons, c'est fini. Ce système politique d'aller toujours chercher dans les poches des travailleurs ne tient plus. Il faut inverser la tendance, et ce dès maintenant.
Nous avons besoin d’aide pour les petits indépendants, pour le secteur culturel et artistique, et pour tous les travailleurs, avec ou sans emploi, qui ont subi des pertes de revenus. C’est maintenant qu’il faut agir. Et nous voulons une levée du Crac, ce FMI local qui nous impose une austérité locale et freine les investissements publics.
Sophie Lecron, cheffe de groupe PTB au conseil communal