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Le budget PS-MR de la Ville de Liège pour 2021 ne sera pas un rempart face à la crise économique et sociale

Le budget PS-MR de la Ville de Liège pour 2021 ne sera pas un rempart face à la crise économique et sociale

La crise économique qui frappe les Liégeois-es est très dure. On est en droit d'attendre un budget ambitieux, un budget anti-crise qui préserve les revenus et le pouvoir d'achat des citoyens. Mais que nous propose la majorité PS-MR ? Un budget bien en-deça de ces attentes légitimes. Ce budget ne va pas contribuer à relever la tête de celles et ceux que la crise frappent et risque même bien d'aggraver les inégalités. Un exemple : l'augmentation de la taxe poubelles générerait 660 000€ de recettes supplémentaires. Avec le PTB, nous allons proposer que cet argent soit plutôt pris ailleurs : par exemple en augmentant le taux de la taxe sur la force motrice comme à Oupeye. C'est un choix simple que la majorité n'a PAS fait. Un choix qui illustre bien l'esprit général de ce budget 2021.

Voici l'intervention complète de Sophie Lecron lors du conseil communal de ce lundi 21 décembre.

Préambule : Un processus budgétaire sans transparence

Je voudrais commencer par revenir sur quelques éléments fondamentaux concernant le processus même de préparation budgétaire. Pour une majorité qui veut construire une « ville citoyenne et transparente (1) », c’est assez culotté de prévoir une commission budget à laquelle ni l’échevine du logement et de l’emploi, ni l'échevin de l'instruction publique, n’ont participé ou même envoyé de remplaçant pour répondre aux nombreuses questions et demandes de discussions des conseillers restées souvent sans réponse. Certaines réponses m'ont été adressées, même pas toutes, via mail aujourd'hui à 15h21 soit une heure et 39 minutes avant notre conseil de ce soir. Le bourgmestre lui-même ne montrant pas l'exemple à travers sa présence, lors de cette seule et unique commission budget 2021, à ses collègues du banc du collège...

Dans le même ordre idée, on nous parle depuis plus d’un an d’un plan de gestion CRAC, dont on n’a aucune nouvelle. Ce plan n’est évidemment pas une bonne chose pour les Liégeois-es, et vous avancez et définissez un budget 2021 sans jamais annoncer vos intentions quant à ce plan de gestion.

Autre exemple de manque de transparence : vous nous annoncez pour 2021 un nouvel article budgétaire, qui consiste à aller récupérer auprès des structures publiques subsidiées 7,3 millions € que la ville leur aurait accordé « en trop » et avec lesquels elles auraient constitué un bas de laine. En commission, je vous ai demandé de quelles structures il s’agissait, et vous m’avez répondu « ne pas savoir ». Comment avez-vous pu prévoir 7,3 millions € de recettes sans savoir où vous alliez les prendre ? Il y a deux possibilités, c’est soit du mensonge, soit de l’amateurisme total. Et dans les deux cas, c’est vraiment très problématique.

Pour la transparence et la démocratie, on repassera.

Ceci étant dit, passons au budget à proprement parler.

 

Analyse générale

La situation que vivent les Liégeois est une situation de crise historique. Une crise sanitaire bien sûr, mais aussi une crise économique très dure. Celle-ci se traduit par de lourdes pertes de revenus et d’emplois et par la désagrégation du petit commerce, du secteur associatif et culturel, comme on l’a malheureusement tous constaté ces derniers mois.

Les Liégeois-es sont en grande difficulté et la ville doit tout faire pour les soulager. Il faut répondre à cette situation historique par un budget adapté, un budget anti-crise à la hauteur des besoins de solidarité et des exigences d'aides pour préserver une vie digne pour chacune et chacun... Mais que nous propose la majorité PS-MR ? Un budget bien en-deça de ces attentes légitimes. Ce budget ne va pas contribuer à relever la tête de celles et ceux que la crise frappent. Pire, il va même enfoncer certains ménages qui verront une augmentation de leur taxe poubelle ... sans augmentation de leur pouvoir d'achat.

Vous nous présentez un budget « à l’équilibre », mais qui se trouve être totalement illusoire. L’exercice 2021 n’est même pas entamé, le budget n’est même pas voté que Madame Defraigne a déjà annoncé en commission que les cahiers de modifications budgétaires seront sanglants...

