La position du PTB sur les comptes de la Ville de Liège pour 2019

La position du PTB sur les comptes de la Ville de Liège pour 2019

25 mai 2020

Voici l'intervention de notre conseiller communal Mehdi Salhi sur les comptes 2019, lors du conseil communal de ce lundi 25 mai. 

Le constat du calcul des comptes 2019 est sans appel, la situation des finances de la ville est peu rassurante. La menace que fait peser la problématique des pensions sur les finances communales s’alourdit. Après 393 millions déjà budgétés en cotisations de responsabilisation ces dernières années, les 199 millions à budgéter pour les années à venir, les emprunts CRAC qui se suivent et augmentent inexorablement la charge de la dette de la Ville (40 millions en 2020) et le fonds de réserve de la ville qui se réduit à peau de chagrin, la situation des finances communales de la Ville de Liège est en alerte rouge. Est-ce que la situation est nouvelle ? Est-ce une découverte ? Certainement pas. Elle est connue, attendue et prévisible depuis de longues années.

Si cette situation est connue et qu’aucune solution structurelle n’est encore envisagée, ce qui est nouveau c’est de voir des erreurs budgétaires plomber encore plus les comptes de l’année écoulée. Le déficit de 15 millions d’euros enregistré par rapport au budget est principalement dû à une mauvaise estimation des recettes.

Dans ces estimations, on peut souligner la réduction des dividendes - la plus grande depuis 2010 – liée entre autres à la sortie de Resa du périmètre de Nethys. Les opérations de restructuration d’Enodia ne sont pas bonnes pour les finances de la ville, comme nous l’avions prédit. Et la privatisation en marche de VOO ne risque pas d’arranger les choses. Certes, il y aura une entrée extraordinaire lors de la vente, mais au-delà des aspects sociaux et économiques qui rendent cette privatisation inacceptable pour un parti de gauche, il y aura inexorablement à moyen terme une perte d’une entrée structurelle en recette.

Un autre manque important dans les recettes est à analyser au niveau des taxes et redevances de l’occupation du domaine public. Des rentrées étaient attendues par la mise en place des Scan-Cars. Comme ma cheffe de groupe l’a déjà exprimé, lors du débat sur le budget 2020 : « Nous ne sommes ni défenseur d’un stationnement gratuit en ville ni d’une quelconque permissivité aux contraventions du code de la route lié au stationnement ». Mais les attentes budgétaires de la majorité sur le Scan Car reposent sur une logique non-rentable à long terme et postulent une présence importante et plus ou mois anarchique de la voiture dans l’espace public. Nous continuons – de notre côté - à insister pour que des mesures structurelles optimisent l’usage des transports en commun (sa gratuité par exemple) et du vélo…

J’en viens aux dépenses et à un poste particulièrement important pour la qualité des services publics rendus par la Ville : celui du personnel. Alors qu’une des explications de la crise des pensions de la Ville est l’absence de nominations pendant de trop longues années, que constate-t-on à ces comptes 2019 ? On a arrêté le train de nominations et le nombre de contractuels dépasse désormais largement celui des nommés : 1664 contractuels et 1252 nommés en 2019 contre des proportions beaucoup plus équilibrées et proches d’un rapport 50-50 les années précédentes. J’espère que la majorité ne compte pas laisser perdurer cette situation et que l’année 2020 verra une inversion de ce rapport entre contractuels et nommés.

Il faudra aussi pour l’année à venir résorber la crise sanitaire actuelle, crise doublée d’une crise sociale encore plus aigue et qui frappera de plein fouet la Ville de Liège. Les Liégeoises et les Liégeois attendent, de façon légitime, des gestes de la commune au niveau fiscal, comme le report de payement de certaines taxes par exemple, pour aider les travailleurs et petits indépendants, des subsides plus grands pour les opérateurs culturels durement touchés, des aides aux petits clubs sportifs…

Cette année va voir si l’on agit pas rapidement de nouvelles personnes se retrouver dans la pauvreté. La Ville de Liège ne brille déjà pas par son bilan en termes de lutte contre la pauvreté, mais là-encore, Liégeoises et Liégeois attendent légitimement que la Ville intervienne pour que les rues et places de Liège ne deviennent le dortoir de fortune d’un nombre toujours plus grand de personnes.

Bref, il faudra donc avoir les reins encore plus solides pour répondre convenablement à toutes ces attentes… La question à résoudre est donc : d’où peuvent venir de nouvelles recettes ? Qui va payer la crise ?

Le groupe PTB vous a invité plus d’une fois à exiger des autorités supra, régionales et fédérales, de sortir du cadre budgétaire austéritaire et à trouver des solutions structurelles, notamment en exigeant un refinancement du fonds de communes, en exigeant un refinancement correct des CPAS et des zones de police. Cette aide de la région wallonne et du fédéral est nécessaire si on souhaite maintenir des services publics forts et présents en ces temps de crise. Les grandes villes sont particulièrement touchées et une aide spécifique doit aussi leur être consacrée. La régionalisation du Plan fédéral des grandes villes a signifié malheureusement une réduction de ces fonds.

A l’échelon fédéral, il s’agira de se battre pour une taxation de ceux qui ont les épaules les plus larges, le 1 % le plus riche. C’est un autre débat pour un autre parlement. Même s’il concerne indirectement les communes ...

A l’échelon communal, nous pouvons déjà agir sur nos prochains budgets à travers une fiscalité locale différente. En effet, est-ce que la fiscalité locale a été synonyme de plus de justice sociale ? Est-ce qu’on a augmenté les taxes qui s’appliquent aux grandes entreprises comme la taxe sur la force motrice ? Nous devons envisager la mise en place d’une taxation plus équitable et juste. Ce débat est nécessaire face à la dette de la Ville de Liège qui croit ou pour anticiper les effets à venir du Coronavirus...

En attendant, pour nous, ce sera donc un vote négatif sur l’ensemble du point.

Mehdi Salhi, conseiller communal PTB