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La majorité PS-MR cache son plan de gestion et ses mesures d'austérité avant les élections et propose un budget en stand-by

La majorité PS-MR cache son plan de gestion et ses mesures d'austérité avant les élections et propose un budget en stand-by

Ce lundi 25 mars, la majorité PS-MR a proposé son cahier de modifications budgétaires (CMB) pour la Ville de Liège. Après un budget dit "technique" en novembre passé, ce CMB était attendu. La cheffe de groupe PTB Sophie Lecron a déploré un budget en stand-by qui cache sciemment un plan de gestion en préparation et annonciateur de mesures nouvelles d'austérité. Voici le texte de son intervention.

Intervention budgétaire de Sophie Lecron (PTB)

La nouvelle majorité PS-MR avait promis du changement, beaucoup de changements pour démontrer que Liège – je vous cite madame Defraigne – « peut renouer avec des finances publiques saines et éviter un bain de sang social. » Nous sommes au premier cahier de modifications budgétaires et autant vous dire que nous ne sommes toujours pas rassurés.

En effet, la problématique des pensions et des cotisations de responsabilisation reste entière et n’a toujours pas de solution à l’horizon. 66 millions à l’horizon 2023 : c’est ce qu’il faudra aller chercher si on souhaite continuer à honorer ces cotisations nécessaires pour payer les pensions de nos agents communaux. Et avec les emprunts récurrents pour financer ces cotisations de responsabilisation, la charge de la dette continue de grimper pour atteindre les 40 millions. Le terme devenu récurant sur les bancs de la majorité pour tout un tas de dossiers, « nous allons lisser », n’est pas une solution vous le savez. Il faut être sérieux, l’impact va être très grave pour les travailleurs et pour les caisses de la commune et il faut trouver de solutions qui tiennent la route.

Et si nous ne sommes pas rassurés, c’est parce que nous savons que le plan de gestion annoncé pour septembre prochain – tiens, tiens les élections seront passées – ne sera pas sans conséquences sociales. Le CRAC, qui veille au grain et cela nous a été rappelé en commission à maintes reprises – n’est pas le genre d’organisme à préconiser des mesures sociales mais plutôt des mesures de casse sociale, des mesures d’austérité comme la réduction du personnel à laquelle nous avons assisté ces 6 dernières années, comme la privatisation partielle du service des plantations et comme les mesures de synergies CPAS-Ville, qui sous couvert d’économies d’échelle, diminuent les frais de fonctionnement et augmentent la productivité des agents communaux et des agents du CPAS, comme encore la diminution de 5% des subsides aux asbl, comme l’élargissement de la zone de parking payant,…

Au niveau des taxes, la majorité se targue de n’avoir rien changé. Pour la justice fiscale, on repassera. Exit la promesse d’augmenter la taxation sur les logements vides. Exit la promesse de baisser le précompte immobilier. Exit la promesse d’augmenter la taxation de l’affichage publicitaire. Par contre, on poursuit – avec une fierté non dissimulée de ses scan-cars – à augmenter la taxation liée au stationnement. Le plan de mobilité de la Ville de Liège se fait toujours attendre et les choix alternatifs à la voiture ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux. Mais on continue à taxer les automobilistes et uniquement eux. Parce que pour responsabiliser les employeurs, on a – par contre – rien prévu.

Au niveau des politiques sociales, on continue « comme avant ». On constate la paupérisation galopante de la population liégeoise, mais on se contente d’appliquer les petites augmentations contraintes par le précédent plan de gestion. 1,5 % d’augmentation de la dotation du CPAS, ce n’est même pas l’inflation qui affiche 2,4 %. Mon camarade François Ferrara en parlera tout à l’heure lors de son intervention au conseil conjoint ville-CPAS.

Pour le personnel, la réforme des emplois PTP a fini par signifier donc une réduction du personnel de 60 unités. Puisque seuls 62 ETP sur les 122 sont passés sous contrat APE. Et lorsque l’on sait les menaces qui pèsent sur ces contrats, il y a de quoi être inquiets pour l’avenir de tous ces travailleurs de la commune.

Pour le logement, alors que la déclaration de politique communale avait remis le logement en haut des priorités, ce cahier de modifications budgétaires confirme que ce n’était donc qu’une déclaration. Pour les faits, il faudra attendre là-aussi. Il y a bien 4,5 millions d’investissements dans le budget extraordinaire, principalement grâce au programme régional. Mais, je répète le calcul déjà dit le mois passé : vous annoncez 4000 logements publics en 6 ans, soit 666 par an en moyenne. Pour cette année 2019, c’est déjà loupé et c’est inacceptable au vu des files d’attente qui s’allongent au Logis Social et à la Maison Liégeoise. Je rappelle que plus de 5000 familles sont sur liste d’attente, et on ne vit pas sur une liste d’attente.

Parmi les nouveaux projets aussi, nous avions déjà critiqué la faiblesse du montant d’un million annoncé et consacré à la participation citoyenne au vu du nombre de quartiers sur le territoire de la ville de Liège. Dans ce cahier de modifications budgétaires, il est encore en dessous-même de cette promesse puisqu’il est question uniquement d’un peu plus de 700.000€. Et puis quelle conception de la participation, franchement ? Des budgets annoncés comme participatifs sont déjà décidés : trottoirs à Droixhe, la pergola boulevard Saucy, un espace vert avenue Albert 1er. Ou comment les citoyennes et les citoyens vont devenir des cautions à des projets prédéfinis. On espère en tous les cas que le schéma de développement territorial donnera lieu à une véritable consultation large et démocratique qui ira au contact direct de la population liégeoise et des ses préoccupations.

Quelques projets d’investissement auront sans doute nos votes positifs lorsqu’ils seront soumis individuellement au conseil, mais globalement, nous trouvons qu’à l’extraordinaire, la Ville est encore sur le mode ralenti puisque l’on continue à user d’une balise d’investissement de 125€ par habitant alors le décret de la tutelle autorise de monter jusque 160€ par habitant. Pourtant ce ne sont pas les défis sociaux, économiques et environnementaux qui manquent. Bref, pour ce cahier de modifications budgétaires, ce n’est pas encore à la hauteur de l’ambition annoncée pour Liège. Et pour nous, ce sera donc un vote négatif.

Sophie Lecron
Cheffe de groupe PTB