Dans les points à souligner positivement, votre plan de relance de 12,8M € pour aider les secteurs en crise. C’est positif mais seulement 800 000€ (soit 6.25% de ce plan seulement) proviennent directement des fonds de la ville… ce sont des cacahuètes face à l’ampleur de la crise.

Cette nouvelle pratique de gender budgeting qui consiste à avoir en tête la problématique des femmes pour chaque article budgétaire est aussi intéressante mais nous en attendons les résultats concrets.

On souligne aussi votre volonté d’unir vos forces avec la ville de Charleroi pour aller négocier ensemble à la région wallonne. C’est bien ! Monsieur Demeyer, madame Defraigne, vous allez aller, avec monsieur Magnette, négocier auprès de messieurs Di Rupo et Borsu. Vous vous connaissez déjà normalement, ça devrait faciliter les choses. On vous y pousse évidemment !

Parce qu’à situation exceptionnelle, mesures ambitieuses. Cela signifie entrer en résistance par rapport à la logique d’austérité imposée par la région. Profiter de cette crise pour taper du poing sur la table avec le gouvernement wallon afin de renégocier la dette de la ville de Liège, qui augmente d’année en année, et obtenir une augmentation de la dotation régionale au fonds des communes. Trouver des solutions structurelles pour résoudre la problématique des pensions.

 

Pauvreté

J’en viens maintenant à des éléments plus précis, en commençant par la question de la pauvreté, qui touche de plus en plus de monde. Comme le rappelait notre conseiller CPAS la semaine dernière, nous avons dépassé cette année la barre des 11 000 personnes au Revenu d’Intégration Sociale (RIS), ce qui génère des dépenses supplémentaires de 7M € pour notre CPAS.

Ces dépenses ne sont malheureusement compensées par aucun niveau de pouvoir, et certainement pas par la Ville qui n’a même pas indexé sa dotation au CPAS, qui reste de 27,3M €. Selon madame Defraigne, la décision de ne pas toucher à cette dotation s’explique par « les nombreuses aides supplémentaires déjà accordées par les autres niveaux de pouvoir ». Et du coup le CPAS n’aurait pas besoin qu’on augmente sa dotation ? Sans-doute est-ce pour cela que le CPAS prévoit de vendre 1700 hectares de terres historiques, remontant parfois à la révolution française, pour financer ses missions sociales. Ne pensez-vous pas que si les autorités supérieures ont octroyé des aides supplémentaires, c’est bien parce qu’il y avait des besoins supplémentaires ? Que la crise que nous sommes en train de vivre va faire basculer de très nombreuses personnes dans la pauvreté, et donc vers le CPAS, générant des besoins encore grandissant ? Bien évidemment que le CPAS a besoin d’une plus grande dotation.

Nous vous rejoignons quand vous dites le fédéral devrait prendre une plus grande part dans le financement des CPAS. Le fédéral et le régional ont d’ailleurs évidemment une grande part de responsabilité dans l’augmentation des besoins du CPAS (je pense bien sûr aux grandes vagues d’exclusion du chômage sous monsieur Di Rupo). L’austérité appliquée aux communes n’est pas normale, nous sommes sans doute d’accord sur ce point. Du moins en paroles. Mais vous n’arrêtez pas de parler comme si ce n’était pas vos propres partis qui étaient au pouvoir à la région et au fédéral, or ce sont bien le PS et le MR qui dirigent.

Le président du CPAS, monsieur Bonjean, était tout à fait d’accord la semaine dernière : le taux du RIS est totalement insuffisant(2). Il est sous le seuil de pauvreté et ne permet pas d’assurer une existence correspondant à la dignité humaine (3). Mais pourquoi n’allez-vous pas réellement vous battre pour obtenir une hausse du taux RIS ?

Plus largement, ce sont des milliers de travailleurs et de petits indépendants qui voient leurs revenus très impactés par la crise. Notre proposition de « chèques-covid » financés en partie par la ville (initiative qui a été mis en place dans de nombreuses villes en Belgique (4)) permettait d’augmenter le pouvoir d’achat des uns et les revenus des autres. Une telle mesure aurait à coup sur aidé à relancer le petit commerce liégeois en orientant vers celui-ci le pouvoir d’achat, mais vous avez décidé de n’en rien faire.



