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Un budget provincial en suspens avant l’orage : les giboulées de mars seront-elles fatales pour une partie du personnel ?

Un budget provincial en suspens avant l’orage : les giboulées de mars seront-elles fatales pour une partie du personnel ?

Ce jeudi 29 octobre, la session budgétaire de la Province de Liège se clôture par le vote – majorité contre opposition – après trois jours de questions et de débats. Pour le chef de groupe PTB, Rafik Rassaa, « le collège PS-MR choisit … de ne pas choisir pour l’instant et de reporter les grandes décisions aux cahiers de modifications budgétaires de mars. Mais l’inquiétude du personnel est légitime et justifiée. Le budget 2021 annonce déjà le gel des engagements pour les 5 ans à venir et le remplacement partiel des départs naturels à la retraite. Avec 14 ETP en moins en 2024. L’arrêt du subventionnement ou la « restructuration » de certaines associations para-provinciales est également à l’étude. Six exactement. Le chef de groupe libéral l’a redit à la tribune : la réforme des zones de secours ne se fera pas sans dégâts»

Pour le PTB, il est inacceptable que le personnel paie les pots cassés de cette réforme comme il est inacceptable que, demain, des services publics ne soient plus rendus pour assurer le financement de cette réforme. Et Rafik Rassaa de rappeler l’urgence d’une renégociation de cette réforme avec les autorités fédérales et régionales pour une répartition plus juste et équitable du financement des zones de secours : «  Aujourd’hui, la Province de Liège choisit de prélever sur ses réserves 22 millions mais à l’avenir, il s’agira de financer structurellement 45 millions par an. Pierre-Yves Dermagne, ancien ministre wallon des pouvoirs locaux et désormais vice-premier ministre fédéral et ministre de l’économie et du travail, avait promis en son temps de plaider auprès du pouvoir fédéral l’application de la clé de répartition prévue par la loi, à savoir 50 %-50 %. Il est plus que temps de mettre en œuvre son plaidoyer. »

Le chef de groupe PTB s’est exprimé ce mardi à la tribune du conseil provincial et y a notamment défendu les amendements et questions budgétaires déposés par l’ensemble des conseillers PTB. En cette période de crise sanitaire, le PTB a réclamé une plus grande aide au secteur événementiel, culturel et artistique, mais aussi au secteur infirmier et de la prévention à la santé sans oublier les plus précarisés de notre société. « C’est donc contre un budget 2021 orageux et en suspens que le PTB votera ce jeudi. En espérant que les giboulées de mars ne seront pas fatales pour le personnel provincial. », conclut Rafik Rassaa.

Intervention de Rafik Rassaa au conseil provincial du 27 octobre 2020

Les menaces qui pèsent sur le personnel provincial

Ce budget était attendu, guetté, voire craint par le personnel provincial. Le maintien de la réforme des zones de secours par le gouvernement wallon faisait peser de lourdes menaces sur les équilibres budgétaires des finances provinciales. Avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la pérennité des services provinciaux et donc du personnel provincial et para-provincial. Finalement, le collège provincial PS-MR choisit pour le moment … de ne pas choisir et reporte les « grandes » décisions quant à l’avenir de ses compétences au premier cahier de modifications budgétaires de mars prochain. Les giboulées de mars signifieront-elles le licenciement d’un certain nombre d’agents provinciaux ou la fin d’un certain nombre de subventionnements d’associations ou d’institutions para-provinciales ? Le budget 2021 comme il est présenté ne permet pas encore de le dire. Par contre, on assiste clairement à un gel des nouveaux engagements. L’enveloppe de 205 millions consacrée au personnel est maintenue en tenant compte de l’indexation des salaires. Mais … Mais à lire l’annexe 14 au budget, celle du plan d’embauche, on y parle – je cite - « de remplacer uniquement les agents qui partent à la retraite et qui n’occupent pas un emploi sur un cadre d’extinction. » Cela signifie déjà 4 non-remplacements en 2021, 3 en 2022, 3 en 2023 et 6 non-remplacements en 20241. C’est donc un peu plus qu’un gel des nouveaux engagements avec la perte de 14 emplois à l’horizon 2024. Le plan d’embauche ne précise pas la signification de ce « cadre d’extinction » et s’il est en mesure d’évoluer encore ou pas. Ce qui est certain, c’est que chaque remplacement fera l’objet d’une justification, d’une négociation. Le gel est donc parti pour durer … C’est inquiétant, très inquiétant pour le personnel et pour la qualité des services qui seront rendus demain à la population. Seule petite embellie au tableau du personnel, la reprise des nominations en juillet 20212.

