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Liège : En queue de peloton pour l’accès aux droits fondamentaux

Liège : En queue de peloton pour l’accès aux droits fondamentaux

Le conseil communal débattait ce 27 mai du plan de Cohésion Sociale 2020-2025. Le PTB par la voix de sa cheffe de groupe Sophie Lecron a exprimé ses critiques, notamment sur le manque de moyens financiers pour endiguer la progression de la précarité à Liège. Voici le texte de son intervention.

Est soumis à débat aujourd’hui l’approbation du Plan de Cohésion Sociale 2020-2025 de la Ville de Liège. Rappelons que ces plans sont censés, à travers l’octroi de subsides régionaux, réaliser les « objectifs de lutte contre la pauvreté, d’accès effectif aux droits fondamentaux et au bien-être social, économique et culturel des citoyens ».

C’est la troisième programmation pluriannuelle de ces plans et le constat est toujours là : Liège est en queue de peloton au niveau wallon avec seulement 4 communes qui se classent derrière la cité ardente en termes d’accès aux droits fondamentaux : 249e sur les 253 communes wallonnes et 75e sur les 75 communes de la Province de Liège1 . La Ville de Liège souffre d’une précarité galopante depuis des années et c’est insupportable. La Ville de Liège possède par exemple le pourcentage le plus élevé de jeunes de 18-24 ans bénéficiaires du revenu d’intégration : 22,4 %. Il était à 11,05 % en 2012 et à 10,86 % en 2007. Autre exemple : les bénéficiaires de la pension minimale (GRAPA) sont passés de 6,98 % en 2006 à 8,5 % en 2012 et à 10,38 % en 2017 parmi les 65 ans et plus. C’est le bilan négatif des politiques sociales traditionnelles pratiquées aux différents niveaux de pouvoir. L’urgence sociale est toujours là malgré deux 10 années de plans de cohésion sociale et une réponse ambitieuse est nécessaire pour endiguer cette progression inquiétante. Nous pensons qu’à tout le moins une évaluation chiffrée mais aussi participative – avec les acteurs du terrain – auraient dû accompagner la délibération que nous allons voter.

Venons-en maintenant à la délibération. Elle regrette à juste titre une réduction de 116.340 EUR de la subvention globale de 1,488 million EUR et une réduction de 42.687 EUR sur la subvention complémentaire « Article 20 » de 88.465,82 EUR. Cette réduction a une explication et ce sont les votes des formations politiques de la majorité au Parlement de Wallonie qui l’expliquent. En effet, le calcul de l’indice servant à moduler le montant des subventions pour chaque ville et commune a changé. Cet I.S.A.D.F (indice d’’accès aux droits fondamentaux) a vu disparaître des indicateurs intervenant dans son calcul le pourcentage de bénéficiaires du RIS, le pourcentage de logements sociaux, l’indice de qualité des logements ou encore le droit à l’épanouissement culturel et social. Même si on peut saluer l’apparition de nouveaux indicateurs liés à l’alimentation, à l’environnement ou à la mobilité, ces indicateurs sont souvent biaisés par manque de représentativité et surtout – il est pour nous inconcevable qu’un plan censé lutter contre la pauvreté ne tienne pas compte de la population en situation de précarité – celles bénéficiant du RIS – et du pourcentage de logements sociaux censés offrir un droit au logement aux ménages à faibles revenus.

La répartition des subventions s’en trouve donc changée à cause de cette modification de l’indice ISADF. Mais le plus inquiétant est que la réduction des montants totaux au niveau wallon consacrés à ces plans de cohésion sociale : 34,7 millions pour la programmation 2014-2019 à 21 millions pour la programmation 2020-2025 décidé par le gouvernement sortant MR-Cdh (25 millions étaient prévus par l’ancienne majorité PS-Cdh).

Si le plan soumis aujourd’hui va apporter un peu d’oxygène aux associations actives sur le terrain, les apports financiers risquent d’être insuffisants pur inverser la tendance et faire reculer durablement et structurellement la pauvreté à Liège. Nous allons donc nous abstenir sur ce plan qui manque d’ambition et de financement. Même si nous saluons le fait que la ville compense les manquements de la région. Mais, après la disparition de la politique des grandes villes, après plusieurs plans de gestion qui étranglent les finances de la ville et avec la problématique toujours non résolue des pensions, la région serait bien avisée de ne pas réduire le financement des politiques sociales dans les villes et communes, et à Liège en particulier. Nous espérons que les partis de la majorité liégeoise défendront cette option pour le futur gouvernement wallon ...