Logement

J’en arrive maintenant au logement. Vous savez, cette question qui ne fait que très peu partie des débats budgétaires… si bien que l’échevine ou un représentant pouvant répondre aux questions en charge ne trouve pas pertinent de venir en commission.

A Liège, se loger coûte cher et on manque cruellement de logements publics et de logements sociaux. Les derniers chiffres connus font état de près de 5000 familles liégeoises en attente d’un logement accessible. Un chiffre qui a très probablement augmenté avec la crise actuelle.

La ville continue de laisser le marché établir ses règles et déterminer les loyers sans contrainte. C’est clair que nous ne résoudrons pas le problème du logement à Liège avec un seul type de mesure. Mais globalement vous ne proposez rien de très concret, alors qu’il y a beaucoup de possibilités.

  1. L’une d’entre-elles, qui ne coûterait pas grand-chose à la ville, vous la connaissez bien : dans des gros projets, comme les 1325 logements de haut standing de l’Ecoquartier ou les 240 nouveaux logements que Matexi va construire dans l’ancienne clinique CHC Saint-Joseph, la ville doit imposer un quota de 1/3 de logements publics. Je dis que vous connaissez bien cette proposition puisque nous sommes déjà intervenus plusieurs fois dans ce conseil concernant l’Ecoquartier (5). Et l’échevine du logement madame Yerna avait répondu être encore en négociation avec le promoteur. Nous n’avons toujours aucune perspective à ce sujet, madame Yerna ; les faits montrent à nouveau bien peu d’ambition de votre part.
  2. Autre mesure qui ne coûte pas énormément : la tolérance 0 pour les logements vides. A Liège, on a dépassé la barre des 2000 logements inoccupés en 2018. La ville doit être ambitieuse par rapport à ces logements. Elle applique déjà une taxe sur ces logements, mais elle accepte trop d’exemption et ne va pas au bout des procédures dans les cas de non-paiements. Cela veut dire qu’il y a beaucoup trop peu de recettes sur cette taxe. La Ville doit aussi envisager sérieusement la réquisition douce des bâtiments inoccupés pendant plus de trois ans, pour les transformer en logements publics.
  3. Évidemment, la ville doit elle-même prendre en main la construction de nouveaux logements publics. Dans ce budget 2021, il y a bien quelques projets de logements publics avec 1,7M€ qui viennent de la région (pour les projets Amercoeur et Grand Léopold) avec un transfert de la ville vers la régie foncière de 1,5M. C’est bien entendu positif. Mais globalement, cela reste nettement insuffisant au regard des besoins des liégeois-es, mais aussi au regard de vos propres objectifs ! En effet, pour rappel, dans sa déclaration de politique communale en 2019, la majorité PS-MR ambitionnait de construire 4000 logements publics d’ici 2025 (6).  C’était déjà insuffisant. Mais alors dans la pratique… on est ici bien en-dessous de ces 700 logements. Dans les réponses au pv, on me répond « Tous programmes confondus environ 82 logements sont en cours de rénovation, de construction ou au stade d’avant-projets et de projets d’exécution » ce pour la régie foncière. Alors viennent s'ajouter les logements de nos deux sociétés de logement publics, la maison liégeoise et le logis social, j'imagine vu les chiffres que vous comptez donc que les 88 % de logements qui manqueront encore soit assurés chaque année jusqu’en 2024 par ces deux structures et que vous êtes en discussion plus que proactive auprès de vos collègues de partis à la région pour cela ? Et comment s’en étonner puisque vous continuez à limiter votre balise d’investissement à 125€ / habitant / an, alors-même que la région wallonne vous autorise à aller jusqu’à 160€ / habitant / an. Bien sûr que l’investissement dans le logement coûte, mais sur le long terme il rapportera bien sûr. Car d'une part, plus on construit du logement social et public, plus des ménages avec de bons salaires pourront accéder à ce type de logement. Et par conséquent, le loyer moyen de ces logements sociaux et publics sera suffisant pour financer à terme l'investissement consenti. Et d'autre part, l'augmentation de l'offre de logements sociaux et publics accessibles financièrement exercera une pression à la baisse sur le marché locatif privé. Ce qui permettra de maintenir, voire d'augmenter la population liégeoise. Parce que, madame Defraigne, c’est bien dans cette crise du logement que vous trouverez des explications concernant la diminution qui se poursuit du nombre d’habitants à Liège : bien loin de vos espérances de 220 000 habitants d’ici 2030, on se rapproche petit à petit des 197 000
  4. Ensuite, pour bâtir, il faut des terrains. Malheureusement, la ville est en train de céder petit à petit l’ensemble de ses terrains publics à des privés. Nous avons appris cette semaine que les rentrées de ces ventes étaient injectées dans le projet de la Cité administrative 0 carbone pour compenser ce que l’Europe ne paiera finalement pas (7) ; encore un autre projet qui risque bien de devenir un gouffre financier.
  5. Instaurer une grille contraignante des loyers pour limiter les prix est une autre solution que la ville pourrait tout à fait en place sans attendre les avancées du gouvernement wallon en la matière.

