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Menaces sur l'emploi et le pouvoir d'achat à Safran Aero Booster : ce n'est pas aux travailleurs de payer la crise

Menaces sur l'emploi et le pouvoir d'achat à Safran Aero Booster : ce n'est pas aux travailleurs de payer la crise

La direction du site de Safran Aero Booster à Herstal vient d'annoncer aux organisations syndicales qu'il y avait 35 % de « charges » en moins. Et la direction tente de faire payer les travailleurs, alors même que c'est leur travail qui a permis aux actionnaires de se remplir les poches.

Pour Julien Liradelfo, député régional PTB, « ce n'est pas aux travailleurs de Safran de payer la crise. Les ouvriers et les employés du site de Safran à Herstal ont généré, au fil du temps, un véritable pactole. La direction du groupe est assise sur un bénéfice à reporter de 583 millions €. C'est cet argent qui dort actuellement dans les caisses, qui doit servir à éponger les difficultés du moment. Pas le gagne pain des travailleurs et de leurs familles. »

Des premières négociations ont eu lieu cette semaine et, alors que la direction du site voulait procéder à la fin de contrat des CDD, les représentants des travailleurs ont réussi à prolonger ces CDD de trois à six mois.

Le groupe Safran est actif dans la production de moteurs et d'équipements aéronautiques. Il est coté en bourse. Jusqu'en 2004, c'était une entreprise publique qui appartenait à l'Etat français. Aujourd'hui, le groupe emploie 95 000 travailleurs à travers le monde sur plus de 300 sites. Il a été privatisé et l'Etat français ne possède plus que 11% des actions, le reste étant pour l'essentiel dans les mains de fonds d'investissements américains et anglais comme Black Rock, The Capital Group Companies ou Vanguard. « Ces fonds d'investissements n'investissent pas dans l'intérêt des travailleurs mais en vue de générer du profit pour les actionnaires », rappelle Julien Liradelfo. Et ce dernier de rajouter : « Ces actionnaires, entre 2011 et 2019, ont reçu 5 milliards 324 millions € de dividendes. Il est totalement indécent, de la part des actionnaires, de demander aux travailleurs de payer cette crise alors que ces derniers leur ont permis d'accumuler autant de richesses en si peu de temps ».

Il est évident qu'avec la crise du coronavirus, le secteur aéronautique est fortement touché et que les perspectives économiques sont sombres. Mais il y a d'autres options que de faire payer cette crise aux travailleurs du groupe. En 2019, la filiale herstalienne a rapporté un bénéfice net de 179 millions € et a reversé au groupe des dividendes pour 80 millions €. De façon générale, il n'y a pas que la filiale herstalienne qui a accumulé des bénéfices. Le groupe, au niveau mondial, a connu une croissance très forte. « Rien qu'en 2019, Safran a fait 1,4 milliards € de bénéfice et ce chiffre est à l'image de ceux réalisés les années précédentes », constate Julien Liradelfo, député régional du parti de gauche. Pour ce dernier, « le groupe a donc eu le temps de constituer une réserve et il n'y a donc pas de bonnes raisons pour faire payer la crise actuelle aux travailleurs ».

La filiale herstalienne est propriété à 67 % du groupe Safran, à 31 % de la Région wallonne (via sa filiale financière Wespavia) et à 2 % à l'Etat fédéral (via sa filiale financière SFPI). « Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités et se positionner clairement contre toute fin de contrat suite à l'épidémie, contre toute perte de pouvoir d'achat et contre tout licenciement », rajoute Julien Liradelfo.

Et ce dernier de conclure : « Le secteur de l'aéronautique est en crise mais ses actionnaires ne le sont pas. Ce n'est pas aux travailleurs qui ont besoin de leur emploi et de leur pouvoir d'achat pour nourrir leurs familles de payer la crise. La région wallonne doit prendre ses responsabilités et faire payer les actionnaires privés. Le rôle des pouvoirs publics n'est pas de rester inactif ni de combler les pertes engendrées à la place du privé ».