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Victoire ! Les 44 travailleurs de Parker Sprimont ont eu raison de se battre : l'usine vivra

Victoire ! Les 44 travailleurs de Parker Sprimont ont eu raison de se battre : l'usine vivra

Coup de théâtre ce jeudi 14 juin chez Parker à Sprimont. Malgré la procédure Renault en cours et la possibilité d'un repreneur carolo, la direction du groupe revient sur sa décision de fermer l'usine et maintient finalement son activité en province de Liège. Même si l'histoire semble se diriger vers un happy-end, les travailleurs n'oublieront pas de sitôt ce qu'ils ont vécu ni la précarité que le système leur impose. Retour sur cette fable capitaliste plus aigre que douce.

Rappel des faits

Décembre 2017, la direction du groupe Parker Hannifin dépose un cadeau empoisonné pour son personnel sous le sapin de son usine sprimontoise. A la surprise générale, elle annonce la délocalisation de son activité vers l'Angleterre avec à la clef la perte d'une quarantaine d'emplois. L'entreprise, qui produit des filtres métalliques pour l'industrie automobile, se porte pourtant très bien. La direction vient même de souligner la qualité du savoir-faire et la productivité de ses travailleurs liégeois. Mais malgré la violence de l'annonce, la consternation va vite faire place à l'entraide et à la solidarité entre les travailleurs. C'est le début d'une lutte qui va durer 6 mois.

Action/réaction

Porté par une délégation syndicale forte (MWB-FGTB), c'est tous ensemble que les travailleurs décident rapidement d'arrêter la production et d'occuper l'usine jours et nuits. L'occupation va durer 39 jours et les contraindra à passer les fêtes de fin d'année sur place. Ils veulent éviter de connaître le même sort que leurs collègues de Trufllo Rona et de Meister. Deux entreprises menacées de délocalisation où les patrons voyoux ne se sont pas privés de venir vider les ateliers pendant la nuit. Durant toute cette période, ils recevront d’innombrables visites de soutien et messages de solidarité des entreprises de la région ainsi que du PTB et particulièrement de son groupe de base Ourthe/ Amblève. Finalement, une convention est signée avec la direction qui garantira au personnel que la production et les machines resteront sur place pendant les phases un et deux de la procédure Renault. Le travail a dès lors pu reprendre et la recherche d'un repreneur commencer.

La lutte paie

C'est le début de la phase un de la procédure Renault. Mais aussi celui d'une longue période pendant laquelle les travailleurs sont restés soudés et ont décidé de continuer à se battre. Et c'est bien là que réside la clef de l'issue du combat. « Si nous n'avions rien fait, l'usine aurait été vidée en deux mois et la direction aurait détruit le bâtiment dans la foulée. Ils avaient la volonté de ne rien laisser », nous précise Jean-Marie, délégué principal (MWB-FGTB) de l'usine. S’il n’est pas dupe que l’entreprise a finalement fait un choix économique dans l’intérêt du portefeuille de ses actionnaires, il sait que la situation n'est pas seulement le fruit d'un volte face du groupe américain. « C'est par nos actions et leur impact dans les médias que nous avons pu attirer un repreneur, certainement pas par la volonté du groupe Parker Hannifin qui préférait mettre la clef sous le paillasson. Les discussions avec le repreneur ont duré 4 mois. La condition posée par la direction était que ce repreneur change de domaine d'activité pour éviter la concurrence. Ce n'était pas simple et nous avons fait traîner pour donner un maximum de chance à la négociation. Cette période a donc eu un impact sur l’évaluation que la direction faisait de la situation. Mais il faut aussi bien avouer que pendant tout ce temps, nous sommes restés mobilisés et unis. La direction savait que nous étions derrière et que nous ne laisserions rien passer »

Happy end ?

Les travailleurs de chez Parker savent que sous le capitalisme aucun acquis n'est définitif, ils resteront plus que vigilants face à l'évolution de la situation et à la concrétisation des promesses patronales. On ne sort pas indemne d'un tel combat et malgré la victoire, il faudra encore du temps pour panser les plaies et retrouver une vie normale. Le PTB les félicite pour la solidarité dont ils ont fait preuve durant tout le combat et renouvelle son soutien à la délégation ainsi qu'à tous les travailleurs de l'usine. Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.