 

Emploi et pensions

J’en viens à l’emploi communal. La part d’emplois statutaires continue de baisser, passant de 45% en 2019 (soit 1324 emplois sur 2899) à 43% en 2020 (1253 sur 2899), et à 1182 au 1er octobre 2020 laissant de plus en plus de place au contractuel. Et à ma demande, « comment allez-vous tendre vers 50 % de statutaires sur le cadre comme le demandent les délégations syndicales, la réponse reçue au PV cette après-midi dit « Concernant les nominations : une enveloppe est potentiellement prévue au budget mais la faisabilité et les modalités dépendront de l'aboutissement d'une solution en matière de responsabilisation et des contacts avec la tutelle ». Quel flou…

La part de statutaire doit évidemment être augmentée, avec une attention particulière pour les bas salaires (ouvriers, femmes de service). La Ville doit montrer l’exemple en transformant les emplois précaires en contrats statutaires avec transparence sur le système de nomination.

Cette politique de statutarisation aurait aussi un impact positif sur la problématique des pensions, puisqu’en ne nommant pas ou pas suffisamment, la base financière des pensions de ses fonctionnaires à la retraite se vide naturellement. Ce montant de la responsabilisation va tripler voire quadrupler entre 2017 (20 millions) et 2023 (75 millions). Nommer davantage de fonctionnaires avec un statut bien établi est la meilleure garantie pour résoudre le problème des pensions du personnel communal.

 

Fiscalité

A propos de la fiscalité, vous continuez de vouloir aller chercher l’argent là où il y en a le moins. Ce sont bien les Liégeois-es que vous pénalisez en prévoyant 1,7M € de recettes supplémentaires sur les taxes de stationnement grâce à l’efficacité des « scan-cars ». Comme vous le savez, nous ne sommes ni défenseur d’un stationnement gratuit en ville ni d’une quelconque permissivité aux contraventions du code de la route lié au stationnement. Mais nous continuons à insister : avant de pénaliser, ce sont des mesures structurelles pour optimiser l’usage massif des transports en commun (sa gratuité par exemple) et du vélo qui doivent être mise en place. Et surtout : que la ville responsabilise les employeurs quant à l’organisation du transport de leurs travailleurs.

Mais le meilleur exemple de taxation anti-sociale est celui de la taxe poubelles que vous venez d’augmenter. L’intercommunale Intradel (présidée par le bourgmestre) augmente ses prix, et vous décidez de le faire payer aux Liégeois. Pendant ce temps, les grosses entreprises comme Suez continuent de faire de larges bénéfices sur la production de nos déchets. Vous continuez dans cette logique malgré la colère de très nombreux Liégeois qui trouvent cette augmentation injustifiable. Mon camarade David Ambrosio vous a encore interpelé à ce sujet la semaine dernière pour demander l’annulation de cette augmentation.

Pour 2021, vous prévoyez à cet égard des recettes supplémentaires de 660 000€ par rapport aux comptes de 2019.

Toujours au chapitre fiscalité, a contrario, la ville envisage très peu d’aller chercher l’argent là où il est. Nous vous avertissions déjà en 2019 : augmenter le taux de taxation sur la force-motrice comme à Oupeye (c’est-à-dire en passant de 21.07€/KW à 26.45€/KW) permettrait d’aller chercher quelques 640 000€ supplémentaires…tiens donc, c’est quasiment l’équivalent ce que vous envisagez de prendre dans les poches des gens en augmentant la taxe poubelles. Nous allons donc vous proposer d’amender le règlement de la taxe force motrice pour augmenter son taux à 26.45€/ KW et engranger ces recettes supplémentaires, que l’on n’aura donc plus besoin d’aller chercher dans l’augmentation de la taxe poubelles.