Une autre inquiétude vient s’ajouter à ce gel des engagements : c’est le désengagement de la Province d’un certain nombre d’associations qu’elle subventionne. L’annexe 12 au budget avec la liste des Asbl précise que le Centre d'études et de documentation sociales de la Province de liège (CEDS) est en « cours de liquidation » et que d’autres asbl sont en cours d’analyse : le Centre local de promotion de la santé de Huy-Waremme, le Centre verviétois de Promotion de la Santé, mais aussi la Fédération du Tourisme de la Province de Liège (FTPL), l’Association de gestion des domaines touristiques du Vallon de la Lambrée (DTVL), et enfin les Centre provincial liégeois de promotion et de gestion en agriculture (CPL-PROMOGEST) et celui des Productions végétales (CPL-VEGEMAR). Pour ces deux dernières, le collège PS-MR a décidé d’envisager leur fusion à terme dans une recherche désormais généralisée d’économies.

La chasse aux économies et la guerre perdue d’avance entre « provincialistes » et « municipalistes »

De manière générale, ce budget inaugure une nouvelle période de « restructuration » des services provinciaux dont les victimes seront encore et toujours les citoyens bénéficiaires des services provinciaux et les conditions de travail du personnel provincial appelé à réduire coûte que coûte ses dépenses de fonctionnement de 15 %.
Il annonce une chasse aux économies sur le dos des autres niveaux de pouvoir : région mais surtout communes. Toutes les dépenses dites « facultatives » vont être « screenées » et tout ce que le collège PS-MR peut récupérer comme subsides non-dépensés, comme factures non justifiées ou toute autre dépense relevant d’un autre niveau de pouvoir sera rapatrié dans les caisses provinciales. Il règne une désagréable ambiance de quasi-vengeance envers les autres niveaux de pouvoir qui ont imposé la réforme des zones de secours.

Au PTB, nous tenons à rappeler que ce sont étonnamment les mêmes partis traditionnels qui dirigent dans ces différents niveaux de pouvoir. La guerre entre « provincialistes » et « municipalistes » est une guerre perdue d’avance. Parce que l’efficacité comme la qualité des services rendus à la population en seront les premières victimes.
Aujourd’hui donc, le collège provincial PS-MR choisit d’attendre … et surtout de financer le poids de cette réforme des zones de secours par un prélèvement de 22 millions dans son fonds de réserve qui se réduit donc d’année en année. Nous espérons que l’année qui arrive servira encore à négocier avec la tutelle wallonne et surtout avec les autorités fédérales une autre issue et une autre répartition plus équitable du financement des zones de secours.

Taxes inchangées … mais jusque quand ?

Un mot encore sur les taxes qui restent inchangées. Le précompte immobilier est toujours aussi élevé avec un taux de 1750 additionnels depuis 2013. Et comme le justifie la majorité PS-MR dans ses annexes au budget, c’est apparemment la seule source de financement pour maintenir le budget provincial à flot. Je me répète par rapport à l’année passée : certes la nomenclature de la tutelle wallonne n’autorise pas de nouvelles taxes, mais il est urgent que des sources de financement autres que les poches des habitants propriétaires de leur logement ou de leurs locataires soient mises à contribution. Les grandes surfaces de bureau, les zonings ou encore les agences bancaires « digitales » sont autant de sources de financement possibles. Nous espérons en tous les cas que les négociations avec les autorités régionales n’aboutissent pas finalement à une augmentation encore une fois du précompte immobilier. Des députés provinciaux d’autres provinces ont notamment brandi cette menace.

Investissements post-covid plus que nécessaires : les amendements du PTB

Enfin, en cette période de crise sanitaire, le PTB tient à rappeler toute l’utilité d’un niveau de pouvoir intermédiaire comme celui de la Province pour notamment coordonner les mesures d’urgence mais aussi, demain nous l’espérons, les mesures de relance. Le PTB a déposé des amendements budgétaires dans ce sens, pour venir en aide notamment au secteur événementiel, culturel et artistique, mais aussi au secteur infirmier et de la prévention à la santé sans oublier les plus précarisés de notre société. La Province réduit la hauteur de ses investissements et reste largement en-deça des balises d’emprunt autorisées par la tutelle wallonne.
En espérant que l’orage de la reprise du financement des zones de secours sera traversé sans dégâts sociaux et que, demain, la Province démontrera demain encore et toujours son utilité, le PTB reste vigilant et appuiera toutes les luttes des travailleurs pour le maintien de l’emploi provincial. Nous votons donc contre ce budget annonciateur de gel et de grêles.

Rafik Rassaa
Chef de groupe PTB