La même logique vaut toujours pour la taxe sur les parkings commerciaux gratuits (150 000€ de recettes en moins par rapport à 2019), la taxe sur l’exploitation de parkings à péage (14 000€ de recettes en moins), la taxe sur les agences bancaires et assimilés (10 000€ en moins) ou encore la taxe sur les publicités dans le domaine public (près de 2000€ en moins)… Les recettes diminuent, alors qu’en cette période de crise, c’est surtout chez les grosses entreprises concernées par ces taxes qu’il y a de l’argent à récupérer. Voilà un choix que la majorité liégeoise ne fait clairement pas. Pourtant, comme le remarquait très justement madame Defraigne en commission, « tout le monde souffre à des degrés divers » et « cette crise est loin d’être terminée ».

 

Enseignement

En ce qui concerne l’instruction publique, il est clair que celle-ci a besoin d’investissements intenses. Or, l’examen des dépenses est très clair : l’enseignement ne coûte rien à la ville parce qu’on n’injecte rien dedans. L’instruction publique vit de ses subsides, encaisse même une baisse de 10%, excepté pour les dépenses générales et pour le fondamental. On est en droit de se demander si le collège compte à long terme pérenniser l’offre liégeoise dans sa diversité en lui octroyant les fonds nécessaires à hauteur de ses besoins et de ses ambitions.

Ceci est très visible pour tout un chacun rien qu’en regardant l’état des bâtiments. Renowat est à l’œuvre certes, mais sur les mêmes projets, éternellement en cours, et avec un assemblage de budgets externes (Europe, RW) où la ville ne se mouille pas. On remplace quelques châssis ici, on étudie une rénovation de façade là-bas, mais l’investissement majeur qui permettrait, sur le long terme, d’améliorer les performances énergétiques et le confort des utilisateurs, d’envisager des économies d’énergie et de répondre à des normes modernes pour la centaine d’implantations scolaires ne se fait pas. Un plan global de rénovation et de mise aux normes des bâtiments scolaires est absolument nécessaire.

Un autre grand sujet qui n’aura échappé à personne ici étant donné la mobilisation des enseignants et des étudiants, c’est la HEL. Nous avons reçu dans nos boîtes mail tout le désarroi d’une institution abandonnée qui a besoin d’être prise au sérieux de la part du collège et de l’échevinat. Ma camarade Céline Fassotte vous avait également interpelé à ce sujet. Malheureusement, ces demandes ne se retrouvent absolument pas dans les lignes budgétaires... Aucun renfort financier n’est prévu pour la soutenir. La perspective de perdre 50 enseignants sur les 200 que compte aujourd’hui notre haute école est en passe de devenir une réalité. Alors même qu’il s’agit d’un fleuron de notre Ville qui a formé à des métiers d’avenir des milliers de jeunes.

Tout cela nous amène à la question cruciale de la baisse des inscriptions. C’est une tendance observable depuis de nombreuses années qui est évidemment corrélée avec une diminution des subsides reçus. Seul le fondamental échappe au phénomène. Où nos élèves vont-ils étudier après le primaire ? L’engouement pour Waha ne doit pas nous faire oublier que Destenay, l’autre athénée qui organise un enseignement général, lui, chute de plus de 7%. Ca a forcément des répercutions financières. La baisse du nombre d’inscriptions à la HEL est aussi un élément important du débat et nous en reparlerons demain, ainsi qu’en janvier.

 

Environnement

Au niveau environnemental / mobilité, Liège est globalement toujours dans une logique du « tout à la voiture ». Le tram est en chantier et quelques projets vélo sont en route mais cela reste largement insuffisant pour une grande ville comme la nôtre. La ville propose 134 vélos à la location : c’est largement insuffisant. L’infrastructure routière elle-même est très mal adaptée, comme nous en avons déjà discuté plusieurs fois au sein du conseil. Vous prévoyez plusieurs projets de parkings à vélo, et c’est un pas dans la bonne direction. Mais la marche doit être accélérée.

Dans ce contexte où les transports alternatifs (TEC, vélo…) sont si peu développés, nous n’acceptons pas de pointer du doigt les automobilistes. La ville doit avant tout miser sur des transports publics gratuits et de qualité, et mettre en place davantage d’espaces et d’aménagements pour les vélos.

Quant aux espaces verts, ils continuent de manquer cruellement en ville. Le quartier de Bressoux est sans doute l’un des meilleurs exemples à cet égard. Pareillement, la gestion des arbres à Liège reste calamiteuse. La majorité, qui semble croire qu’un arbre détruit peut être facilement remplacé par un nouveau plant, établit ses différents projets sans prendre en compte cette question. C’est chaque fois le même scénario : l’arbre n’est pas compatible avec les plans de tel ou tel projet ? Alors il est éliminé et, nous dit-on, « les Liégeois-es seront gagnants car on en replantera davantage ». En réalité,  de très nombreux arbres plantés récemment sont morts ou en train de mourir car le service plantations de la ville manque de moyens humains et financiers pour les entretenir correctement. Ma camarade Céline Fassotte vous a déjà interpellé sur cette question des « arbres-kleenex » mais le problème n’est toujours pas réglé.

 

Culture

Autre secteur fondamental et très touché par la crise, la culture. Suite à la mobilisation des artistes, la ville a accepté en 2020 d’attribuer un total de 100 000 € pour l'opération "Places aux artistes 2021" ainsi que 200 000 € pour 28 structures (via le Cahier de Modification Budgétaire 2020). Pour les 5 ans à venir, la seule nouvelle aide inscrite au budget est l’aide de 100 000€ pour les prochaines éditions de "Places aux Artistes".

Cela demeure nettement insuffisant face aux pertes réalisées par le secteur : en octobre, le manque à gagner s’élevait déjà à 2M € pour une cinquantaine de structures… Si la situation continue ainsi, les plus fragiles d’entre elles risquent bien de ne plus survivre très longtemps. Le secteur revendique à juste titre un fonds spécial de relance covid 2021 pour pallier aux lourdes pertes.

Conclusion

Un dernier mot quand même sur ce leurre de budget participatif. Vous illustrez cela par les projets déjà bien ficelés – et donc peu participatifs – de l’aménagement du parc Palmolive et des abords de la passerelle Vivegnis en 2020, pour 1,3M€. Ou comment les citoyennes et les citoyens vont devenir des cautions à des projets prédéfinis. La ville de Liège devient-elle la championne de la pseudo-participation ? On espère en tous les cas que le schéma de développement territorial donnera lieu à une véritable consultation large et démocratique qui ira au contact direct de la population liégeoise et de ses préoccupations.

Quelques projets d’investissement auront sans doute nos votes positifs lorsqu’ils seront soumis individuellement au conseil. Mais ce budget est globalement insuffisant. C’est très loin d’être un budget qui permettra de résoudre la crise. Pour le PTB, ce sera donc un vote négatif sur l’ensemble de ce budget 2021.

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1 Cf. Déclaration de politique communale, p. 71.

2 Le taux du RIS (958,01€ pour un isolé et 1295,91€ pour un ménage) reste encore bien en-deça du seuil de pauvreté (en 2020 : 1 115€ pour un isolé et 2.341€ pour un ménage de deux adultes et deux enfants).

3 Qui est ancrée dans la loi organique des CPAS (1976) : « Toute personne a droit à l'aide sociale. Celle-ci a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine. » 

4 Ans, Door, Fleurus, Chaudfontaine, Oupeye...

5

https://liege.ptb.be/eco_quartier_de_coronmeuse_est_il_encore_possible_d_augmenter_le_nombre_de_logements_accessibles

https://liege.ptb.be/ecoquartier_coronmeuse_le_college_va_t_il_se_battre_pour_30pc_logements_accessibles

6 Déclaration de Politique Communale, p. 8.

7 La ville devait prendre en charge 10% du coût du projet de rénovation, les 90% restant devant être financés par le Fonds européen de développement régional (FEDER). Mais ces 10% sont devenus 30% (soit 10M €) après que FEDER ait annoncé ne pas prendre en charge l’équipement du bâtiment.